Dans le cadre du débat public sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a réalisé un panorama international des alternatives au stockage géologique. De la mine jusqu’au retraitement du combustible, l’uranium est transformé à de nombreuses reprises. Mais si le Yellow Cake attire, le plutonium effraye, et tant que le la fusion nucléaire ne sera pas totalement maîtrisée, l’industrie nucléaire devra prévoir une solution pour ses déchets ultimes… Retour sur les explications du directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, au ministère de la Transition écologique et solidaire, le 15 mai 2019, avant le prochain rendez-vous sur ce sujet, qui aura lieu le 20 juin 2019, à Bar-le-Duc.
Les différentes solutions de stockage envisagées par le passé
En préambule, aux côtés de Chantal Jouanno, le responsable de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a rappelé que le rapport avait uniquement pour objet de présenter les solutions possibles pour les déchets nucléaires. Plus précisément, l’objectif du document consiste à analyser « les alternatives au stockage géologique des déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MAVL) ».
Pour cela, les scientifiques ont travaillé avec des informations librement accessibles, notamment en provenance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), mais aussi de l’Agence de l’énergie nucléaire de l’OCDE. Au total, 6 possibilités ont ainsi été passées en revue : l’entreposage, la séparation-transmutation, le stockage en forage, le stockage dans les fonds marins, l’envoi de déchets radioactifs dans l’espace, et enfin l’immobilisation des déchets dans la glace.
Stockage géologique : existe-t-il une alternative sérieuse à cette solution de référence ?
Les quatre dernières solutions listées, ont souvent été écartées pour des raisons de sécurité. En ce qui concerne le stockage dans les fonds marins, les limites du principe de dilution de la radioactivité ont été finalement dissuasives. En France depuis 2006, comme dans de nombreux autres pays, la loi accorde au stockage géologique, le statut de solution de référence. Cependant, à l’origine la loi Bataille de 1991 avait envisagé 3 options : le stockage géologique, l’entreposage et la séparation transmutation. La différence entre le stockage et l’entreposage, réside dans la durée où les déchets sont maintenus sur le site.
Dans le cas de l’entreposage, il s’agit d’une solution de gestion provisoire ; toutefois on distingue les entreposages dits « de longue durée », des « entreposages pérennes ». Aujourd’hui, le projet CIGéO, intègre la notion de réversibilité, un peu à l’instar de la Société de gestion des déchets nucléaires canadienne. En effet, l’approche de l’ANDRA est relativement similaire à celle du NWMO, qui a opté pour une « gestion adaptative progressive » (GAP), afin de « d’intégrer les avantages des trois options initiales, en cherchant à éviter leurs inconvénients ».
Que retenir pour l’avenir de nos déchets nucléaires ?
En définitive, le rapport du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN) qualifie de « cercle fermé », la gestion du cycle du combustible mise en œuvre en France. Pour expliquer cette notion de « cycle fermé » comprise dans le document publié en 2018 par le HCTISN, l’IRSN indique que cela « consiste à traiter le combustible usé puis à recycler des matières (U, Pu, Th), dans de nouveaux combustibles ». Il est vrai qu’Orano bénéficie d’une expertise reconnue en la matière à l’international, au Kazakhstan notamment.
Même sans le réacteur de quatrième génération, le volume total des déchets radioactifs reste relativement contenu. Interrogée au sujet d’ASTRID, lors d’une conférence organisée par l’Institut Delors, Laurence Piketty (Administrateur Général Adjoint du CEA) nous confiait : « le développement industriel de réacteurs nucléaires de 4ème génération n’est pas prévu avant la deuxième moitié de ce siècle ». La fusion nucléaire, elle, bien que des avancées notables soient enregistrées, ne devrait malheureusement pas alimenter en électricité notre génération, mais peut être la suivante… En attendant, la population se refuse à laisser ces déchets en carence, comme un fardeau pour les générations futures !
C’est du moins ce que nous aurons l’occasion de vérifier, si le débat démocratique est respecté, lors d’une réunion publique prévue le 20 juin à Bar-le-Duc : « La gestion des déchets radioactifs ultimes : quelles alternatives au stockage géologique ? »
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