Le jeudi 27 juin 2019, l’Institut Montaigne a publié sa propre analyse de la PPE, qui défend la stratégie énergétique de la France. Alors que le think tank a largement soutenu la politique économique défendue par le président Macron, il se montre cette fois très critique envers les moyens et les ambitions de sa politique écologique. D’après son rapport, la PPE n’est pas assez concrète pour être vraiment efficace.
Retour arrière sur la PPE 2016-2018
« Un retour sur le bilan de la première PPE s’impose afin de pouvoir évaluer la pertinence de cette nouvelle programmation ». Le rapport de l’Institut Montaigne propose d’effectuer un retour arrière avant de livrer son analyse de la PPE actuelle. En effet, la première PPE, qui avait pour vocation de piloter la stratégie française pour la période 2016-2018, a été assez peu commentée.
D’après le rapport de l’Institut Montaigne, quatre leçons doivent être tirées du bilan de la première PPE. En premier lieu, le rapport souligne que, pendant la période observée, les émissions de gaz à effet de serre sont effectivement restées stables en France. Il précise toutefois que les émissions de carbone ont dépassé de 72 Mt le seuil fixé par La Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Autre point de friction : le relevé de ces émissions ne prenaient pas en compte tous les secteurs industriels. L’agriculture, l’activité maritime ou encore le trafic aérien n’étaient pas comptés. Le monitoring des émissions de gaz à effet de serre n’a donc pas été aussi fiable qu’il l’aurait dû.
L’Institue Montaigne met en garde contre une PPE trop lourde économiquement
Le rapport estime en outre que la dépense annuelle a atteint les 15 milliards d’euros. La moitié a servi à soutenir le développement des énergies renouvelables. L’autre moitié a financé les aides pour améliorer l’efficacité énergétique. Avec seulement 0,5 milliard d’euros de financement, la mobilité durable fait figure de grande oubliée de cette première PPE. Un fait qui explique peut-être en partie le retard pris par la France en la matière.
Le rapport se fait plus sévère en matière de fiscalité environnementale. Il note que « Le financement de ces politiques repose essentiellement sur le consommateur final […] Cette situation rend la politique de transition énergétique peu acceptable sur le plan social ». Et si les implications financières de la PPE pèsent sur les ménages, elle représente aussi des opportunités très limitées pour les entreprises françaises. Comme le souligne le rapport, la première PPE n’a pas donné lieu à une nouvelle politique industrielle pour préserver la compétitivité des filières françaises.
La leçon tirée par l’Institut Montaigne est donc claire : si la première PPE n’a engendré que peu de résultats, c’est notamment parce qu’elle a été mal pensée d’un point de vue économique.
L’Institut Montaigne dévoile ses propositions pour une PPE plus efficace
Pour rendre la nouvelle PPE plus efficace, le rapport de l’Institut Montaigne décline toute une série de propositions concrètes. Le rapport soulève notamment la question de l’évolution du mix électrique. Il replace l’enjeu dans le contexte européen. En effet, les interconnexions électriques sont multiples en Europe, et elles continuent de se multiplier. La France, de par sa géographie et sa position de pays exportateur d’électricité, est évidemment au coeur de ce hub électrique européen. L’Institut propose donc d’utiliser l’interconnexion croissante pour soutenir le déploiement des énergies renouvelables. La mise en place d’un pilotage coordonné au niveau européen permettra de garantir les capacités électriques nationales « afin de favoriser la production d’énergie décarbonée ».
Le « prix du carbone » au coeur des enjeux économiques
L’Institut Montaigne revient aussi sur la question du prix du carbone. D’après le rapport : « Le consensus économique conclut que fixer un prix au carbone est indispensable pour réorienter les comportements et mener une politique efficace de lutte contre le réchauffement climatique. »
Là encore, le rapport incite le gouvernement français à avoir recours à l’Europe. L’Union Européenne doit se mettre d’accord sur un prix unique du carbone. Elle pourra ainsi évaluer et piloter efficacement la mise en place de ses réglementations en matière d’énergie pour ainsi limiter les effets de concurrence liés au carbone importé. Un sujet d’actualité à l’heure où la France débat de l’impact du trafic aérien international sur ses émissions de CO2.
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