Le 24 novembre 2018, plus de 100 000 gilets jaunes ont défilés en France selon les chiffres de la police. Le lendemain, on apprenait la création d’un Haut Conseil pour le Climat destiné à évaluer l’acceptabilité sociale des mesures prises en faveur de la transition énergétique. Si Emmanuel Macron ne devrait pas reculer sur la taxe carbone, sa prise de parole sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) reste plus que jamais attendue.
La colère des gilets jaunes serait-elle seulement le fruit d’une mésentente ? Quoi qu’il en soit, alors que le président Emmanuel Macron appelle au dialogue depuis plusieurs jours, le mouvement de protestation se poursuit. Aussi, l’exécutif travaille en urgence à trouver des solutions qui calmeront les esprits. Le gouvernement et le président de la République jouent une partie serrée, car les marges de manœuvre – notamment budgétaires – sont réduites et les gilets jaunes attendent des mesures concrètes. Pour le ministre du budget, Gerald Darmanin, une taxe sur le kérozène pourrait d’ailleurs être envisagée afin de dégager des recettes nouvelles. De son côté, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, précise : “taxer le kérozène relève d’accord internationaux. C’est à cette échelle que nous pouvons avoir un débat.”
Aussi, la création d’un Haut conseil sur le climat sera-t-elle suffisante pour s’acheminer vers une sortie de crise ? L’idée est en tout cas intéressante puisque ce Haut conseil a pour objectif d’évaluer l’acceptabilité sociale des mesures adoptées dans le cadre de la transition énergétique. En d’autres termes, une prochaine hausse des taxes sur les carburants devrait passer sous les fourches caudines de ce Haut conseil adossé à Matignon. Sa composition reste cependant encore à préciser. Néanmoins, le nom de plusieurs experts, à l’image de Pascal Canfin (WWF France) ou de Laurence Tubiana (European Climate Foundation), reviennent avec insistance.
Critiquée par certains, cette initiative pourrait toutefois être l’occasion de faire plus de transparence sur la fiscalité écologique. Pour le député Matthieu Orphelin (LREM), Valérie Masson-Delmotte (GIEC) et Pascal Canfin (WWF), cette démarche doit aussi être l’occasion de “réinventer le dialogue autour de la transition écologique“. Dans cette optique, ils demandent que à ce que “100 citoyens tirés au sort y soient intégrés et qu’ils aient les mêmes capacités d’action que les autres membres“.
Il n’est toutefois pas certain qu’une nouvelle structure administrative suffise à démobiliser les gilets jaunes. Car les revendications du mouvement dépassent désormais largement le cadre du prix des carburants. La vie chère est certes dénoncée, mais des revendications plus politiques, comme la reconnaissance des bulletins blancs aux élections, font partie de la myriade de demandes exprimées. Face à un mouvement unique en son genre, le gouvernement propose donc de renouer les fils du dialogue. Un proche du chef de l’Etat résume : “On ne change pas de cap : on fait monter plus de personnes dans le bateau“.
D’ailleurs, une longue phase de concertation décentralisée devrait s’ouvrir prochainement, avec pour objectif de faire émerger des mesures d’accompagnement. Depuis la COP 21, les territoires sont effectivement en première ligne pour le succès de l’Accord de Paris ; leur avis est donc primordial ! C’est pourquoi, dans une interview accordée le 22 novembre 2018, François de Rugy indique que “la PPE sera soumise à discussion pendant cinq mois, sur tout le territoire“. Le même jour, la CFDT publiait un communiqué afin “de renouer le dialogue pour demander construire un pacte social et économique de la conversion écologique“. Ainsi, le rôle des syndicats et des collectivités locales est appelé à s’accroître…