Centrale de Richemont : de la déconstruction à la réhabilitation - L'EnerGeek

Centrale de Richemont : de la déconstruction à la réhabilitation

Les deux dernières tranches de la « petite sœur des hauts-fourneaux » ont été démolies le 22 juillet. Retour sur la disparition de la centrale thermique de Richemont (Moselle), dont le site devrait être complètement réhabilité par EDF à l’horizon 2020.

Quelques secondes auront suffi pour abattre ce qu’il restait de l’une des dernières centrales thermiques au gaz de France, dimanche 22 juillet à Richemont. Treize mois après la destruction des trois premières tranches et après plus de 50 années de bons et loyaux services, EDF a fait tomber les deux éléments restants de 45 mètres de haut, 94 mètres de long et 7 500 tonnes, qu’on pouvait encore apercevoir depuis l’autoroute A31 entre Metz et Thionville. À 9h15 précises, plusieurs détonations dites en « semi-foudroyage » ont donc retenti autour du terrain de 52 hectares, qui alimentait jusqu’à 500 000 habitants en électricité.

L’événement, diffusé en direct sur internet, a fait l’objet d’un dispositif de sécurité particulièrement important. La circulation a ainsi été interdite entre 9h05 et 9h25 dans un rayon de 300 mètres autour du site. L’A31 a également été fermée pendant plusieurs minutes pour éviter tout risque de distraction et d’aveuglement des conducteurs par l’accumulation de poussière, tout comme les voies navigables et les pistes cyclables aux alentours. Au moment de l’explosion, le bruit entendu par les curieux rassemblés au point d’observation installé à la mairie voisine de Bousse était similaire à celui d’un « feu d’artifice », et le spectacle comparable à un gigantesque champignon de poussière.

97 % des gravats seront réutilisés

Pour préparer cette opération complexe, EDF avait au préalable désamianté les lieux, lavé les deux structures métalliques pour limiter la formation de poussière, creusé des tranchées pour atténuer les vibrations et affaibli les bases du bâtiment d’un seul côté pour faciliter son effondrement. Pendant le dynamitage, un dispositif d’aspersion d’eau était également activé afin de plaquer les particules au sol. La quasi-totalité des matériaux issus de la déconstruction de la centrale de Richemont constituent une ressource qui sera prochainement réexploitée : les 15 000 tonnes de ferraille seront découpées et fondues pour être transformées en poutrelles métalliques ; les 25 000 tonnes de béton, concassées et réutilisées pour rendre le terrain plus plat ; et les 3 500 tonnes de briques, 100 tonnes de bois, 65 tonnes d’huiles et 16 tonnes de batteries, recyclées. 97 % des gravats seront ainsi réemployés. Car, comme pour la trentaine d’anciennes centrales dont ils gèrent la reconversion, EDF et les pouvoirs publics préparent activement la réhabilitation du site avec pour projet, une fois totalement dépollué et nettoyé, d’y accueillir de nouvelles entreprises ou d’implanter un projet d’installation dernière génération d’ici 2020.

Une page de 70 années d’histoire tournée en 2020

Dans la région, la disparition de la centrale de Richemont, construite à partir de 1950, marque la fin d’une ère : celle de l’industrie sidérurgique, qui employait 500 personnes sur le site et faisait vivre plusieurs milliers de foyers du bassin lorrain jusqu’au début des années 90. Mises en service entre 1954 et 1960, les cinq tranches étaient capables de produire jusqu’à 415 MW d’électricité grâce aux gaz issus des hauts-fourneaux des vallées de l’Orne, de la Fensch et de la Moselle, acheminés par un gazoduc géant. SI les années 60 et 70 ont constitué une période faste avec une production annuelle de 2,5 à 3 TWh, la crise de l’acier a entraîné la fermeture en chaîne de plusieurs hauts fourneaux, réduisant la production de Richemont à 0,7 TWh en 1993. Le 1er janvier 1995, EDF a fait l’acquisition de la centrale et piloté l’arrêt des tranches 1, 2 et 4 la même année. En 2000, seul le gaz de l’usine de Florange était encore valorisé. Les deux premières cheminées ont été abattues en 2007, puis les tranches 3 et 5 ont fermé en 2009. L’année suivante, le gazoduc était démonté, et l’activité cessait définitivement. En 2012, les trois dernières cheminées ont été à leur tour démolies, avant la préparation de l’abattage des tranches en 2017 et 2018.

Seule une ultime étape reste à accomplir : la valorisation du patrimoine. Loin d’être simple en raison des nombreuses précautions nécessaires pour rendre le terrain sain et exploitable, l’opération s’avère prioritaire pour EDF afin d’éviter la formation d’une friche et de redynamiser le territoire en générant de nouveaux emplois dans le respect de l‘environnement. Une fois cet objectif atteint, une page de 70 années d’histoire se tournera définitivement pour la Moselle…

Rédigé par : La Rédaction

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