Le 25 septembre 2019, la Commission nationale de débat public (CNDP) a organisé une réunion de clôture et de restitution suite au débat sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR). Au ministère de la Transition écologique et solidaire, toutes les parties prenantes ont ainsi exprimé leur sentiment à l’issue des échanges orchestrés par Isabelle Harel-Dutirou, du 24 avril au 25 septembre 2019…
La transparence sur le nucléaire, mission accomplie ?
En France, l’énergie nucléaire représente 71,7% du mix électrique ; elle fait donc partie du quotidien de nombreux citoyens. Concrètement, dans le cadre du dispositif ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile), on estime que 2,2 millions de personnes se situent à moins de 20 km d’une installation nucléaire. Face à cette configuration, la synthèse du dossier du maître d’ouvrage du débat public sur le PNGMDR souligne que « l’élaboration du PNGMDR repose sur le pluralisme, la transparence, l’information et la participation du public ».
Or, selon le Baromètre IRSN sur la perception des risques, publié au cours du débat public, près d’un tiers des Français considèrent que « les experts scientifiques se cachent derrière la complexité de leurs études pour ne pas communiquer ». Dans ce contexte, la mission confiée à la magistrate Isabelle Harel-Dutirou, était éminemment sensible. Ainsi, lors de la réunion du 25 septembre 2019, devant Chantal Jouanno et Barbara Pompili, elle a souhaité remercier toutes les personnes impliquées dans ce débat ayant accepté de « dépasser les postures sur le nucléaire pour échanger sereinement et développer des arguments », malgré « une mobilisation toute relative du grand public ».
De son côté, le représentant de la CGT, Francis Combrouze, estime qu’on dispose désormais de beaucoup d’informations sur l’impact environnemental de la filière nucléaire. En revanche, le syndicaliste précise qu’en raison de la technicité des sujets et de l’état de la culture scientifique au sein de la population, avec « l’interprétation des données, il peut y avoir des manipulations considérables ». C’est pourquoi, l’activiste Michel Gueritte prévient : « si le bilan n’était pas honnête vous m’entendrez » ! Pour le militant qui mène une véritable guerre au nucléaire, le choix de participer au débat public était courageux. En effet, nous confie-t-il, certains antinucléaires pourraient lui reprocher de servir de caution aux pouvoirs publics…
L’industrie nucléaire veut améliorer son impact environnemental
Avec la 5ème édition du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs, de nombreuses problématiques ont été abordées. Et ce, dans le cadre d’une vingtaine de réunions publiques organisées dans toute la France, de Gravelines à Narbonne en passant par Bagnols-Sur-Cèze ou Nevers… La note de synthèse sur la clarification des controverses scientifiques liste au total 7 thématiques : le monorecyclage, le multirecyclage, l’entreposage, le démantèlement des réacteurs UNGG, les seuils de libération pour les déchets de Très faible activité (TFA), Cigéo ou le stockage géologique profond et enfin les alternatives au stockage géologique profond.
D’ailleurs, pour le représentant d’EDF, Olivier Giraud, « le travail sur les controverses était vraiment intéressant (…) il faut essayer de rendre cette information plus accessible (…) je suis convaincu que nous avons intérêt à faire connaître ce que nous mettons en œuvre pour tous les types de déchets ». Interrogé à l’issue de la réunion, le représentant d’Orano, Jean-Michel Romary, déclare quant à lui : « Je me félicite de la tenue du débat public lié au PNGMDR. Orano prône la transparence et à ce titre nous sommes toujours favorables au dialogue. Néanmoins, je regrette la faible participation du public car ces réunions avaient pour objectif d’informer les populations sur les principaux enjeux relatifs aux matières et déchets radioactifs, et de répondre aux interrogations ainsi qu’aux inquiétudes légitimes qu’ils peuvent susciter. Au cours des réunions publiques, nous avons en particulier défendu notre conviction vis-à-vis du recyclage des matières nucléaires qui permet de préserver les ressources naturelles tout en réduisant l’impact des déchets finaux. Le recyclage, dorénavant préconisé dans toutes les industries, répond à une préoccupation sociétale, environnementale et même éthique. Il faut donc le poursuivre et l’étendre ».
Pour se faire une idée plus précise de l’opinion sur ces sujets, on peut retrouver l’intégralité des échanges en ligne. Sur le site internet du débat public, on a enregistré 28 130 visites, 11 650 téléchargements de fichiers et plus de 2 000 commentaires. Si ces chiffres semblent attester d’un intérêt manifeste pour ces questions malgré leur complexité, ils sont en réalité dans la moyenne basse des autres débats publics, signifiant une mobilisation plutôt faible du grand public. Une situation qui pourrait notamment évoluer avec la publication fin novembre 2019 des conclusions d’Isabelle Harel-Dutirou. La présidente de la commission particulière du débat public a désormais la lourde tâche de résumer 5 mois d’échanges, aussi denses que polémiques. À suivre…
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