Ce dimanche 8 décembre 2019, le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse a pu être redémarré. L’ensemble de la centrale était à l’arrêt depuis le séisme qui a frappé l’Ardèche le 11 novembre. Avec des conséquences importantes sur les émissions de CO2 et la sécurité énergétique de la France.
Le rédacteur numéro 2 de la centrale de Cruas-Meysse redémarre
L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) ayant donné son feu vert, le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) a redémarré progressivement ce dimanche 8 décembre 2019.
Le 11 novembre dernier, un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter avait frappé l’Ardèche, et en particulier Le Teil, situé à une quinzaine de kilomètres de la centrale. Un des capteurs de Cruas-Meysse avait enregistré une valeur dépassant la norme. Les trois réacteurs en marche de la centrale (2, 3 et 4) ont alors été arrêtés par mesure de sécurité. Le quatrième (le 1) était déjà stoppé pour une opération de maintenance programmée (une recharge de combustible).
Selon un porte-parole d’EDF, le réacteur numéro 2 « est en phase de redémarrage et sera à pleine puissance dans les prochains jours ». Il précise également que l’ASN a donné son accord pour un redémarrage du réacteur 4 « prochainement ». « Pour la tranche 3, nous attendons les éléments de l’ASN dans les prochains jours », complète-t-il. Le réacteur 1 devrait redémarrer avant Noël, une fois sa recharge de combustible achevée.
Recours aux combustibles fossiles et émissions de GES en hausse
Cette remise en route est une bonne nouvelle pour l’approvisionnement énergétique de la France. En effet, l’arrêt imprévu de ces trois réacteurs, couplé aux opérations de maintenance en cours dans d’autres réacteurs, a réduit la puissance nucléaire disponible en France à 40 GW. Soit, approximativement, ce que la PPE prévoit à horizon 2035, après la fermeture programmée de 14 réacteurs.
Cette fermeture est, de plus, survenue en fin d’automne, période de forte consommation électrique et de faible production photovoltaïque (jours courts et peu ensoleillés). Pour ne rien arranger, dans les jours qui ont suivi le séisme, le vent était particulièrement faible. Voire quasi nul vers le jeudi 14 novembre.
Pour compenser, les centrales à gaz et à charbon ont du fonctionner sans relâche. Même les centrales au fioul ont été ponctuellement utilisées, ce qui n’arrive qu’en cas d’extrême urgence. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique français ont donc explosé : le dimanche 10 novembre, elles s’établissaient à 60 grammes de CO2 par kWh (gCO2/kWh). Le mardi 12, elles atteignaient 90 gCO2/kWh.
Pour assurer l’approvisionnement énergétique, la France a dû importer de l’électricité en urgence, d’Espagne et d’Allemagne, produite avec des centrales au charbon. La preuve qu’un abandon progressif du nucléaire au profit des renouvelables n’est envisageable qu’avec des dispositifs de stockage de grande ampleur, une réduction de la consommation énergétique et un pilotage efficace de la demande.
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