Ce 6 novembre 2022, jour d’ouverture de la COP27 en Égypte, le roi du Maroc Mohammed VI a vanté le projet de gazoduc reliant son pays au Nigeria, pour acheminer les immenses réserves de gaz nigérian vers l’Ouest de l’Afrique et l’Union européenne – en particulier face au projet concurrent de traversée du Sahara pour relier le Nigeria et l’Algérie.
Le roi du Maroc plaide pour le gazoduc Nigeria-Maroc
Hasard du calendrier ou ironie volontaire ? C’est le jour de l’ouverture de la 27ème conférence de l’ONU sur le climat, en Égypte, ce 6 novembre 2022, que le roi du Maroc Mohammed VI a prononcé un discours vantant les mérites d’un projet de gazoduc reliant le Nigeria au Maroc, via 13 pays d’Afrique de l’Ouest.
Mi-septembre 2022, un mémorandum d’entente pour la construction de ce gazoduc a été signé à Rabat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui fait suite à un premier accord de principe signé en 2016. Le projet serait mené conjointement par le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie.
Ce gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), long de 6 000 km, permettrait d’acheminer annuellement plus de 5 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel jusqu’au Maroc puis, via la connexion avec le Gazoduc Maghreb Europe (GME), jusqu’au réseau gazier européen. Sur le trajet, il fournirait aussi en gaz les différents États traversés, dont certains particulièrement enclavés comme le Burkina Faso, le Mali ou le Niger.
« Destiné aux générations présentes et futures, le projet oeuvre en faveur de la paix, de l’intégration économique du continent africain et de son développement commun », a affirmé Mohammed VI. « Eu égard à la dimension continentale du Gazoduc Nigeria-Maroc, nous y voyons aussi un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’Europe », complète-t-il.
Un impact climatique au final positif ?
Les concepteurs de ce projet défendent aussi son impact climatique au final vertueux, malgré les apparences : il permettrait en effet d’accélérer l’électrification des 13 États traversés, via la construction de centrales électriques au gaz naturel qui, associées à des centrales renouvelables, pourraient réduire considérablement l’usage des centrales électriques au charbon et au fioul, ainsi que des générateurs individuels au fioul, tous particulièrement polluants.
Faite dans le cadre d’un discours sur le Sahara occidental, vieille pomme de discorde avec le voisin algérien, la déclaration de Mohammed VI est aussi une façon d’affirmer la supériorité du gazoduc Nigeria-Maroc sur le projet concurrent de gazoduc transsaharien (TSGP), mené par l’Algérie.
Long de 4 000 km, ce dernier doit acheminer le gaz nigérian vers l’Europe via le Niger et l’Algérie. Fin juillet 2022, les ministres de l’Energie algérien, nigérian et nigérien ont justement signé un mémorandum d’entente pour le TSGP.
Pour autant, dans un cas comme dans l’autre, et malgré le fort intérêt de plusieurs États européens pour ces infrastructures, aucun calendrier de construction n’a encore été annoncé.
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