L’augmentation des prix du gaz et de l’électricité conduit de nombreux Français à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leur logement.
Avant même que la guerre en Ukraine n’accroisse les prix de l’énergie, 53% des Français souhaitaient déjà effectuer des travaux de rénovation dans leur logement, d’après une enquête menée par OpinionWay pour Sofinco. Et pour cause : les ménages interrogés évaluent à 199 euros leur budget mensuel énergétique, soit 61 euros de plus qu’en 2021.
Améliorer son confort de vie
Pour accompagner les ménages, l’Etat ne lésine pas sur les moyens : crédit d’impôt MaPrimeRénov, plan de relance pour la rénovation dépassant les 20 milliards d’euros, renforcement des contrôles et diagnostic performance énergétique, mise à jour de la Réglementation environnementale 2020 afin que tout nouveau bâtiment construit soit émetteur net d’énergie…
Malgré ces dispositifs, le rythme de la rénovation résidentielle reste très inférieur aux objectifs des pouvoirs publics. De 2012 à 2016, chaque année a vu entre 60 000 et 70 000 rénovations là où la Stratégie nationale bas carbone exigerait plus de 700 000 opérations annuelles d’ici 2030. En pratique, le renouvellement des fenêtres et l’isolation des combles font partie des gestes les plus communément réalisés dans le cadre d’une rénovation énergétique. C’est ce que montre l’enquête d’OpinionWay qui souligne aussi qu’à l’avenir, l’isolation des toits et des murs occupera une place croissante dans les bouquets de travaux des Français.
Pour 8 personnes interrogées sur 10, la question des économies d’énergie motive ces démarches, avec l’attente légitime que les travaux réalisés permettent d’économiser quelques mégawatts/heure. De quoi contribuer d’ailleurs aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone visant à passer de 490 Térawatts/heure consommés en 2015 à 293 TWh à l’horizon 2050. L’enjeu est de taille dans un pays où le secteur du bâtiment représente 23% des émissions de gaz à effet de serre et 43% de la consommation annuelle d’énergie. Mais pour une majorité de Français (92%), c’est l’amélioration de leur confort de vie qui les incite grandement à se lancer. À raison ?
Une isolation qui ne joue pas son rôle
Dans une étude menée fin 2020, l’UFC-Que Choisir mettait en lumière les difficultés rencontrées par les propriétaires engagés dans une rénovation énergétique et questionnait l’efficacité des travaux. Une fois sur dix, des surcoûts plombent la facture des particuliers à cause d’erreurs de métrage ou d’anticipations erronées. Plus de 20% du panel interrogé a aussi rencontré des difficultés techniques, déplore l’UFC : « Qu’ils aient effectué une rénovation complète ou partielle, ils sont trop nombreux à avoir eu des problèmes avec des fenêtres qui laissent passer le froid, des portes qui raclent le sol, une isolation qui ne joue pas son rôle, plombée par des ponts thermiques, ou encore un équipement de chauffage défectueux ou mal dimensionné. 4% ont même dû régler des surcoûts ».
Si l’isolation présente des failles, un logement restera une passoire thermique en dépit des autres gestes réalisés comme un changement de chauffage. L’efficacité de l’isolation réside d’une part dans le choix de l’isolant et d’autre part, dans les modalités de sa pose. Sans quoi, les pertes d’efficacité peuvent être assez conséquentes, mais bien souvent, l’habitant ne s’en rend compte que trop tard. L’absence de pare-vapeur et de membrane d’étanchéité dans le cas d’une isolation à base de la laine de verre par exemple peut dégrader jusqu’à près de 75% leurs performances d’isolation. De quoi s’interroger sur la bonne allocation des financements publics, estime la sénatrice de Vendée Annick Billon, qui regrette que « des campagnes d’isolation [soient] menées à grands renforts de subventions en utilisant des matériaux dont les performances ne sont pas réelles ».
Qu’en est-il de la satisfaction des Français qui sont allés au bout de la rénovation de leur logement ? D’après l’enquête de l’UFC, la répercussion sur la facture de chauffage est seulement perçue par 62% des sondés, pour des coûts respectifs moyens de 35 000 euros (rénovation globale) et 16 000 euros (rénovation partielle) avant aides. Au vu des disparités de moyens et de résultats, l’association de consommateurs concluait alors que « la rénovation énergétique telle qu’elle est organisée aujourd’hui ressemble plus à un jeu de hasard qu’à un investissement garanti performant ».
Quelles pistes suivre pour garantir l’efficacité des travaux ? Outre-Manche, la législation britannique contraint les maîtres d’œuvre à respecter un cahier des charges très précis. Y entrent en ligne de compte non seulement l’évaluation énergétique d’avant-travaux mais aussi le type de couverture du toit ainsi qu’un certain nombre de garde-fou pour lutter contre l’humidité et préserver l’étanchéité à l’air des isolants. La pose de membranes d’étanchéité, notamment, y est imposée. Une bonne pratique à instaurer dans l’Hexagone ?
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