Dans le cadre des sanctions visant le Niger suite au putsch militaire contre le président élu Mohamed Bazoum, le Nigeria a suspendu, ce 2 août 2023, ses livraisons d’électricité vers son voisin. Cette électricité, envoyée par la société nigériane Mainstrem, assure 70 % de la consommation nationale du Niger.
Ce dimanche 30 juillet 2023, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dirigée par le président nigérian Bola Tinubu, a décidé de sanctionner fermement le Niger, en réaction au putsch militaire qui a renversé son président élu Mohamed Bazoum, la semaine dernière.
La Cédéao a posé au pays un ultimatum d’une semaine pour rétablir la situation constitutionnelle, et a décrété la suspension des transactions financières avec le Niger et le gel de « toutes les transactions de service, incluant les transactions énergétiques ».
Ce 2 août 2023, selon une source proche de la direction de la Société nigérienne d’électricité (Nigelec), « le Nigeria a déconnecté depuis hier (mardi) la ligne haute tension qui transporte l’électricité au Niger ». La capitale du Niger, Niamey, ne serait plus alimentée que par de l’électricité locale.
Cette coupure aura des impacts considérables sur l’activité du Niger et le quotidien de sa population : la Nigelec, en position de monopole sur l’approvisionnement électrique, a tiré, en 2022, 70 % de son électricité de ses achats à la compagnie nigériane Mainstream, issue du barrage de Kainji (ouest du Nigeria).
Le Niger subit de très régulière coupures d’électricité, et cette décision du Nigeria va aggraver cette situation. Le Niger doit mettre en service en 2025 son premier barrage, sur le fleuve Niger, qui devrait lui fournir 629 GWh annuels.
Concernant les conséquences énergétiques du putsch au Niger, de nombreux observateurs s’inquiètent de la part du pays dans l’approvisionnement en uranium naturel de l’Union européenne (et en particulier de la France).
La Commission européenne s’est montrée rassurante, ce 1er août 2023. « Il n’y a pas de risque d’approvisionnement en ce qui concerne l’UE. Les opérateurs de l’UE disposent de stocks suffisants d’uranium naturel pour atténuer tout risque d’approvisionnement à court terme », a indiqué un porte-parole de la Commission. « A moyen et long terme, il existe suffisamment de gisements sur le marché mondial pour couvrir les besoins de l’UE », a-t-il ajouté.
L’uranium devant être enrichi avant toute utilisation dans une centrale, les échanges d’uranium naturel ne s’effectuent pas en flux tendu. Euratom a indiqué que le Niger était en 2022 le second fournisseur d’uranium naturel de l’UE (avec une part de 25,38%) derrière le Kazakhstan.
« La situation au Niger ne présente aucun risque sur la sécurité d’approvisionnement de la France en uranium naturel », a indiqué de son coté Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique. EDF et Orano ont en effet largement diversifiés leurs approvisionnements d’uranium.