Les plus pauvres financent la transition énergétique d'Emmanuel Macron

Pour Julien Aubert, les plus pauvres financent la transition énergétique d’Emmanuel Macron

En pleine crise des gilets jaunes, le député Julien Aubert, membre du Conseil supérieur de l’énergie, a accepté de répondre aux questions de l’Energeek. Selon lui, les choix de La République En Marche font peser le poids de la transition énergétique sur les épaules des ménages les plus modestes… 

  • L’opposition réclame plus d’accompagnement à la transition énergétique pour les ménages modestes, notamment depuis le mouvement des gilets jaunes. Quelles sont les solutions concrètes que vous aimeriez mettre en oeuvre ?

En réalité, ce qu’il faut corriger c’est le financement de cette transition énergétique par les plus pauvres au profit de gens qui sont essentiellement les plus aisés dans la redistribution, c’est-à-dire ceux qui peuvent faire des travaux de rénovation énergétique ou s’acheter un véhicule propre. Donc ce qu’il conviendrait de faire, c’est modifier la pente de la fiscalité de manière à la rendre acceptable en terme de pouvoir d’achat, créer une commission d’enquête pour qu’on y voit plus clair sur les mesures fiscales mises en oeuvre parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’instruments qui existent dont on ne sait pas précisément leur efficacité ou leur efficience.

  • Pouvez-vous nous rappeler la trajectoire de la taxe carbone telle qu’elle est prévue aujourd’hui ? Êtes-vous favorable à ce qu’une partie de ces nouvelles recettes soit fléchée vers les collectivités territoriales ?

La taxe carbone était de 7 € pour la tonne de CO2 en 2012 et terminera à 100 € de la tonne en 2030. C’est donc une très forte augmentation. Je suis favorable à ce que l’on revoie la pente et que l’on arrête avec une augmentation trop forte qui ne tient pas compte de l’évolution du prix du baril. Ces nouvelles recettes n’ont pas à être fléchées vers les collectivités territoriales puisqu’il s’agit de participer à la transition énergétique, il faut être clair là-dessus.

  • Agir sur le climat demande forcément des efforts financiers de la part des Français ? Demain avec la diminution du nucléaire avec un prix du kWh parmi les plus faibles d’Europe et une augmentation des renouvelables, devons-nous nous attendre à une facture d’électricité plus chère ?

Oui, en effet, car depuis qu’on finance et qu’on subventionne les renouvelables, la facture d’électricité augmente et notamment la fameuse Contribution au service public de l’électricité (CSPE) qui sert à financer cette transition. Donc je crois qu’on doit être très clair : il conviendrait de réfléchir à cette place des renouvelables, d’arrêter avec des plans trop volontaristes et de favoriser le nucléaire qui est une industrie décarbonée et moins chère. Elle est moins chère car lorsqu’on parle du coût des énergies, on parle souvent du coût à la production mais on oublie que même si le coût de production de l’éolien ou du photovoltaïque baisse, en réalité il ne permet de produire de l’électricité qu’une petite partie du temps. De plus, il oublie des coûts cachés tels que le coût d’adaptation du réseau, le coût d’équilibrage, le coût du stockage, etc. ce qui supposerait de raisonner en coûts complets.

  • Un Haut comité pour le climat vient d’être installé par le président de la République. Qu’en pensez-vous ?

C’est un nouveau comité Théodule qui sert à faire de la communication et dont les objectifs ne sont pas très clairs.

  • Quel est votre sentiment au lendemain de la COP24 ?

Quand on voit l’évolution des émissions de CO2, c’est assez clair. On s’aperçoit que seul l’Europe est arrivée péniblement à diminuer ses émissions de CO2, que justement l’Allemagne et la France les a augmentées et en particulier la France puisque nous avons moins recours au nucléaire. Donc tout ceci ne va pas dans le bon sens. Quand on regarde les chiffres, on s’aperçoit que le maigre effort fait par l’Europe a été plus que balayé par les émissions américaines et chinoises ! Donc je crois qu’on devrait sérieusement s’interroger de savoir si les sommes qui sont utilisées pour prévenir le réchauffement climatique ne devraient pas plutôt être utilisées pour adapter les économies à un réchauffement climatique qui me semble de plus en plus inéluctable.

Rédigé par : Julien Aubert

Julien Aubert
Député LR de la 5e circonscription du Vaucluse, Julien Aubert est également membre du Conseil supérieur de l’énergie.
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COMMENTAIRES

  • Une nouvelle étude scientifique, présentée le 11 décembre, démontre la faisabilité d’une transition énergétique européenne vers des sources 100% renouvelables avant 2050. Cette étude a été menée par l’Université technologique de Lappeenranta (LUT) en Finlande et les chercheurs du réseau international Energy Watch Group (EWG)

    Principales conclusions :

    – La transition nécessitera une électrification de masse dans tous les secteurs de l’énergie. La production totale d’électricité dépassera 4 à 5 fois celle de 2015, l’électricité représentant plus de 85 % de la demande d’énergie primaire en 2050.

    Simultanément, les combustibles fossiles et le nucléaire sont complètement éliminés dans tous les secteurs.

    – La production d’électricité dans le système d’énergie 100 % renouvelable sera composée des sources d’énergie suivantes : énergie solaire photovoltaïque (62 %), éolienne (32 %), hydroélectrique (4 %), bioénergétique (2 %) et géothermique (< 1 %).

    – L'éolien et le solaire représenteront 94 % de l'approvisionnement total en électricité d'ici 2050, et environ 85 % de l'approvisionnement en énergie renouvelable proviendra de la "production décentralisée locale et régionale".

    – L'énergie 100% renouvelable n'est pas plus chère : Le coût uniformisé de l'énergie pour un système énergétique pleinement durable en Europe reste stable, allant de 50 à 60 €/MWh pendant la période de transition.

    – Les émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'Europe diminuent régulièrement tout au long de la transition, passant d'environ 4200 MtCO2 en 2015 à zéro en 2050 dans tous les secteurs.

    – Un système d'énergie 100 % renouvelable emploiera de 3 à 3,5 millions de personnes. Les quelque 800 000 emplois dans l'industrie européenne du charbon en 2015 seront supprimés d'ici 2050 et seront surcompensés par plus de 1,5 million de nouveaux emplois dans le secteur des énergies renouvelables.

    http://energywatchgroup.org/new-study-100-renewable-energy-across-europe

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  • Une approche économique et énergétique plus cohérente que la gabegie habituelle très consommatrice de ressources :

    47 % de l’énergie mondiale est utilisée pour le chauffage intérieur mais au moins 42 % de cette énergie est gaspillée pour chauffer des espaces vides plutôt que directement les personnes, selon une récente étude du Dept. of Mechanical and Aerospace Engineering de la Rutgers University (New Brunswick).

    De plus en plus de vêtements chauffants sont commercialisés et on relève des avancées technologiques notoires et très efficaces.

    Des équipes scientifiques de Rutgers et Oregon State Univ. ont mis au point des patchs flexibles que l’on enduit instantanément et directement sur les tissus existants, intégrant des nanomatériaux conducteurs comme le graphène, des nanotubes de carbone et des nanofils métalliques.

    Ce revêtement peut être réalisé par enduction, trempage ou pulvérisation d’encres, intégrant les nanomatériaux directement sur le tissu. Cela présente des avantages par rapport à d’autres approches telles que le tissage de fibres pré-revêtues plus coûteuse et qui provoque la dégradation du revêtement, offre moins de souplesse etc.

    Ces plaques chauffantes en tissu nanofilaire peuvent économiser au moins 1000 kWh par an et par personne comparativement à l’énergie utilisée pour chauffer l’environnement bâti à perte.

    Une simple pile batterie rechargeable alimente ces vêtements pour des durées de chauffe d’au minimum 8 heures d’affilée et beaucoup plus, intégrant réglage automatique ou manuel de la température.

    https://news.rutgers.edu/energy-efficient-way-stay-warm-sew-high-tech-heating-patches-your-clothes/20181212#.XBAhfXRKi70

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  • Une taxe carbone est bénéfique mais elle impose de proposer les technologies de remplacement à bas coûts (exemple : véhicules électriques évitant le surpoids, le manque d’aérodynamisme et équipés de trop de gadgets qui ne servent qu’à accroître les marges des constructeurs)

    Pour l’OCDE, le meilleur moyen de mettre en place une taxe carbone est de “transférer 30 % des recettes de la taxe à 30% des habitants les plus pauvres, en cash de préférence, pour compenser les inégalités sociales créées par la mesure”, explique Kurt Van Dender, chef de la division des politiques fiscales de l’OCDE.

    En 2016, ce principe de compensation avait été appliqué en France : 3 milliards d’euros ayant été mis à disposition des entreprises sous la forme de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et 1 milliard d’euros aux ménages sous la forme de taux réduits de TVA sur les travaux de rénovation énergétique.

    Mais en 2018, l’écart entre les recettes et les mesures compensatoires sur les produits énergétiques s’est creusé, notamment à cause de la convergence des prix entre gazole et essence. Face à cette hausse de 3,7 milliards d’euros des recettes de la taxe carbone, le gouvernement n’a mis que 181 millions d’euros sur la table (100 millions de plus pour la prime à la conversion des véhicules, et 81 millions de plus pour la généralisation du chèque énergie).

    Il manque donc 3,5 milliards d’euros pour compenser la hausse de la pression fiscale sur les produits énergétiques.

    La France est loin d’être le seul pays à faire peser un prix sur le carbone. 46 pays et 26 provinces à travers le monde ont mis en place une taxe ou un système de marché carbone. Au total, ces différents mécanismes ont généré 26 milliards d’euros de revenus en 2018, dont près de la moitié sont affectés à des projets bas-carbone.

    https://www.novethic.fr/actualite/infographies/isr-rse/infographie-il-n-y-a-pas-que-la-france-46-pays-a-travers-le-monde-taxent-le-carbone-146723.html

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  • Si vous pensez que les français ne participent pas à la fabrication de turbines éoliennes et plus, vous vous trompez, ce sont même dans leur gamme les plus performantes existantes !

    Première chaîne éolienne supraconductrice au monde dans le cadre d’un consortium sous l’égide de l’Union européenne comprenant le Danemark, la France (Jeumont) le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas.

    Le projet EcoSwing développé dans le cadre d’un programme de l’Union européenne a réussi à nettement réduire les coûts et pratiquement par 2 les dimensions et la masse d’une turbine éolienne, tout en produisant la même puissance en tirant profit des propriétés d’un ruban supraconducteur. Les aimants permanents de l’éolienne de 3,6 MW ont été remplacés par une céramique supraconductrice haute température.

    L’avantage majeur de la supraconductivité est de pouvoir conduire l’électricité en l’absence totale de résistance, améliorant fortement la longévité tout supportant de grandes intensités de courant et en supprimant le néodyme.

    Les supraconducteurs étant capables de conduire l’électricité sans résistance, ils sont donc très complémentaires des technologies à haut rendement énergétique comme substitut du cuivre. Par rapport à ce dernier, ils peuvent supporter 100 fois la densité de courant, ce qui rend les machines électriques compactes et légères. L’utilisation très réduite de matériaux contribue à rendre cette technologie hautement compétitive par rapport aux machines conventionnelles et va encore améliorer le développement de l’éolien en abaissant nettement les coûts et en réduisant l’usage de matières premières.

    Le supraconducteur est composé d’oxyde de gadolinium-baryum-cuivre, qui repose sur un ruban d’acier flexible. Le gadolinium est comme le néodyme une terre rare (disséminée) mais qui offre des avantages essentiels par rapport au néodyme : il n’est requis qu’environ 1 kg de gadolinium pour le ruban, là où les aimants nécessitent 1 tonne de néodyme. En outre le premier ne coûte que 18,70 $/kg (16,43 €/kg), contre 45,50 $/kg (39,98 €/kg) pour le deuxième.

    Pour fonctionner le supraconducteur doit être maintenu à une température très basse d’environ -240 °C que l’on tend à relever et utilise un système de refroidissement déjà utilisé dans d’autres machines, notamment les IRM.

    Envision (DK) a mis à la disposition d’EcoSwing l’une des éoliennes les plus modernes du marché. La GC-1 est une éolienne de 3,6 MW avec un diamètre de rotor de 128 m, un générateur à aimants permanents à entraînement direct et un convertisseur de pleine puissance. Elle opère sur un site côtier exigeant dans l’ouest du Danemark, à Thyborøn, près du littoral de la mer du Nord. L’environnement se caractérise par des vitesses moyennes du vent de 9,7 m/s. Il y a également de faibles turbulences en provenance de la mer et de fortes turbulences en provenance du sud produites par des bâtiments industriels et d’autres éoliennes à proximité du rivage. La conception se caractérise déjà par un pas partiel et une conception à deux pales pour des charges extrêmes faibles et une endurance dans les zones de typhons à terre et au large des côtes. Le système 2 pales est moins coûteux, plus facile à monter, transporter et recycler, quasiment sans vibrations ni impact le cas échéant sur la faune aviaire, adapté aux zones de typhons et les extrémités des pales s’orientent spécifiquement selon les vents, améliorant encore les performances.

    https://www.youtube.com/embed/1MLWuO5-uCM

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  • Mr Aubert écrit : “la fameuse Contribution au service public de l’électricité (CSPE) qui sert à financer cette transition” ; il devrait regarder les détails financiers :

    Selon cet article du “débat public sur la PPE”, on apprend que :

    La CSPE est désormais affectée directement au budget général de l’Etat.
    Le financement des charges de soutien au développement des énergies renouvelables électriques est assuré par le compte d’affectation spéciale « Transition énergétique » qui est désormais alimenté par des taxes pesant sur les produits énergétiques les plus émetteurs de gaz à effet de serre : taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, qui pèse notamment sur les carburants fossiles essence et diesel, et taxe intérieure de consommation sur le charbon.

    Donc, la partie subventionnée du tarif de rachat du PV(et de l’éolien) n’est plus payée par les consommateurs d’électricité, mais par les utilisateurs d’énergie fossile.
    Donc, la TICPE est fléchée au moins partiellement sur la transition énergétique, contrairement à ce qu’on raconte sur tous les médias et tous les rond-points jaunes.

    Bien sûr, on peut caricaturer ce fait en disant que le diesel des pauvres subventionne les panneaux PV des riches

    Bonnes fêtes

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  • Votre observation ne serait exacte qu’à condition que la CSPE payée par les ménages se réduise uniquement à la solidarité énergétique (soit 1/3 de la CSPE actuelle). Or, êtes vous sûr de cette évolution et si oui, quand se produiront les effets concrets (à savoir une diminution de la facture totale d’électricité) ?

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