Pour l’instant, la France a renoncé au projet de réacteur nucléaire Astrid. Pourtant, le rôle de l’atome dans la lutte contre le réchauffement climatique est de plus en plus reconnu. En effet, toutes les sources d’énergie bas carbone auront leur place dans le mix électrique de demain, au moins jusqu’à ce que la fusion nucléaire prenne le relai. Interrogée à ce sujet lors de la Convention Citoyenne, la ministre de la Transition écologique et solidaire a toutefois indiqué le 6 octobre 2019 que le projet International thermonuclear experimental reactor (Iter) n’aboutirait pas avant plusieurs décennies.
A quelle génération de réacteurs en est-on ?
Actuellement, les réacteurs nucléaires en service dans le monde fonctionnent grâce à une technologie de 2ème ou de 3ème génération. C’est notamment le cas du parc nucléaire français. L’EPR de Flamanville, correspond ainsi à la 3ème génération de réacteurs nucléaires. Il est supposé offrir une plus grande puissance, pour assurer une plus grosse production énergétique et plus de sécurité.
Malgré ces avancées, il ne représente toutefois pas une véritable rupture technologique. Avec la 4ème génération en revanche, l’objectif était notamment d’optimiser le combustible.
La 4ème génération actuellement dans l’impasse
Plusieurs projets de réacteurs de 4ème génération ont été sélectionnés lors Forum International Génération IV. Comme le rappelle le PDG d’Orano, Philippe Knoch : « Le nucléaire est une énergie jeune et l’objectif de notre industrie dans les années à venir est d’apprendre à construire des centrales encore plus sûres, plus rapidement et moins cher ! »
Pourtant, le projet ASTRID a finalement été abandonné. Une situation avait été anticipée selon Philippe Knoch : »nous avons démontré que, même sans Astrid, nous allions pouvoir recycler plusieurs fois le plutonium, ce qui constitue un progrès pour la transition énergétique« .
Cependant, face à la hausse des besoins en électricité, de plus en plus de pays émergents se tournent vers l’atome. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime ainsi que le nucléaire a un rôle à jouer pour décarboner la production d’électricité au cours des prochaines décennies. Si dans un premier temps, les Small modular reactors(SMR) comme Nuward doivent permettre de répondre à la demande en électricité, d’autres solutions devront être envisagées pour éviter la pénurie d’uranium.
Fusion nucléaire: un réacteur de 5ème génération ?
C’est d’ailleurs l’objectif du partenariat stratégique passé entre l’Union Européenne, la Chine, le Japon, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde et la Corée. Avec le réacteur Iter, la fusion nucléaire doit permettre, à terme, de disposer d’une énergie bas carbone et quasi-illimitée. Toutefois, lors de l’ouverture de la Convention Citoyenne, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a rappelé qu’une telle technologie ne serait pas maîtrisée avant plusieurs décennies.
D’après l’ingénieur de l’Institut de Physique du Globe de Paris, Philippe Charlez : « la première production d’électricité à partir de la fusion est prévue entre 2035 et 2040« . C’est pourquoi, après le renouvellement du parc nucléaire avec des réacteurs de 3ème génération, exploitables au moins 40 ans, on peut parfaitement imaginer qu’un réacteur de 5ème génération vienne supplanter les réacteurs de 4ème génération.
Suivre le chemin Iter, et après ?
Comme l’explique la Revue de l’énergie, avec Iter l’ambition est de « maîtriser l’énergie des étoiles« . Et comme l’explique Bernard Bigot, directeur général d’Iter Organization, « plusieurs membres d’Iter ont engagé les études conceptuelles de « la machine d’après », collectivement baptisée DEMO« .
En Chine, la construction du China Fusion Engineering Test Reactor pourrait débuter en 2030. En Corée, on estime pouvoir lancer le K DEMO en 2027. En Russie, le projet DEMO-Fusion Neutron source (FNS) est également sur les rails. Au demeurant, Bernard Bigot rappelle que « la quête de l’énergie de fusion a mobilisé trois générations de physiciens et d’ingénieurs » et selon lui, « ces hommes et ces femmes sont semblables aux bâtisseurs de cathédrales : ceux d’entre eux qui creusaient les fondations savaient que d’autres, longtemps après eux, dresseraient la flèche vers le ciel. »
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