Baisse historique de la production d'électricité à partir du charbon

Baisse historique (mais insuffisante) de la production d’électricité à partir du charbon

Une étude publiée par Carbon Brief, ce lundi 25 novembre, révèle que la production mondiale d’électricité à partir du charbon a baissé de 3% en 2019. Une baisse historique et encourageante, mais insuffisante : l’AIE estime que 6% annuels sont nécessaires pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C. Et la politique chinoise en matière de charbon n’incite pas à un franc optimisme.

Le charbon, un des principaux contributeurs aux émissions de CO2

Cette année est-elle celle du reflux pour les centrales électriques au charbon ? Jamais la production d’électricité à partir du charbon n’avait connu une telle baisse qu’au cours de l’année 2019. Une étude de l’institut Carbon Brief, rendue publique ce lundi 25 novembre 2019, révèle une baisse historique de 3%.

Malgré l’impact désastreux de ces centrales sur le climat, leur production demeurait globalement en forte hausse. Entre 1988 et 2018, elle a été multipliée par 2,5 au niveau mondial. Ces centrales étaient responsables de la moitié des hausses d’émissions de CO2 en 2018. Elles représentent, encore aujourd’hui, 30% des émissions de CO2 mondiales.

Mais, en 2019, les politiques publiques inspirées de l’Accord de Paris semblent commencer à porter leurs fruits. En Europe, où une majorité d’Etats ont déjà programmé leur sortie du charbon, la production électrique à basse de charbon a baissé de 19%. Aux Etats-Unis, malgré la sortie de l’Accord de Paris, de nombreux Etats et sociétés se détournent du charbon, désormais moins rentable que les renouvelables ou le nucléaire : les fermetures de centrales ont provoqué une baisse de 14% de l’électricité ainsi produite.

En Inde, la baisse est encore plus significative, puisqu’elle atteint 19%. Des chiffres à tempérer par la récession globale de l’économie indienne, qui a provoqué une baisse globale de la production électrique de 13,2%. Pour autant, grâce à des renouvelables en hausse de 12%, le mix électrique indien est globalement moins carboné qu’en 2018.

L’épine du charbon chinois dans le pied de la transition énergétique

Reste le cas de la Chine. L’année 2019 a été particulière puisque la croissance économique a été faible, et la demande en électricité n’a crû que de 3% (contre 6,7% en 2018). Les nouvelles sources renouvelables et nucléaires ont donc réussi à combler presque intégralement cette hausse. Pour autant, la Chine a de vastes projets de construction de nouvelles centrales au charbon. Les groupes charbonniers chinois font même pression sur le gouvernement pour qu’il augmente, d’ici 2035, de 20 à 40% les capacités maximales de production d’électricité à partir du charbon du pays, fixées pour l’heure à 1 100 GW.

De nombreuses centrales chinoises sont par ailleurs encore jeunes, et elles ont été financées sur la base d’une utilisation de 50 ou 60 ans. C’est en cela qu’il faut relativiser la bonne nouvelle de cette étude, comme le souligne Lauri Myllyvirta, qui l’a écrite : « L’ère de la croissance rapide des centrales à charbon est terminée. La question maintenant est de savoir si on arrive à faire baisser leur utilisation, ou si on stagne autour de ce niveau ».

Par ailleurs, cette baisse n’est, de toute façon, pas suffisante. L’AIE estime ainsi que, pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, la production électrique à partir du charbon doit baisser de 6% par an dans le monde. Le rythme devrait donc doubler l’année prochaine, et aucun indicateur ne va actuellement dans ce sens.

Comme le rappelle le journaliste James Dyke, à la publication de l’étude : « Quelques bonnes nouvelles de Carbon Brief aujourd’hui sur le déclin significatif de l’utilisation du charbon. Mais rappelez-vous que ce qui importe pour le climat, c’est le total des émissions. Qui ne montrent aucun signe de ralentissement. Nous avons encore énormément de travail pour éviter le dérèglement climatique ».

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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