Lundi 5 décembre matin, plusieurs membres du gouvernement ont investi les plateaux télé ou radio pour dire que finalement, le risque de coupures de courant n’était qu’une hypothèse de « dernier recours ». Un élément de langage que l’on a retrouvé dans la bouche de tous les intervenants. Samedi, c’est Emmanuel Macron qui a calmé le jeu dans un entretien accordé à TF1, en marge de son déplacement aux Etats-Unis.
« C’est normal que le gouvernement prépare un cas extrême parce que, les dernières années nous l’ont montré, parfois l’impensable arrive » a ainsi déclaré le président de la République. Et d’ajouter « « Mon message c’est ‘responsabilité’ mais en aucun cas ‘panique’ ».
Agnès Pannier-Runachier, ministre de la Transition énergétique, a quant a elle affirmé sur Cnews que «l’indépendance énergétique de la France relevait du mythe», en réponse aux attaques sur l’impréparation du gouvernement, dont Laurence Ferrari s’est fait l’écho. Et d’insister sur le fait que les délestages n’étaient envisagés qu’en « dernier recours ».
Les délestages en « dernier recours »
Sur Europe 1, c’est Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, qui était chargée de répéter les nouveaux éléments de langage du gouvernement. « Il n’y a pas lieu d’avoir un mouvement de panique ». « Si chacun d’entre nous fait ces petits gestes, nous diminuerons de 10% la consommation conformément au plan du gouvernement et il n’y aura donc pas de coupures », a-t-elle assuré au micro de Dimitri Pavlenko.
Cette contre-offensive du gouvernement, en mode « il n’y aura pas de coupures ou alors en dernier recours » contraste considérablement avec les messages émis par le même exécutif la semaine dernière. Une situation que Libération appelle « la méthode couacs du gouvernement ».
Une position contredite par les experts
La semaine dernière, l’audition de l’ancien haut-commissaire à l’Energie atomique Yves Bréchet devant la commission d’enquête parlementaire sur la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France a révélé à quel point les gouvernements successifs avaient failli. Et pas seulement au cours de la décennie écoulée, mais depuis une bonne vingtaine d’années.
« Le prix à payer pour ces erreurs historiques sera lourd. La destruction, à l’heure même de l’urgence climatique, de ce qui a été un fleuron industriel du pays et qui constitue un de ses meilleurs atouts dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’absence de stratégie claire dans le domaine électronucléaire en ce qui concerne le remplacement du parc, le sacrifice d’outils industriels amortis et au fonctionnement sûr, la confusion entretenue entre la lutte contre le réchauffement climatique (qui suppose une décarbonation de notre énergie), le manque de lucidité sur les liens organiques entre la dissuasion nucléaire et la propulsion et les technologies industrielles du civil, relèvent au mieux de l’ignorance , au pire de l’idéologie.
Yves Bréchet, ancien haut-commissaire à l’Energie atomique.
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