Un rapport, publié ce mardi 26 novembre 2019 par l’association Ren21, met en avant le rôle-clé des villes dans la transition énergétique mondiale. En effet, les villes subissent plus directement les effets de la pollution atmosphérique et des changements climatiques, et disposent aussi de plus de souplesses pour mettre en place des nouveaux modèles énergétiques décentralisés à base de renouvelables. Pour autant, elles ne peuvent se substituer aux Etats face à l’urgence climatique.
Transition énergétique : les villes plus pro-actives que les gouvernements
Ren21 est une association visant à promouvoir les énergies renouvelables : elle publie, ce mardi 26 novembre, la première édition d’un rapport sur la place des énergies renouvelables dans les villes, au niveau mondial (Renewables in Cities 2019 Global Status Report).
Le texte démontre, chiffres et actions concrètes à l’appui, que les municipalités sont beaucoup plus ambitieuses et pro-actives dans la transition énergétique que les gouvernements. « Compte tenu du fait que le système économique s’est construit autour des énergies fossiles, il est difficile pour les gouvernements nationaux de placer les préoccupations climatiques au centre de leurs actions ; ceci explique notre retard à l’échelle mondiale pour respecter l’Accord de Paris » pointe Rana Adib, secrétaire exécutive de REN21.
Les villes, elles, sont en première ligne pour constater que la conversion aux renouvelables est une nécessité, à la fois sanitaire, climatique et économique : « C’est une évidence pour elles que les énergies renouvelables réduisent les maladies pulmonaires et cardiaques, créent davantage d’emplois locaux et soulagent le budget municipal » détaille Rana Adib.
En tout, 10 000 municipalités dans le monde se sont déjà données des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. De nombreuses villes du Brésil, du Portugal, de Suisse ou encore du Canada se fournissent déjà en électricité majoritairement renouvelables (réseau hydraulique en tête), et souhaitent désormais s’attaquer aux émissions liées au chauffage, au refroidissement, aux transports et à l’industrie.
Certaines villes se réapproprient ainsi leur approvisionnement énergétique, en remunicipalisant les entreprises énergétiques, ou en en créant de nouvelles, comme Barcelone Energía, fondée par la municipalité pour fournir de l’électricité renouvelable aux habitants de la ville.
Pour l’urgence climatique, la santé publique, l’économie, le social, la sécurité de l’approvisionnement…
Accélérer la transition énergétique au niveau local permet notamment de réduire les morts prématurées provoquées par les gaz à effet de serre et les particules fines. M. Ban Ki-Moon, ancien Secrétaire général de l’ONU et Président du Conseil national coréen sur le climat et la qualité de l’air précise que « les villes peuvent être le fer de lance des progrès dans la lutte contre la pollution atmosphérique, en mettant en œuvre des politiques novatrices et en incubant les idées les plus innovantes, comme le fait le gouvernement métropolitain de Séoul. Nous avons les moyens nécessaires pour poursuivre la transition énergétique. Tout ce dont nous avons besoin, c’est la volonté politique et institutionnelle de faire de la transition une réalité. »
« La pollution atmosphérique est un problème mondial, mais elle a une solution locale. Copenhague veut être la première capitale climatiquement neutre du monde d’ici 2025. Cette année, nous avons mis 400 autobus électriques dans les rues et d’ici l’an prochain, les ferries devraient aussi être électrifiés » exposait en octobre 2019 le maire de Copenhague, Frank Jensen, lors de la signature d’un engagement pris par plusieurs villes européennes (dont Barcelone, Berlin, Londres, Madrid ou Paris) d’améliorer considérablement la qualité de l’air.
L’usage des énergies renouvelables intermittentes (essentiellement éolien et photovoltaïque) impose par ailleurs de basculer vers une logique de production et de consommation décentralisées, favorisée par les smart grids. L’échelon municipal est particulièrement pertinent pour déployer de telles politiques. D’autant que ces énergies renouvelables produites localement s’avèrent désormais moins onéreuses que leurs équivalents fossiles.
Autre avantage des renouvelables, et en particulier du photovoltaïque : il permet, dans les pays en voie de développement, d’électrifier efficacement des maisons ou des quartiers non reliés au réseau national.
Ces sources décentralisées sont également plus modulables et plus résiliantes aux accidents et événements climatiques. Elles offrent enfin la possibilité d’impliquer les citoyens dans leur mise en place ou leur gestion.
Aux gouvernements de s’aligner sur ces politiques ambitieuses !
L’ensemble de ces facteurs expliquent l’avance prise par les municipalités en matière de transition énergétique et de conversion aux renouvelables. La maire de Paris Anne Hidalgo le revendique notamment, comme l’a noté Hannah Murdock de Ren21, au moment de la publication du rapport.
« Il faut faire confiance aux maires dans la transition énergétique – ce sont les acteurs les plus près des citoyens. » –@Anne_Hidalgo
Voir d’autres exemples des villes leaders dans le nouveau rapport de @REN21 publié aujourd’hui 👉https://t.co/EBjXgIePFh #ForumCityLife #climat pic.twitter.com/5rk9I5p9Fr— Hannah E. Murdock (@HannahMurdockTX) November 26, 2019
Pour autant, à quelques jours de l’ouverture de la COP25, à Madrid, les villes ne peuvent porter seules la transition énergétique mondiale, comme le rappelle Rana Adib : « même les plus grandes villes du monde dotées d’un pouvoir décisionnel très décentralisé ne peuvent en rien se substituer à la responsabilité des gouvernements nationaux de remplir leurs engagements au titre de l’Accord de Paris ». En France, le député de l’Aude, Alain Péréa le confirme parfaitement : « Depuis de nombreuses années, on ne cesse de dire « ce sont les maires qui doivent faire tout un tas de choses » en matière de transition énergétique. Et dans le même temps le législateur et le gouvernement ne cessent d’enlever des moyens aux élus locaux. » Comme le précise donc Rana Adib « alors que la crise climatique s’intensifie, chacun doit assumer ses responsabilités ».
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