Ce jeudi 31 octobre 2019, le chef de l’Etat espagnol, Pedro Sanchez, a proposé que l’Espagne assure l’organisation de la COP25, suite au désistement du Chili, en proie à une violente crise sociale. Reste à savoir si Madrid aura le temps nécessaire pour accueillir efficacement ce dernier moment politique avant la cruciale COP26 de 2020.
Une malédiction semble planer sur la COP25. Elle a été attribuée à l’origine au Brésil, mais le pays y a renoncé en décembre 2018, suite à l’arrivée au pouvoir du climato-sceptique Jair Bolsonaro. Le Chili se porte candidat pour assurer la relève, et la COP25 devait se tenir à Santiago du Chili, du 2 au 13 décembre 2019.
Mais la crise sociale de grande ampleur, qui secoue ce pays pourtant réputé pour sa stabilité et qui a déjà fait 20 morts, a poussé, le 30 octobre 2019, le président chilien Sebastian Piñera à renoncer à accueillir cette COP. Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, lui a proposé, ce 31 octobre 2019, de prendre la relève, aux mêmes dates, pour l’organiser à Madrid, « vu le court délai disponible et l’importance de garantir que la COP25, se tienne normalement », selon un communiqué officiel de la présidence espagnole.
L’ONU avait annoncé, le jour du renoncement chilien, qu’elle « étudiait les alternatives » pour accueillir la COP25. La proposition espagnole est, pour l’organisation, une excellente surprise, tant il semblait improbable qu’un Etat se sente capable de boucler l’accueil de 25 000 personnes (dont des chefs d’Etat et de gouvernement) en à peine plus d’un mois.
« L’organisation d’un événement d’une telle taille et d’une telle importance ne s’improvise pas : cela nécessite des mois de préparation, au mieux une année, pour régler les problèmes logistiques, construire un vaste centre de conférence et trouver les capacités d’hébergement », pointait ainsi Paul Watkinson, président de l’organe de conseil scientifique et technologique de la CCNUCC.
Reste à savoir si Madrid a, effectivement, les moyens d’assurer une telle organisation. D’un point de vue logistique, la capitale espagnole dispose du nécessaire, mais il faudra redoubler d’efforts pour tenir les délais. Et ce, alors que des élections législatives sont programmées en Espagne le 11 novembre : ces élections ne devraient déboucher sur aucune majorité claire, si bien que le pays ne devrait plus avoir de gouvernement aux dates de la COP25.
Cette COP25 est une étape intermédiaire avant la COP26, qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni), en décembre 2020, et où les Etats signataires de l’Accord de Paris doivent présenter leurs nouveaux plans, plus ambitieux, de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Organisée dans la foulée du sommet de l’ONU sur le climat de septembre 2019, cette COP25 peut être l’occasion pour des Etats de s’entendre et d’envoyer des signaux politiques forts, dans un contexte où les problématiques climatiques ne cessent de prendre de l’ampleur dans le débat public. Surnommée « COP bleue », elle doit mettre l’accent sur le rôle des océans dans les changements climatiques.
L’enjeu, in fine, est de maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, alors que la poursuite des politiques actuelles conduirait, selon le dernier rapport du GIEC, à un réchauffement de 3°C, dont les conséquences seraient dramatiques et irréversibles.