Le 9 août 2019, une gigantesque panne d’électricité a semé le trouble Outre-Manche. Après New-York, la capitale britannique s’est retrouvée plongée dans le noir. Alors que certains accusent le développement des énergies renouvelables intermittentes, cet épisode souligne au moins l’importance d’avoir un mix électrique diversifié en ces temps de Brexit…
La Grande-Bretagne dans le vert… avant d’être dans le noir
Le 9 août 2019, en Grande-Bretagne, une gigantesque panne de courant s’est produite. Ce jour-là, le National Grid (qui gère le réseau électrique britannique) expliquait : « nous avons connu un événement inattendu et inhabituel (…) la perte de deux générateurs connectés au système de transmission britannique (…) [ayant pour conséquence] une chute de fréquence du système électrique« .
Non seulement un million de personnes ont été touchées, mais les infrastructures des transports et des hôpitaux publics ont aussi subi la panne. Et parallèlement, pour la première fois de son histoire, la Grande-Bretagne pouvait se targuer d’avoir un mix électrique composé aux deux tiers d’énergies renouvelables (éolien et solaire notamment). C’est pourquoi, certains estiment que cet incident est lié aux énergies renouvelables intermittentes.
Augmenter la part des ENR sans diminuer la fiabilité du réseau électrique
Selon, Didier Holleaux, directeur général adjoint d’ENGIE : « Nulle énergie ne suffit à satisfaire tous les besoins au meilleur coût avec le moins de CO2 possible« . Ainsi pour produire une énergie bas carbone, il faudrait miser sur la complémentarité des différents moyens de production.
En effet, si la diversification d’un mix électrique renforce la fiabilité de la production, elle est aussi un atout pour faire baisser les émissions de CO2. En France, le mix électrique bénéficie à la fois d’un parc nucléaire modulable et d’une énergie hydraulique très développée. C’est un atout qui a d’ailleurs été remarqué par nos voisins britanniques. Après largement misé sur l’éolien, notamment offshore, les autorités ont ainsi décidé la construction de plusieurs tranches nucléaires, en optant pour des EPR.
La clé d’un mix électrique bas carbone : le stockage
Seulement, miser sur la diversification des sources électriques ne suffit pas. Pour que la part grandissante des énergies renouvelables soit facilement assimilable par le réseau électrique, il faut également déployer des solutions de stockage. En France, ce besoin s’est notamment matérialisé avec le plan stockage électrique d’EDF.
Parallèlement, le gouvernement a adopté un plan hydrogène. Le stockage par production d’hydrogène, s’il est réalisé avec de l’énergie verte, est un moyen efficace de stocker l’électricité sans émettre de CO2. De son côté, l’Union Européenne encourage à renforcer les interconnexions électriques. Une solution qui pourrait toutefois s’avérer plus difficile à mettre en oeuvre en Angleterre avec le Brexit. Dans une étude de 2018, Carole Mathieu de l’Institut français des relations internationales indiquait : « toute prise de distance avec la législation européenne est de nature à générer de l’incertitude qui pourrait réduire la marche du progrès en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre« .
Aujourd’hui, Edouard Philippe et Emmanuel Macron estiment que la France est prête à affronter un Brexit sans accord. Mais la situation dans l’Ouest français semble donner raison aux travaux de l’Ifri. En effet, sans interconnexion avec le Royaume Uni, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) souligne l’importance de conserver pour l’instant des moyens de production pilotables comme la centrale de Cordemais, au moins en attendant la mise en service de l’EPR de Flamanville.
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