Qualité de l’air dans les transports en commun : que disent les chiffres ?

Qualité de l’air dans les transports en commun : que disent les chiffres ?

À Paris, on teste actuellement des solutions pour améliorer la qualité de l’air dans les transports en commun. Début juin, trois systèmes ont été installés dans des stations de métro et de RER. D’autres innovations seront déployées, à titre expérimental, d’ici la fin d’année 2019. Le but : faire descendre le taux de pollution de l’air pour ne plus dépasser le seuil d’alerte, surveillé par Airparif. Le 11 juin 2019, l’association a justement lancé une plateforme sur laquelle les Franciliens peuvent se renseigner sur le niveau de pollution auquel ils sont exposés dans leurs trajets quotidiens. Le 16 juin 2019, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, n’a pourtant pas mentionné ces initiatives pour lutter contre la pollution dans la capitale…

Le problème de la qualité de l’air dans les transports en commun n’est pas nouveau. En 1997, la RATP a initié le réseau Squales (Surveillance de la Qualité de l’Air et de l’Environnement Souterrain). Le réseau est constitué de quelques stations de métro sur lesquelles la qualité de l’air est régulièrement mesurée. Depuis 2006, la station Auber de la ligne A du RER a été intégrée au réseau Squales pour fournir une image plus complète de la qualité de l’air dans le réseau des transports de la capitale.

Le seuil d’alerte régulièrement dépassé dans les transports en commun

Le réseau Squales enregistre la température, l’humidité, ainsi que les taux de particules fines, de dioxydes de carbone et d’oxydes d’azote. Comme l’indique Air Liquide, “les particules fines PM2,5 et PM10 sont des particules d’un diamètre inférieur à 2,5 microns et à 10 microns“. Tous ces polluants de l’air ont un effet direct sur la santé et sur l’environnement. Et les relevés effectués ne laissent pas de place au doute : l’air sous-terrain est plus pollué que l’air dans les rues de Paris.

Le 5 septembre 2018, la RATP a enregistré un pic de pollution aux particules fines sur le quai de la station de RER Auber. Il était cinq heures de l’après-midi, et la quantité de particules fines mesurée s’élevait à 271 µg/m³. Or, le code de l’environnement fixe le seuil d’alerte à 80 µg/m³. Plus intéressant encore : à la même heure, Airparif a mesuré le taux de particules fines dans l’air sur la place de l’Opéra, au-dessus de la station. Il était de “seulement” 44 µg/m³.

Pourquoi une mauvaise qualité de l’air dans le métro ?

Comment se fait-il que l’air dans le métro soit plus pollué que l’air dans les rues de Paris, avec la densité de circulation que connait la capitale ? La RATP dispose déjà de plusieurs éléments d’explication. Les particules fines proviennent pour l’essentiel des systèmes de freinage des lignes de métro et de RER. Le frottement des freins cause un déplacement de matières polluantes dans l’air. Les bouches d’aération du réseau sont également en cause. Elles sont situées sur les trottoirs, et captent l’air de la rue à hauteur des pots d’échappement, ce qui injecte un air de mauvaise qualité à l’intérieur des stations.

Des innovations pour améliorer la qualité de l’air

En 2018, la région Île-de-France a annoncé qu’elle débloquait 1 million d’euros pour tester des solutions afin d’améliorer la qualité de l’air dans les transports en commun. Ce budget servira à financer les expérimentations d’Air Liquide, Suez, Tallano, Sicat et Satrklab. Leurs projets ont été retenus par la région et la RATP à la suite d’un appel à projets conjoint.

La première phase de tests a commencé le 29 mai 2019. Air Liquide a déployé six machines de filtrage sur les quais de la station Foche du RER C. Chacune des machines filtre l’air par ionisation positive, mais avec des technologies différentes. Le but est de les comparer, pour déterminer la plus efficace. Les machines sont munies d’un système de ventilation pour aspirer l’air. A l’intérieur de la machine, l’air passe dans un champ électrostatique qui charge les particules positivement. Elles sont alors attirées par une paroi, qui les retient prisonnière. L’air assaini est ensuite rejeté par la machine.

La même semaine, l’entreprise Suez a lancé son propre test. Avec la RATP et Ile-de-France Mobilités, l’entreprise va mesurer la qualité de l’air sur les quais de la station Alexandre Dumas, sur la ligne 2 du métro. La machine de filtrage déployée utilise aussi une technologie basée sur l’ionisation positive. Mais Ip’Air de Suez n’est qu’une des solutions retenues par Valérie Pécresse dans le cadre de l’appel à projets “Innovons pour l’air de nos stations“, lancé par la région Île-de-France en 2018.

Résultats connus en décembre 2019

Toutes les machines de test déployées sont accompagnées par trois capteurs indépendants : un pour Airparif, un pour le réseau Squales et un pour l’entreprise qui réalise le test. Les tests ont commencé mais d’après Le Parisien, on constaterait déjà “des taux de particules fines 30 fois plus élevés que dans la rue“. Pour se faire une idée plus précise, Airparif a justement lancé une plateforme le 11 juin 2019. Cette initiative a notamment été saluée par l’Organisation des nations unies (ONU).

Interrogée au sujet de la qualité de l’air à Paris, lors du grand rendez-vous du 16juin 2019, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé semblait ignorer les initiatives en cours. Ce qui reste vrai néanmoins, c’est que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte souvent sur le dépassement des seuils de pollution dans les grandes agglomérations. Le réseau C 40 Cities, dont la Maire de Paris, Anne Hidalgo, assure actuellement la présidence, alerte d’ailleurs régulièrement sur le sujet !

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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