L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné un avis positif, rendu public le 21 août 2023, pour prolonger de dix ans la durée d’exploitation du réacteur numéro 1 de la centrale de Tricastin (Drôme), une première au-delà de 40 ans pour le parc nucléaire français. Mis en service fin 1980, il fut le premier réacteur français à passer sa quatrième visite décennale, fin 2019.
L’AFP a rendu public ce 21 août 2023 un avis de l’ASN, datant du 10 août 2023, autorisant EDF à prolonger de dix ans la durée d’exploitation du réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin (Drôme). Ce réacteur « est le premier réacteur du parc nucléaire français sur lequel l’ASN prend position à l’issue de son quatrième réexamen périodique, soit après environ 40 années de fonctionnement », précise l’ASN.
En 2021, l’ASN avait validé le principe du prolongement jusqu’à au moins 50 ans de la durée d’exploitation des 32 réacteurs de 900 MW, les premiers mis en service en France (entre 1979 et 1985), en s’appuyant sur « les points communs à tous ces réacteurs », rappelle-t-elle dans cet avis.
Mis en service fin 1980, le réacteur 1 du Tricastin avait été le premier de cette génération à passer sa quatrième visite décennale, fin 2019 – même s’il est loin d’être le premier à avoir été mis en service. Les suivants furent les trois réacteurs 2, 3 et 4 de la centrale de Bugey, la plus ancienne de France (mise en service dès 1979), qui devraient être les prochains à recevoir, en toute logique et sauf mauvaise surprise, leur propre avis de prolongation.
« L’ASN considère que les conclusions du quatrième réexamen périodique du réacteur, les actions prévues par EDF et celles prises en réponse à la décision de l’ASN (…) permettent d’atteindre les objectifs fixés pour ce réexamen périodique », indique l’ASN dans cet avis.
L’avis de l’ASN « indique que le réacteur peut continuer à fonctionner jusqu’à son prochain examen » et donc sa prochaine visite décennale (qui devrait avoir lieu en 2029), a indiqué à l’AFP Yves Guannel, chef du bureau « agressions et réexamens de sûreté » à la direction des centrales nucléaires de l’ASN.
Cette prolongation a été rendue possible par le « grand carénage » d’EDF, un ensemble de travaux lancés en 2014 pour rénover le parc nucléaire français et augmenter le niveau de sûreté des réacteurs, dont le coût est évalué à à environ 66 milliards d’euros.
Le spécialiste du nucléaire Nicolas Mounier explique pourquoi l’avis de prolongation intervient quatre ans après la visite de 2019 (le réacteur est actuellement en fonctionnement depuis 42 ans et demi). « La raison pour laquelle la décision intervient 4 ans après, c’est qu’il y a eu des prescriptions génériques qui ne contenaient pas les prescriptions particulières à ce réacteur. De plus, une enquête publique réalisée avant les prescriptions particulières a été faite », détaille l’analyste.
La raison pour laquelle la décision intervient 4 ans après, c'est qu'il y a eu des prescriptions génériques qui ne contenaient pas les prescriptions particulières à ce réacteur. De plus, une enquête publique réalisée avant les prescriptions particulières a été faites.
— Nicolas Mounier (@nmounier16) August 22, 2023