L’EPR, réacteur nucléaire dit de « troisième génération », commence à faire ses preuves. Une technologie qui va donc contribuer à la transition énergétique en France et dans le monde. Si elle présente de nombreux avantages, cette génération de réacteurs nucléaires est-elle vraiment révolutionnaire ?
L’EPR, c’est quoi ?
À l’origine, l’European Pressurized Reactor (EPR) est un réacteur nucléaire imaginé dans le cadre d’un partenariat franco-allemand. En 1998, l’Allemagne décide pourtant d’arrêter le développement de l’énergie nucléaire et Siemens se désengage. Pourtant, le projet continue, en confirmant les objectifs initiaux dans le domaine de la sûreté. Selon l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, c’est « le premier réacteur français à bénéficier des enseignements tirés des accidents nucléaires de Three Mile Island, aux États-Unis, et de Tchernobyl, en Ukraine« .
Pour obtenir ce résultat, plusieurs mécanismes ont été imaginés dès sa conception. Ainsi, l’alimentation des systèmes de sûreté est assurée par quatre 4 générateurs diesel d’urgence, complétés par 2 générateurs diesel d’ultime secours et par 6 batteries destinées à alimenter le contrôle-commande et certains équipements essentiels. Les systèmes de refroidissement sont également doublés. Des vannes de dépressurisation ont été ajoutées par rapport aux réacteurs de seconde génération.
Autant de précautions qui permettaient à Anne Lauvergeon d’affirmer en 2011 que « s’il y avait des EPR à Fukushima, il n’y aurait pas de fuites possibles dans l’environnement, quelle que soit la situation ». L’EPR semble être également à la hauteur des enjeux de sécurité de plus en plus forts, puisque l’EPR a été conçu pour résister au crash d’un avion. Les normes qui régissent ce réacteur sont donc bien plus élevées et sûres, mais cela en fait-il un réacteur à proprement parlé « révolutionnaire » ?
L’EPR : les prémisses d’un changement radical dans l’énergie atomique ?
Avec une espérance de vie minimale de soixante ans (contre quarante pour les réacteurs déjà en service), une puissance de 1 600 mégawatts contre 1 450 mégawatts pour les derniers réacteurs construits en France et une énergie qui reste très peu carbonnée, l’EPR dispose d’atouts indéniables. Ainsi, l’énergie nucléaire aura un probablement un rôle à jouer aux côtés des énergies renouvelables. En effet, d’après le CEO d’EDF Energy, Simone Rossi, pour atteindre la neutralité carbone, l’électricité devra user de cette complémentarité. Le Royaume-Uni a effectivement misé sur l’EPR pour assurer son indépendance énergétique, et le chantier d’Hinkley Point avance rapidement.
Ces atouts certains ne peuvent toutefois pas assurer un caractère complètement novateur à ce réacteur. Les experts préfèrent parler d’une évolution significative plutôt que d’une « révolution« . La troisième génération de réacteurs nucléaires ne constitue pas un chamboulement majeur bien que des avancées décisives soient constatées dans le domaine de la sûreté. Le tout premier EPR a été branché au réseau en juin 2018. Une date historique pour l’énergie nucléaire qui a eu pour théâtre la Chine. EDF a mené à bien son tout premier chantier au monde à Taishan, au cœur de l’Empire du Milieu. D’ailleurs, le jeudi 2 mai 2019, le combustible a été chargé dans l’EPR de Taishan 2.
En France, Emmanuel Macron a demandé à EDF de mettre la filière en ordre de marche. D’ici 2021, l’exécutif pourrait commander une série de réacteurs EPR pour renouveler le parc français. Parallèlement, les chercheurs du CEA continuent d’avancer sur le projet Astrid. La quatrième génération, avec le fameux « réacteur mangeur de déchet » sera, elle, vraiment révolutionnaire, si les financements sont maintenus pour le site de Marcoule !
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