Si la Chine est toujours le plus gros consommateur de charbon au monde avec plusieurs milliards de tonnes consommées chaque année, les autorités semblent désormais changer de stratégie et mieux prendre en compte les enjeux environnementaux liés à la production énergétique. Symbole d’un pays asphyxié, la capitale Pékin a pris depuis 2013 des mesures drastiques pour enfin sortir du nuage de pollution qui la recouvre régulièrement. Elle vient notamment de fermer la dernière centrale au charbon encore en activité dans l’agglomération et s’alimente désormais uniquement en gaz naturel pour sa production d’électricité.
Pollution atmosphérique et plans quinquennaux de transition
Premier pollueur au niveau mondial, la Chine est confrontée aujourd’hui à des taux de pollution de l’air devenus intolérables pour les populations. Les taux de bronchites chroniques, de cancers du poumon et de maladies cardiaques sont plus élevés que la moyenne dans les grandes agglomérations chinoises qui s’inquiètent logiquement de la qualité de l’air. A Pékin par exemple, le niveau de particules fines à pm2,5, c’est-à-dire d’un diamètre de 2,5 microns, oscillait la semaine dernière entre 200 et 330, soit dix fois plus que le niveau maximal recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
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La capitale chinoise, tristement connue pour son « smog » (sorte de brume de pollution), a pourtant mis en place depuis 2013 différents plans quinquennaux stratégiques visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et à supprimer progressivement ses moyens de production au charbon. Le Bureau municipal de la protection de l’environnement a notamment interdit en 2014 la vente et l’utilisation de charbon dans ses six principaux districts et d’autres régions afin de réduite la consommation de charbon dans la capitale chinoise de 25,4 % en 2012 à 10 % d’ici fin 2017. Les usagers du centre-ville de Pékin sont également invités depuis plusieurs années à privilégier l’usage de l’électricité et du gaz naturel pour leurs besoins énergétiques domestiques comme le chauffage.
Pékin abandonne le charbon pour le gaz naturel
S’inscrivant dans la continuité de la transition engagée, la municipalité a annoncé, en marge d’une déclaration du Premier ministre chinois Li Keqiang promettant « de rendre le ciel bleu aux Chinois », la fermeture de la centrale thermique de Huangneng. Cette annonce est intervenue dans la nuit, peu avant que la ville n’émette dimanche 19 mars une nouvelle alerte bleue à la pollution de l’air, et constitue un nouveau pas déterminant de la capitale vers un système de production moins polluant et plus responsable.
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Dernière installation au charbon encore en activité à Pékin, la centrale de Huangneng assurait le chauffage de 26 millions de mètres carrés de la capitale, en produisant 845.000 kilowatts d’énergie, selon des chiffres du site Consoglobe. 1,76 million de tonnes de charbon y était brûlé tous les ans, occasionnant un rejet très important de particules fines dans l’air. Sa fermeture confirme donc le choix des autorités de tourner le dos au charbon et fait de Pékin, la première ville du pays dont l’électricité est intégralement générée par le gaz naturel. La centrale de Huangneng est en effet la quatrième et dernière centrale au charbon de l’agglomération à avoir été remplacée depuis 2013 par une usine fonctionnant au gaz pour un total de 10 millions de tonnes de charbon économisées chaque année.
Une consommation de charbon en baisse à l’échelle nationale
Si toutes les agglomérations chinoises n’ont pas à ce jour entamé de transition si radicale, la Chine a enregistré en 2016 une consommation de charbon en baisse pour la troisième année consécutive, signe des efforts fournis à l’échelle nationale. En effet, malgré une nouvelle hausse de 1,4% de sa consommation totale d’énergie l’année passée, la Chine a vu dans le même temps sa consommation de charbon diminuer une nouvelle fois de 4,7%, sa part dans le mix énergétique s’établissant désormais à 62% (- 2 points sur un an).
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— CoalSwarm (@CoalSwarm) 21 mars 2017
Ces chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS) laissent à penser que le pays aurait enfin dépassé son pic de consommation atteint en 2014 et entamé une phase descendante prometteuse lui permettant de réaliser à terme ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Chine espère notamment réduire de 800 millions de tonnes ses capacités annuelles de production de charbon d’ici 2020, et a pour cela considérablement ralenti le développement des projets de construction de nouvelles centrales à charbon. Selon un nouveau rapport des ONG CoalSwarm, Greenpeace et Sierra Club publié ce mercredi, le nombre de projets en phase de pré-construction en Chine aurait baissé de 48% entre 2015 et 2016, les démarrages de nouveaux projets de 62% et le nombre de nouveaux permis délivrés de 85%.
Crédits photo : ADB
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