Dans la France de 2019, 24 centrales thermiques sont encore en activité (charbon, fioul et gaz). Selon le bilan électrique 2018, ces unités assurent 14% de la production nationale d’électricité. Alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prépare la sortie du charbon, EDF mise sur la biomasse pour assurer la transition énergétique de ses installations. Mercredi 20 mars 2019, l’Energeek était justement invité à visiter la plus puissante centrale à charbon de France, à Cordemais, en pleine reconversion avec le projet Écocombust…
Du charbon à la biomasse, le réseau électrique s’adapte à la transition énergétique
Malgré un hiver clément, les deux tranches de la centrale de Cordemais étaient mobilisées par RTE au mois de janvier, pour assurer l’équilibre du réseau électrique. Jusque dans les années 1980, la France était très dépendante de ses importations en hydrocarbures pour assurer son approvisionnement électrique. Avec le lancement de son programme électronucléaire, elle est ensuite parvenue à limiter l’impact du pic pétrolier sur sa facture énergétique. Cependant, aujourd’hui encore, elle reste tributaire des énergies fossiles pour répondre à la demande électrique en période de pointe. La centrale de Cordemais, et les centrales thermiques en général, répondent parfaitement à cet objectif, puisqu’elles peuvent démarrer en seulement 30 minutes.
Et dans l’ouest du pays, l’absence de centrale nucléaire renforce la nécessité d’entretenir des moyens de production pilotables. Mais au moment où le gouvernement prépare la sortie du charbon à l’horizon 2022 avec la PPE, l’avenir de la centrale de Cordemais reste lui suspendu aux hypothèses du Réseau de transport d’électricité (RTE). Et pour cause, les besoins en électricité ne seront évidemment pas les mêmes si les interconnexions avec le Royaume-Uni sont opérationnelles, ou si la centrale de Landivisiau (Direct Énergie) est connectée au réseau. Sans attendre la levée de ces incertitudes, EDF a décidé d’anticiper et d’investir afin d’éviter d’éventuels délestages dans les années à venir. En effet, pour maintenir en activité la centrale de Cordemais, tout en respectant les engagements climatiques de l’Accord de Paris, plusieurs millions d’euros ont d’ores et déjà été consacrés au projet Écocombust…
Écocombust : EDF innove avec un nouveau combustible
Le site de Cordemais compte 370 salariés, tandis que plus de 250 salariés d’entreprises prestataires interviennent régulièrement sur la centrale. Tous engagés en faveur de la préservation de l’environnement, ces acteurs de la transition énergétique s’évertuent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de notre mix électrique. D’ailleurs, le 1er avril 2018, le site fermait définitivement sa dernière unité au fioul. C’est également dans cette optique que le groupe a lancé le projet Écocombust dès 2015. Concrètement, l’objectif est de prolonger l’exploitation du site, en remplaçant le charbon par un nouveau combustible composé de biomasse. Actuellement, un prototype de 17 mètres de haut est installé sur le site ; le 1er août 2018 le carburant a été utilisé à 80% pour produire de l’électricité pendant 4 heures.
Alors que des brevets pourraient prochainement être déposés pour protéger ce nouveau combustible, l’exploitant assure que 95% de la ressource nécessaire au fonctionnement de ses installations est accessible dans un rayon de 100 à 150 kilomètres. Pour obtenir ce pellet d’un nouveau type, l’énergéticien a eu l’idée d’utiliser non seulement du ligneux, mais aussi de recycler du bois de classe A ou B, appliquant ainsi les principes de l’économie circulaire. D’après le directeur des centrales de Cordemais – Le Havre, Lionel Olivier, sa capacité calorifique est quasiment équivalente à celle du charbon (80%). D’après ses prévisions, l’Unité de Production pourrait donc disposer d’une puissance installée de 1590 MW, tout en présentant un bilan carbone neutre, pour un fonctionnement envisagé de 800 heures par an. Avec cette technologie, les émissions annuelles de CO2, liées à la production d’électricité par les centrales thermiques de cette unité seraient alors 20 à 25 fois inférieures à la situation actuelle. Toutefois, pour que ce projet passe au stade industriel, le directeur de la division thermique d’EDF, Éric Bret, compte désormais sur le soutien des pouvoirs publics…
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