Quelle est la différence entre entreposage et stockage de déchets nucléaires ?

Quelle est la différence entre entreposage et stockage de déchets nucléaires ?

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Si la quantité de déchets nucléaires a relativement peu augmenté ces dernières années selon les chiffres de l’édition 2015 de l’Inventaire national de l’Andra (1,46 million de mètres cubes de déchets radioactifs en France), le démantèlement progressif des centrales nucléaires arrivées en fin de vie, devrait logiquement entraîner une hausse significative des matières et déchets radioactifs dans les décennies à venir. Afin de répondre à cette demande en constante augmentation, l’Andra et EDF renforcent progressivement leurs capacités et optimisent continuellement le processus de décroissance radioactive des déchets basé sur les notions d’entreposage et de stockage de long terme. Explications. 

L’entreposage, une phase de conservation temporaire et sécurisée

En accord avec la politique de gestion responsable des déchets radioactifs impulsée ces dernières années en France par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), la gestion et le traitement des déchets nucléaires opérés principalement par le groupe EDF se décomposent en deux phases bien distinctes : l’entreposage et le stockage. L’entreposage tout d’abord, consiste à les placer temporairement dans une installation aménagée à cet effet en surface ou en faible profondeur, pour permettre une mise en attente, un regroupement, un suivi ou une observation. L’objectif de cette action est de faciliter la conservation en toute sécurité des déchets pendant les phases politiques et industrielles préalables aux réalisations des installations de gestion à long terme (c’est-à-dire de stockages), ou pendant la durée choisie pour optimiser les processus.

A la différence d’un centre de stockage, les lieux d’entreposage de déchets radioactifs ne sont pas conçus pour assurer des fonctions de sûreté à très long terme mais pour une durée déterminée (les déchets seront obligatoirement retirés de l’installation au terme de la période d’entreposage). En revanche, les installations d’entreposage présentent toujours des garanties de sûreté proportionnées aux types de déchets qu’elles accueillent. Elles sont conçues pour résister aux agressions externes (séismes, conditions climatiques, activités humaines) et disposent d’autres garanties opérationnelles comme la protection des colis, le suivi et l’observation des colis, de l’environnement et des installations elles-mêmes.

Mais le rôle de l’entreposage n’est pas seulement de permettre un nécessaire découplage des différentes étapes de gestion des combustibles usés et des déchets. Cette étape participe aussi à l’optimisation industrielle d’ensemble, en permettant notamment aux radionucléides de courte période de décroître suffisamment pour faciliter l’étape industrielle qui suit l’entreposage. Certains déchets contaminés par des radionucléides de période radioactive inférieure à 100 jours (souvent issus d’usages médicaux par exemple), sont gérés par décroissance radioactive. Ils sont entreposés le temps que leur activité ait suffisamment décru, puis sont évacués vers les filières de recyclage traditionnelles comme les déchets dangereux (chimique ou biologique) ou non dangereux (déchets ménagers). Les combustibles usés et les déchets issus des centres de production nucléaire sont quant à eux entreposés sur leur lieu de production ou dans des usines de traitement (les sites du CEA de Marcoule et Cadarache ou l’usine de retraitement d’Areva la Hague par exemple), en attendant leur transfert vers un centre de stockage plus adapté à leur taux de contamination radioactive et à leur durée de vie.

Un stockage de longue durée, garant de la décroissance radioactive

La seconde phase, dite du stockage des déchets radioactifs, renvoie à la mise en place de moyens de conservation de long terme. L’Andra organise en effet le stockage de telle sorte que la radioactivité présente dans les déchets puisse être confinée le temps nécessaire à sa décroissance, pour que son impact sur l’homme et l’environnement soit le plus faible possible et en particulier inférieur à l’impact de la radioactivité naturelle.

L’Andra exploite pour cela deux centres de stockage en surface dans l’Aube pour les déchets de très faible activité (TFA) et de faible et moyenne activité (FMA) à vie courte, et en surveille un troisième dans la Manche qui a reçu son dernier colis de déchets FMA en 1994. Elle supervise également la construction d’une nouvelle installation à Bure dans la Meuse conçue pour stocker les déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue produits par l’ensemble des installations nucléaires actuelles, jusqu’à leur démantèlement, et par le traitement des combustibles usés utilisés dans les centrales nucléaires. Baptisé Cigéo pour “Centre industriel de stockage géologique”, cet aménagement est le premier projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs, et devrait ouvrir ses portes à l’horizon 2025.

Comme l’explique l’Andra sur son site internet, “la conception de chaque centre est adaptée aux types de déchets qu’il accueille selon le principe, qui garantit la sûreté, du confinement multi-barrières généralement composé par le colis, l’ouvrage de stockage et la géologie du site”. Le colis tout d’abord est composé de 15 % de déchets à proprement dits (gants, bottes, outils, etc. ayant été en contact avec des matières radioactives) et de 85 % d’enrobage (béton, mortier, résine, bitume) qui stabilise et rend les déchets inertes. Une fois emballés, ces colis sont déposés dans des ouvrages de stockage dont la fonction première sera d’isoler les colis de l’environnement, et surtout de l’eau. Ces colis sont stockés dans des cases de stockage de béton armé de 25 m de côté et de 8 m de haut, fermées par une dalle de béton et recouvertes d’une couche de polyuréthane imperméable. Les cases de stockage sont construites sur une couche d’argile elle aussi imperméable qui constitue une barrière naturelle, en cas de dispersion accidentelle d’éléments radioactifs vers la nappe souterraine, tandis qu’une couche sableuse, au-dessus de l’argile, permet de drainer les eaux vers un exutoire unique qui facilite la surveillance de l’environnement. Le tout bien sûr étant placé dans des zones de stockage géologiques dénuées de tous risques sismiques.

Crédits photo : Andra (Twitter)

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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