Depuis lundi 11 novembre 2019, plusieurs séismes secouent la France. Les régions Auvergne Rhône-Alpes et Grand Est ont notamment été touchées, et par mesure de précaution, EDF a décidé de procéder à des vérifications sur ses centrales nucléaires. Si l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) rappelle que le risque sismique a été pris en compte dès la conception des installations, qu’en est-il réellement pour la sûreté des réacteurs nucléaires ?
Des vibrations à la centrale de Cruas-Meysse
L’aléa sismique est une donnée prise en considération par les ingénieurs chargés du génie civil de nos infrastructures nucléaires. À l’ESTP (École spéciale travaux publics), les élèves se forment au dimensionnement des ouvrages, avec par exemple le calcul du ferraillage. Pour autant, lorsque le séisme du Teil est survenu le 11 novembre 2019, l’énergéticien en charge de l’exploitation des 58 réacteurs du parc français a immédiatement publié un communiqué.
Et pour cause, ce tremblement de terre, dont l’épicentre est localisé dans une commune de l’Ardèche, est le plus fort enregistré en France depuis 16 ans (5,4 sur l’échelle de Richter). Le groupe EDF a d’abord commencé par indiquer son intention de poursuivre l’exploitation des centrales nucléaires de Bugey, Saint-Alban et Tricastin. En effet, aucune vibration n’a été enregistrée sur ces sites. En revanche, l’électricien a annoncé le 11 novembre 2019 que des « contrôles préventifs » auraient lieu à la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, avant d’annoncer le 14 novembre 2019, un redémarrage progressif des réacteurs durant la première quinzaine de décembre. « Il s’agit de faire un tour des installations et de confirmer le diagnostic et l’innocuité de ce séisme » précise Françoise Souliman, la préfète de l’Ardèche.
Les centrales nucléaires préparées à l’aléa sismique
En contact avec l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et la préfecture de l’Ardèche, l’exploitant assure la sûreté des centrales. De son côté, le DG adjoint chargé de la sûreté nucléaire à l’IRSN, Thierry Charles rappelait le 12 novembre 2019 : « le risque sismique a été pris en compte dès leur conception pour l’ensemble de nos centrales nucléaires, en fonction de l’historique des séismes observés dans les régions d’implantation de nos installations ».
Le lendemain, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat, Elisabeth Borne a été interrogée par Bernard Buis. L’élu de la Drôme rappelle que sur les 19 centrales nucléaires en fonctionnement, 5 se trouvent sur une zone sismique, dont quatre dans la vallée du Rhône et une à Fessenheim. En réponse au parlementaire de la République en Marche, la ministre de la Transition écologique et solidaire a indiqué que « l’ASN qui supervise les contrôles des opérateurs » n’avait relevé aucun dommage sur la centrale de Cruas mais que des mesures avaient été tout de même adoptées au nom du principe de précaution.
Que retenir au niveau de la sûreté nucléaire ?
Malgré ces éléments rassurants, ceux que le député Raphaël Schellenberger surnommerait sans doute de « vendeurs de peurs », doutent des normes de sécurité. Ainsi, l’humoriste de France Inter, Guillaume Meurice, n’hésite pas à faire un parallèle avec la catastrophe de Tchernobyl et se justifie : « si je biaise, c’est parce qu’eux ils [les ingénieurs] biaisent aussi ». Et presque mécaniquement, sur les réseaux sociaux, certains internautes s’interrogent sur la véracité des éléments communiqués par les autorités.
Pas du tout. Suis L’IRSN, l’ASN, et les communautés nucléaires en ligne, elles sont juste là. Pas du tout dans le déni, mais dans la rationalisation de ce sujet. Qui est nécessaire pour passer du fantasme à la réalité d’une matière complexe.
— NicolasVanbremeersch (@versac) November 13, 2019
Pour le CEO de Spintank, Nicolas Vanbremeersch : « on est vraiment dans une phobie délirante, fondée sur une inculture, entretenue par des prismes (…) C’est bien un problème de culture du risque et de connaissance. ». Dans une interview au Point, le journaliste scientifique Sylvestre Huet résume : « il y a une présentation très biaisée de l’industrie nucléaire mondiale comme française ». Interrogé de son côté sur France Culture le 7 novembre 2019, Jean-Marc Jancovici rappelait l’importance de faire la différence entre les faits et les opinions, afin de pouvoir se forger un avis rationnel sur ces questions…
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