Lors du dernier World Nuclear Exhibition, le nucléaire était plus que jamais à l’honneur. L’occasion de revenir sur un des enjeux fondamentaux de cette filière : la sureté des 19 centrales françaises. Parmi les nombreuses entreprises françaises qui accompagnent la stratégie de développement d’EDF dans les domaines de l’innovation, de la R&D et des systèmes d’information technologiques, focus sur Alten. Cette société spécialisée dans les métiers de l’étude et de la conception se positionne notamment sur tous les métiers de la filière nucléaire : l’ingénierie, le contrôle commande, les études mécanique, les études de sûreté… Pour en parler, rencontre avec Stéphane Ougier, directeur exécutif d’Alten.
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Vous travaillez donc depuis 30 ans dans la filière nucléaire, notamment en France. Le parc nucléaire hexagonal est-il sûr ?
La France n’a pas connu d’événements dramatiques à ce jour depuis le choix de Pompidou de basculer massivement dans l’énergie nucléaire. Le parc français est sûr, et encore plus depuis les événements de Fukushima. Le plan massif du Grand carénage, qui a débuté il y a plus d’un an, a vocation à le rendre encore plus sûr avec une mise opérationnelle prolongée de dix ans.
Dans ce Grand carénage, nous travaillons directement dans les centrales pour des opérations de réingénierie, comme par exemple à travers des nouveaux équipements. Je pense au DUS, le diesel d’ultime secours, un équipement autonome pour pouvoir pomper l’eau irradiée créé à la suite de l’accident de Fukushima de 2011, qui complète ainsi le dispositif de sûreté existant. Nous intervenons aussi dans des opérations de maintenance plus classiques. Les défis à relever par l’industrie nucléaire dans les années à venir nécessiteront une grande part d’ingénierie : démantèlement des centrales nucléaires vieillissantes, dont le marché est estimé à 220 milliards d’euros, et renouvellement du parc.
Alors que la mise en service et l’exploitation des équipements énergétiques représentent un investissement considérable pour l’Etat et pour les producteurs, l’idée d’un rallongement de la durée de vie des centrales et des parcs est plus que jamais d’actualité – raison pour laquelle EDF a obtenu l’autorisation de prolonger de 10 ans la durée de vie de ses réacteurs nucléaires. Cependant, au nécessaire amortissement des coûts s’opposent des contraintes de sécurité particulièrement exigeantes, afin d’éviter de nouvelles catastrophes environnementales, mais aussi des contraintes de résilience, problématiques auxquelles l’ensemble des acteurs de l’énergie doivent s’adapter.
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Au delà du Grand carénage qui va prolonger la durée de vie des réacteurs, l’EPR apparaît-il comme un gage de stabilité pour la filière ?
Oui sans aucun doute. Le premier avantage de l’EPR est la réduction des déchets nucléaires. Le second porte sur une puissance 30 à 40% supérieure aux réacteurs actuels. Il faut savoir qu’EDF travaille déjà sur l’EPR du futur avec un réacteur encore amélioré et optimisé au niveau des coûts, un gage de stabilité conforté par la connexion au réseau de l’EPR chinois de Taishan et ceux à venir de Flamanville et d’Hinkley point en Angleterre. Ces EPR sont un bol d’air pour la technologie française en général et la filière nucléaire en particulier.
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En visite sur le World nuclear exhibition, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a plaidé pour un « équilibre » entre les énergies renouvelables et le nucléaire, en soulignant que ce dernier resterait « essentiel à long terme » pour la France. Les déclarations du ministre sont-elles selon vous un signal fort ?
C’est plutôt une bonne nouvelle pour notre industrie. J’estime que le nucléaire est un complément efficace dans notre mix énergétique qui doit aussi donner sa place aux énergies renouvelables, qui sont, au passage, hors de prix. Il est préférable, à mes yeux, d’avoir un mix énergétique avec du nucléaire décarboné plutôt qu’avec du charbon.
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S’assurer de la pérennité des équipements est une entreprise prioritaire dans un domaine aussi réglementé et stratégique que celui de l’énergie….
En effet. Les centrales nucléaires, mais aussi, de plus en plus, les parcs de production d’énergies renouvelables, doivent ainsi faire l’objet d’un suivi toujours plus strict, et d’opérations de maintenance régulières. Pour accompagner cet enjeu, les métiers de l’ingénierie se sont adaptés, et le maintien en condition opérationnelle représente aujourd’hui une part importante de l’activité d’Alten dans le secteur de l’énergie.
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