Ce mercredi 21 avril, la Commission Européenne a publié sa taxonomie sur la finance verte, soit la liste des activités énergétiques concourant à l’objectif de neutralité carbone pour 2050, et donc susceptibles de recevoir des financements publics. La Commission a choisi de ne pas trancher l’épineuse question du nucléaire : son éventuelle place parmi les activités « vertes » sera décidée dans un texte ultérieur.
La Commission Européenne reporte sa décision d’inclure ou non le nucléaire dans la taxonomie verte
Au final, la Commission Européenne a décidé… de ne rien décider. Pressée par les premiers ministres de la Slovaquie, de la République tchèque, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Pologne, de Malte, de la Grèce et de Chypre de repousser la publication de sa taxonomie verte, la Commission a finalement tenu ses délais, mais sans se prononcer sur les questions les plus épineuses, le gaz naturel et le nucléaire.
Ce 21 avril 2021, la Commission Européenne a donc bien publié l’acte délégué relatif aux énergies pouvant être intégrées à la taxonomie européenne sur la finance verte – c’est à dire la liste des activités d’approvisionnement énergétique permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et donc éligibles à des financements publics. Ce texte va très fortement orienter les décisions d’investissements, publics mais aussi privés, pour les années à venir.
Mais la Commission n’a pas tranché le cas des deux énergies les plus problématiques, le gaz naturel et le nucléaire. Ainsi, d’après l’acte délégué, « le gaz naturel n’est ni inclus ni exclu dans la taxonomie » (alors qu’il l’était dans la première mouture) : selon la Commission, un autre texte, qui « sera adopté plus tard cette année », couvrira le gaz et les « technologies liées ».
De même pour l’énergie nucléaire : la Commission a décidé de reporter la décision sur sa qualification comme énergie « durable ». Là encore, un nouvel acte délégué devrait statuer sur la question ultérieurement.
Pour les Républicains, « l’Europe commet un contresens historique majeur »
« Le choix pouvait être de ne rien faire tant que tout n’était pas tranché. Mais nous n’avons pas le temps », défend Mairead McGuinness, commissaire aux services financiers, en faisant allusion à l’urgence climatique. Ce texte « couvre 80% des émissions de gaz à effet de serre, c’est déjà un grand pas en avant », complète la commissaire.
Vu de France, ce report est un semi-échec, les négociateurs français ayant fortement défendu l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte – tout comme l’Agence Internationale de l’Energie, d’ailleurs. « Il faut à tout prix que le nucléaire puisse bénéficier des financements verts », avait d’ailleurs déclaré, à la veille de la publication, Louis Gallois, président de l’association Patrimoine Nucléaire et Climat France.
Dans la foulée de la publication de la taxonomie européenne, quatre leaders des Républicains, Christian Jacob, Damien Abad, François-Xavier Bellamy et Bruno Retailleau, ont publié une tribune dans L’Opinion défendant l’idée que « la Commission commet une faute grave en excluant le nucléaire ».
« Sans préjuger de l’avenir à long terme, l’évolution actuelle des besoins énergétiques mondiaux et l’urgence de sortir des énergies fossiles rendent absolument indispensable le recours à cette énergie décarbonée. (…) Au moment où la Chine et les Etats-Unis (sous une administration démocrate) choisissent d’investir massivement dans la filière nucléaire, l’Europe commet un contresens historique majeur », affirme notamment le texte.
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