La Commission européenne va proposer de renouveler pour l’hiver 2023-2024 ses objectifs de réduction de 15% de la consommation de gaz fossile dans l’Union européenne, adoptés l’année dernière, et dépassés, grâce, notamment, à un hiver particulièrement doux. La commissaire à l’Énergie, Kadri Simson, a fait une déclaration en ce sens ce 9 mars 2023. La tension sur les approvisionnements en gaz pourrait en effet être plus forte encore cette année qu’en 2022.
L’approvisionnement européen en gaz fossile pour l’hiver 2023-2024 loin d’être garanti
Les approvisionnements en gaz fossile de l’Union européenne, après une année 2022 sous haute tension, devraient rythmer à nouveau les politiques énergétiques des Vingt-Sept cette année.
Si les pénuries tant craintes n’ont pas eu lieu, le prix payé suite à l’effondrement des livraisons de gaz russe fut lourd, au sens propre comme figuré. Les réserves de gaz furent pleines à ras-bord plus tôt que jamais, mais certains pays, notamment l’Allemagne, durent acheter pour cela du GNL à prix d’or sur les marchés mondiaux.
L’approvisionnement de plusieurs pays asiatiques, Inde, Bangladesh, Pakistan, incapables de s’aligner sur les prix payés par les Européens, s’en est ressenti – avec, à la clé, une forte hausse de l’utilisation du charbon ou du fioul pour produire de l’électricité. L’explosion des prix a de plus mis à genoux plusieurs géants gaziers européens, notamment allemands, à commencer par Uniper.
Au final, l’hiver 2022-2023 s’est passé sans rupture d’approvisionnement, mais au prix d’une réduction drastique des consommations, rendues possible par une météo particulièrement douces et une baisse de l’activité industrielle liée au gaz (pas tant pour des raisons de sobriété que face au prix extrêmement élevés du gaz fossile), et aussi « grâce » à la faible consommation de l’économie chinoise, encore coincée dans les affres du « Zéro Covid ».
Mais la situation ne s’annonce pas forcément aussi positive pour l’année 2023. Les capacités mondiales de production de GNL n’ont pas augmenté par magie – la majorité des nouveaux projets en cours ne devraient entrer en service qu’entre 2025 et 2027 –, l’économie chinoise (et sa consommation de gaz) devrait repartir, et l’hiver 2023-2024 pourrait être un peu plus rude que celui qui s’achève.
La Commission européenne propose de prolonger d’un an l’objectif de réduction de consommation de gaz fossile
Autant de raisons de rester vigilants sur ce dossier. Logiquement, la Commission européenne devrait proposer prochainement aux Vingt-Sept de renouveler pour l’hiver 2023-2024 l’objectif de réduction de la consommation adoptée l’année dernière, comme l’a annoncé ce 9 mars 2023 la commissaire à l’Énergie, Kadri Simson.
Pour rappel, en juillet 2022, les États membres s’étaient accordé sur un objectif de réduction de la consommation de gaz fossile de 15 % entre août 2022 et mars 2023 par rapport à la moyenne des cinq dernière année. L’objectif sera tenu, et même très probablement dépassé : selon Eurostat, la consommation de gaz a baissé de 19,3 % dans l’Union européenne entre août 2022 et janvier 2023 par rapport à la moyenne 2017-2022.
« Mais on ne peut pas être dans l’illusion que cela continuera de bien se passer: cette année sera difficile et l’année suivante aussi, de nombreuses incertitudes subsistent. Je vais proposer aux États membres de prolonger la réduction volontaire de la demande de 15% jusqu’à l’année prochaine. Cela avait bien fonctionné et c’est la meilleure assurance d’atteindre le niveau de stockage adéquat d’ici novembre » – soit 90% -, a précisé Kadri Simson.
La commissaire à l’Énergie a par ailleurs demandé aux pays européens d’arrêter d’acheter du GNL russe. « Nous avons reçu l’an dernier environ 20 milliards de m3 de GNL russe. Je pense que nous pouvons et devons nous débarrasser complètement du gaz russe dès que possible », a affirmé Kadri Simson.
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