Le spécialiste français des câbles électriques Nexans a annoncé, le 19 juillet 2023, qu’il avait remporté un contrat de 1,43 milliards d’euros pour le tronçon Chypre-Grèce de l’interconnexion électrique EuroAsia, qui doit aussi relier Chypre à Israël. Ce projet pharaonique permettra de sortir Chypre de son isolement électrique et d’intégrer Israël au réseau européen.

EuroAsia : une interconnexion électrique stratégique pour relier Chypre à la Grèce et à Israël

Officiellement lancé en octobre 2022, l’interconnecteur EuroAsia, qui doit permettre de relier les réseaux électriques de Chypre, de la Grèce et d’Israël par de gigantesque câbles sous-marins, se veut « le plus grand projet d’interconnexion de l’histoire ».

Il permettra les échanges d’électricité entre Israël et l’Europe et, surtout, sortira Chypre de son isolement électrique, ouvrant la voie à la décarbonation de son électricité. Chypre est en effet le seul pays de l’Union européenne à ne pas être relier au réseau électrique européen. L’interconnexion utilisera un système de transmission sous-marin haute tension en courant continu (HVDC-VSC), pour une puissance maximale de 2 GW.

EuroAsia offrira la possibilité au trois pays de bénéficier de l’électricité de leurs voisins, en cas de pic de demande, ou de leur électricité bas carbone (plutôt qu’une électricité domestique carbonée) en cas de faible demande. Augmenter les interconnexion facilite par ailleurs le développement de la part de renouvelables intermittents dans le mix électrique, les pays limitrophes pouvant aider à équilibrer production et consommation.

Nexans remporte le contrat de la partie Chypre-Grèce d’EuroAsia

Le 19 juillet 2023, le fabricant français de câbles électriques a annoncé avoir remporté le contrat pour construire la partie Chypre-Grèce de l’interconnecteur EuroAsia, la première à être mise en chantier, pour un montant de 1,43 milliards d’euros. Elle devrait être achevée en 2028. La partie entre Chypre et Israël, non encore attribuée, devrait être opérationnelle un an plus tard.

Nexans rappelle l’ampleur du chantier : construire « l’interconnexion la plus longue et la plus profonde jamais installée », avec des câbles de 900 km chacun – fabriqués dans les usines Nexans en Norvège et au Japon -, qui traverseront la mer Méditerranée « par plus de 3.000 mètres de fond ». Selon la Commission européenne, le câble, avec un total de 1 2008 kilomètres sous l’eau, « établira un nouveau record ».

« Il s’agit d’une étape cruciale sur la voie d’une économie décarbonée », a commenté le directeur général de Nexans Christopher Guérin. Ce projet marque pour lui la bascule de la stratégie mondiale de son groupe en matière d’électrification dans « une nouvelle dimension ».

Cette annonce marque aussi une (très) probable hausse du coût total du projet : lors de l’inauguration de l’automne 2022, son budget total avait été estimé à 1,57 milliard d’euros par les autorités chypriotes, à peine plus que le contrat attribué à Nexans. Peu de chances, en effet, que la partie israélienne de l’EuroAsia, même si elle s’avère beaucoup plus courte que celle entre Chypre et la Grèce, soit facturée moins de 140 millions d’euros.