La baisse des prix de gros sur le marché européen du gaz pourrait bien induire un rebond de la consommation : pour éviter toute pénurie cet hiver, en particulier s’il est particulièrement rude, GRTGaz a invité, ce 30 juin 2023, à maintenir les efforts de sobriété qui avait permis à la France (bien aidée par des température douce et des prix prohibitifs) de passer sans encombre l’hiver dernier.
Pour GRTGaz, la France n’a que peu de marges en cas de rebond de la consommation de gaz fossile
Le calme plat sur les marchés du gaz européen cette année contraste avec le chaos de l’année 2022, où le jeu de poker menteur de Gazprom, ouvrant et fermant les vannes du gaz russe au grès des évolutions géopolitiques, avait dicté des montagnes russes de tarif, approchant même les 240 euros le MWh l’été dernier.
Les prix se sont progressivement rapprochés des niveaux de ces dernier années, même si, à 35 euros le MWh, ils restent historiquement élevés. Mais cette baisse relative pourrait inciter les consommateurs à recourir de nouveau largement au gaz fossile, mettant en danger l’approvisionnement de l’hiver 2023-2024, a rappelé, ce 30 juin 2023, GRTGaz, le gestionnaire du réseau de transport de gaz fossile français.
« On s’attend à une consommation de gaz qui pourrait être plus élevée qu’en 2022 parce que les niveaux de prix sont plus faibles », a notamment pointé Thierry Trouvé, directeur général de GRTGaz. Pour l’heure, la plupart des industriels gros consommateurs de gaz fossile n’ont pas relancé la machine. « On n’observe pas beaucoup de secteurs qui ont repris », hormis dans le raffinage, reconnaît Thierry Trouvé, en évoquant un « effet d’inertie ».
Pour autant, la rupture quasi-totale de l’approvisionnement en gaz russe laisse peu de marges, notamment en cas d’hiver 2023-2024 particulièrement froid. Pour l’heure, les réserves de gaz se remplissent à un bon rythme, 62 % au 26 juin 2023, proche des niveaux de l’année dernière.
Maintenir les efforts de sobriété et importer tout le gaz possible, notamment sous forme de GNL
Mais GRTGaz le rappelle, « les efforts de sobriété doivent se poursuivre pour faciliter un remplissage maximum des stockages en prévision d’un hiver 2023-2024 potentiellement froid ». Entre le 1et août et le 30 juin 2023, la France a réduit sa consommation de gaz de 17 % par rapport à la période de référence 2018-2019.
Si le gouvernement se félicite de la réussite de ses appels à la sobriété, de nombreux analystes indiquent plutôt un effet des prix prohibitifs, qui ont poussé de nombreux professionnels (industriels en premier lieu) et particuliers à se serrer volontairement la ceinture.
GRTGaz appelle donc à importer du gaz fossile autant que possible, en mobilisant les entrées par gazoduc (reliés à l’Algérie ou à la Norvège) et en faisant tourner les quatre terminaux GNL du pays « à un niveau proche de leur maximum jusqu’à la fin de la saison » de remplissage, en octobre-novembre.
En septembre 2023, un cinquième terminal méthanier, au Havre, devrait ajouter 20 TWh de potentiel d’importation supplémentaire. Le 6 juillet 2023, le tribunal administratif de Rouen examinera d’ailleurs les deux recours de France Nature Environnement Normandie contre ce terminal : l’ONG estime en effet qu’il « n’y a pas de menace grave sur l’approvisionnement en gaz du pays ».
Le ministère de la Transition énergétique a répondu à FNE, par communiqué, que, dans un « contexte géopolitique incertain, le terminal méthanier flottant est important pour faire face à tous les scénarios (dont celui d’un hiver froid). (…) Il ne s’agit pas d’augmenter la consommation de gaz, on fait tout pour la réduire (…) Cette infrastructure est flottante et réversible, avec une durée d’exploitation maximale de 5 ans ».
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