En France, la loi de transition énergétique a été votée en 2015. Mais entre la loi et sa mise en application, il existe toujours un délai de latence… Après trois années à s’interroger sur les contours de ce changement de paradigme, nous pouvons désormais presque en dessiner les contours. Dans cette optique, pour la Saint Sylvestre, l’EnerGeek récapitule les faits marquants qui ont marqué l’année 2018 dans le secteur de l’énergie.
1/ L’urgence climatique se fait sentir partout dans le monde ; et pourtant, la France aura besoin d’alliés pour convaincre l’ensemble de ses partenaires, de la nécessité de faire appliquer l’Accord de Paris
Alors que de plus en plus de pays rejoignent les rangs des climatosceptiques (Brésil, Etats-Unis, Arabie Saoudite…), l’EnerGeek s’est régulièrement attaché à montrer la différence entre changement climatique et réchauffement climatique. En effet, pour ne pas donner prise aux arguments des « négationnistes » du climat, il est important de distinguer du phénomène naturel, le dérèglement causé par l’homme. A ce titre, le dernier rapport du GIEC est éloquent. D’après la chercheuse Valérie Masson-Delmotte, nous disposons aujourd’hui de tous les moyens nécessaires afin d’endiguer la catastrophe qui s’annonce, et qui se chiffre déjà en milliards de d’euros… Seul le volontarisme politique ferait défaut !
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La France, pays hôte de la COP21 et inspiratrice de l’Accord de Paris, peine d’ailleurs à assumer son rôle de moteur. Après le changement impulsé par François Hollande et Ségolène Royal, le nouveau monde d’Emmanuel Macron serait-il retombé dans nos mauvaises habitudes ? Sans forcément blâmer la nouvelle majorité présidentielle, où des députés comme Anthony Cellier et Anne-France Brunet défendent bec et ongles les atouts du modèle énergétique hexagonal, des blocages semblent persister… Un euphémisme diront certains à l’heure des gilets jaunes ! Pourtant, le 27 novembre 2018, le président a montré sa détermination à poursuivre l’oeuvre de son prédécesseur, en instaurant le Haut conseil pour le Climat. Cette structure ad hoc, présidée par Corinne Le Quéré, pourra notamment s’appuyer sur l’expertise du Polytechnicien, Jean-Marc Jancovici, et de la chercheuse du CNRS, Valérie Masson-Delmotte. Ces derniers auront cependant fort à faire pour lutter contre « l’infiltration idéologique » dénoncée par l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Bernard Accoyer…
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2/ Nicolas Hulot, le militant démissionne… remplacé par François de Rugy, le politicien qui plaide pour une écologie qui agit !
Nicolas Hulot au gouvernement, c’était la première surprise du quinquennat d’Emmanuel Macron… Celui qui avait toujours refusé de rejoindre une équipe gouvernementale, annonce sa démission le 28 août 2018 en direct sur France Inter, sans en avoir préalablement averti le chef de l’Etat ! Adepte du coup d’éclat permanent, l’ex-présentateur d’Ushuaïa a donc une fois encore su jouer des médias pour faire parler de lui. Militant un jour, militant toujours ? Après avoir dénoncé le poids des lobbies, le créateur de la fondation pour la Nature et l’Homme s’est finalement résigné à remplir sa mission impossible pour sauver notre #OnePlanet… Appelé pour le remplacer au pied levé, François de Rugy plaide désormais pour une « écologie qui agit » ! Après de longues tractations, c’est donc l’ancien président de l’Assemblée Nationale qui se voit confier la responsabilité de déterminer notre politique énergétique pour les 10 ans à venir. Un casting plus que judicieux, puisque quelques semaines auparavant, il conviait à l’Hôtel de Lassey, les organisateurs du débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’Énergie, afin d’organiser le G400 énergie : une initiative mettant en œuvre le principe de démocratie participative, avec des citoyens tirés au sort afin de mieux comprendre les attentes de la population.
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3/ La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) va tenir compte des technologies disponibles pour préserver le service public de l’énergie
La PPE, c’est le document qui trace la feuille de route pour les 10 prochaines années (2018/2028). Et si le décret n’a pas encore été publié, de nombreux éléments sont désormais à la disposition de tous, notamment suite au débat public préparé sous la houlette de Jacques Archimbaud. A l’époque, l’ex-dircab de Cécile Duflot avait accepté de nous présenter les enjeux auxquels était confrontée la Commission particulière du débat public (CPDP) qu’il dirigeait… Selon lui, il s’agissait de « faire émerger des logiques d’options, d’observer les alliances réelles ou potentielles autour de ces options, tout en vérifiant si elles trouvent un écho dans la société au sens large » … En guise de conclusion, lors d’un rassemblement au Conseil Économique Social et Environnemental en présence de Chantal Jouanno et de Patrick Bernasconi, il avait considéré qu’il était impossible de « faire fi de la position de la quasi-totalité des syndicats de salariés du secteur énergétique, de l’adhésion qu’on nos concitoyens au maintien d’un service public national de l’énergie et à la solidarité nationale et qu’un grand nombre assimilent encore, à tort ou à raison, au nucléaire » … Un message qui semble avoir été entendu au plus haut sommet de l’État, puisqu’à la veille de la COP24, Emmanuel Macron confirmait sa volonté de sortir des énergies fossiles, tout en considérant l’atome comme une solution prometteuse pour faire face aux dérèglements climatiques.
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4/ Nucléaire et EnR, des technologies complémentaires pour un mix décarboné et innovant…
2018 a aussi été marqué par la restructuration de la troisième filière industrielle française. Avec EDF comme nouveau chef de file, elle génère à l’heure actuelle près de 220 000 emplois et 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 5,6 milliards à l’export. Après les succès en Grande Bretagne (contrat pour 2 nouveaux EPR outre-Manche) et à Taishan en Chine (mise en exploitation commerciale du premier EPR), l’énergéticien et sa filiale Framatome permet aussi à Orano (ex-Areva) de retrouver une dynamique autour du cycle du combustible nucléaire. Alors que des discussions sont actuellement en cours en Inde pour la construction de 6 EPR supplémentaires, l’atome reste avant tout un moteur d’innovation et de rayonnement pour le pays, alors que la digitalisation de cette industrie était au cœur des débats lors de la World Nuclear Exhibition organisée à Paris cet automne…
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Et justement, l’industrie en général est un secteur clé pour développer les énergies renouvelables. Encore récemment, le 18 décembre 2018, l’alliance entre Total, EDF, Air Liquide, Polytechnique et le CNRS pour créer l’Institut du Photovoltaïque d’Ile-de-France l’a parfaitement démontré. Au niveau du mix électrique par ailleurs, il existe une véritable complémentarité entre les énergies intermittentes et les énergies pilotables comme le nucléaire… A l’heure où le coût du stockage reste néanmoins l’objet de nombreuses interrogations (matières premières disponibles, risques environnementaux…), les acteurs incontournables du renouvelable se mettent en marche pour participer à l’effort collectif en faveur de la biodiversité… Comme le souligne un sondage réalisé à l’occasion du Colloque National Éolien, 8 Français sur 10 sont désormais inquiets à propos « du réchauffement climatique et de ses conséquences persuadés », tandis que 9 Français sur 10 considèrent « que la transition énergétique constitue un enjeu important pour la France ».
L’industrie : un secteur clé pour développer les énergies renouvelables
L’institut photovoltaïque d’Ile-de-France inauguré par François de Rugy
La filière éolienne en marche contre le réchauffement climatique
5/ Le choix des EnR continue cependant d’alourdir la facture énergétique des ménages, déjà en situation de précarité énergétique pour près de 20% d’entre eux…
Constructive, l’opposition des Républicains alerte régulièrement sur les dangers du dogmatisme en matière énergétique. Après le député de la circonscription de Fessenheim, Raphaël Schellenberger, c’est le rapporteur de la loi de transition énergétique, Julien Aubert, qui tire le signal d’alarme ! En effet, le président ne doit pas oublier que l’énergie en générale, et l’électricité en particulier reste un bien de première nécessité. C’est d’ailleurs pourquoi, le Conseil d’État a récemment confirmé le principe des tarifs réglementés, tandis que même la commission européenne a dû renoncer à supprimer les TRV avec le Clean Energy Package. Malgré cela, de nombreuses protestations s’organisent dans tout le pays : mi-novembre 2018, nous assistions ainsi à la naissance du mouvement des gilets jaunes ! Lorsque François de Rugy annonce le gel des prix de l’énergie, il est déjà trop tard… Avec la taxe carbone qui s’additionne à la CSPE et à la TICPE, l’augmentation des prix de l’essence et les nombreuses passoires énergétiques du parc immobilier, de plus en plus de citoyens placent la question de l’énergie au centre de leur préoccupations ! Reste à savoir si le chef de l’État en est désormais persuadé, et s’il s’exprimera au soir du 31 décembre à ce sujet, lors des traditionnels vœux présidentiels…
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Rendez-vous en 2019, dès demain, pour une nouvelle année de décryptage de l’actualité énergétique…
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