Charbon : la Chine joue-t-elle vraiment le jeu de la transition énergétique ? - L'EnerGeek

Charbon : la Chine joue-t-elle vraiment le jeu de la transition énergétique ?

charbon_chine_centrale

Consommation de charbon en baisse, renforcement des objectifs de réduction des émissions de CO2, déclarations encourageantes du gouvernement en faveur du climat, de nombreux signes positifs nous sont venus de Chine ces derniers mois, laissant espérer un regain de mobilisation à la suite du retrait américain de l’Accord de Paris. Pourtant, si Pékin veut apparaître comme un pilier de la lutte contre le changement climatique et s’engage peu à peu sur la voie de la transition énergétique, le gouvernement chinois est encore impliqué dans de trop nombreux projets de production au charbon, et laisse planer le doute sur ces véritables intentions.

La Chine, un pilier du combat climatique ?

Plus gros consommateur de charbon au monde avec plusieurs milliards de tonnes consommées chaque année, la Chine semblent malgré tout changer de stratégie et prendre davantage en compte les enjeux environnementaux liés à la production énergétique. Le régime chinois chercherait même à apparaître comme un pilier de l’accord de 2015 (un résultat “chèrement gagné” qu’il s’est engagé à appliquer) à la suite du retrait américain.

Lire aussi : Accord de Paris : Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis

La Chine a en effet clamé, aux côtés de l’Union européenne, sa volonté de porter haut et fort les termes de cet accord inédit pour la planète, et cela malgré l’abandon d’un de ses architectes centraux. A la veille de sa venue à Bruxelles, en juin 2017, le Premier ministre chinois Li Kequiang avait assuré que son pays allait “continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l’Accord de Paris”, ajoutant quelques heures avant le coup de tonnerre venu de Washington qu’il préférait le faire “avec la coopération des autres”. “L‘Europe et ses solides partenaires dans le monde entier sont prêts à montrer la voie“, avait quant à lui promis, quelques minutes après l’annonce américaine, le commissaire européen à l’Action pour le climat, Miguel Arias Canete.

Des engagements prometteurs en faveur du climat

Pékin entend donc combler le vide laissé par les Etats-Unis et saisir ainsi une nouvelle chance d’accroître son influence politique dans des pays qui comptent de plus en plus sur l’argent chinois pour se développer. Le premier pollueur au monde s’est engagé pour cela à réduire sa dépendance au pétrole et au charbon (les autorités chinoises souhaiteraient diminuer de 800 millions de tonnes ses capacités annuelles de production de charbon d’ici 2020), et à augmenter ses investissements en énergies vertes à l’étranger.

Lire aussi : En Chine, Pékin fait le choix du gaz naturel pour sa production d’électricité

La Chine est devenue en l’espace de quelques années seulement le premier investisseur dans les énergies renouvelables, avec plus de 100 milliards de dollars l’an dernier, et les premiers résultats de sa nouvelle politique énergétique nationale sont assez prometteurs. Malgré une hausse globale de 1,4% de sa consommation d’énergie en 2016, la Chine a enregistré dans le même temps une baisse de 4,7% de sa consommation de charbon pour la troisième année consécutive, et la ville de Pékin, fortement touchée par le smog, a annoncé en début d’année la fermeture de sa dernière centrale à charbon encore en activité pour s’alimenter exclusivement en gaz naturel. Selon un rapport des ONG CoalSwarm, Greenpeace et Sierra Club publié en mars dernier, le développement de projets de centrales à charbon en Chine aurait même connu un net ralentissement en 2016, avec une baisse de 48% du nombre de projets en phase de pré-construction, de 62% des démarrages de nouveaux projets et de 85% du nombre de nouveaux permis délivrés en Chine.

Des centaines de centrales au charbon en construction dans le monde

Pour autant, ces signes positifs et encourageants pour le climat cachent une réalité tout autre, et ses premiers résultats restent encore anecdotiques compte tenu de l’état de dépendance de l’économie chinoise au charbon. La Chine demeure en effet le premier consommateur mondial de charbon, et celui-ci reste un élément moteur de son économie, fournissant notamment plus de 60% de son électricité. “Des craintes persistent aujourd’hui sur l’éventualité d’un rebond de la demande en charbon si la Chine continue à stimuler son économie par des investissements dans les infrastructures”, explique l’organisation environnementale China Dialogue basée à Londres.

Lire aussi : Le charbon reste une énergie incontournable en Asie selon l’AIE

Pire encore, selon le rapport CoalExit publié jeudi 29 juin 2017, par l’organisation environnementale allemande Urgewald, plusieurs centaines de centrales au charbon seraient en cours de construction ou en projet dans le monde sous l’impulsion des seules entreprises chinoises. L’ONG allemande, qui veut ici relativiser l’engagement de Pékin dans le combat climatique, affirme par exemple que “250 entreprises chinoises sont liées à près de la moitié des 1.600 projets de centrales au charbon dont la construction est lancée ou prévue à l’échelle mondiale”. Or, “si l’ensemble des 1.600 projets mondiaux identifiés sont menés à bien, ils généreront 840.000 mégawatts de capacité supplémentaires“, poursuit l’ONG.

25 pays qui développent l’industrie du charbon @CoalExit.org

Se basant sur les informations publiques de ces entreprises et sur les chiffres de l’institut américain spécialisé CoalSwarm, Urgewald dénonce notamment les groupes publics China Datang Corporation, China Huaneng Group, ou encore SPIC dans le cadre de projets prévus en Chine mais également dans plusieurs autres pays, comme le Pakistan, le Malawi, l’Egypte ou encore la Jamaïque. “Si le gouvernement chinois veut véritablement se positionner comme le leader mondial sur le climat, il doit freiner ses entreprises étatiques qui inondent le monde de nouvelles centrales au charbon”, estime Trusha Reddy, coordinatrice à l’ONG sud-africaine Earthlife Africa, citée dans le rapport d’Urgewald.

Crédits photo : Byrev

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
jeu 1 Fév 2024
Avec un investissement de plus de six milliards de dollars, le Qatar s'apprête à exploiter son plus grand champ pétrolier, Al-Shaheen.       Pétrole : le Qatar investit toujours plus QatarEnergy, la compagnie nationale du Qatar, injecte plus de six…
jeu 24 Nov 2022
La réunion des ministres de l’Energie de l’Union Européenne, à Bruxelles, jeudi 24 novembre 2022, n’a pas atteint son objectif. Une prochaine rencontre est fixée au 13 décembre :celle de la dernière chance ? Probable. Il n’y aura pas d’entente…
mer 14 Fév 2024
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) vient de publier, mardi 13 février 2024, le prix repère du gaz pour le mois de mars 2024.   Prix du gaz : la tendance à la baisse du marché de gros se…
lun 16 Nov 2020
Encouragé par les nouvelles réglementations environnementales, le secteur de la construction opère une transition progressive vers des procédés plus durables, et donc moins dépendants des énergies fossiles. En France comme en Europe, l’heure est désormais au bâtiment bas carbone. Comme…

COMMENTAIRES

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.