Ce 9 septembre 2022, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a lancé une procédure contre un fournisseur alternatif d’électricité, non nommé (mais il s’agirait, selon Le Parisien, d’Ohm Energie), soupçonné d’avoir revendu sur les marchés de l’électricité nucléaire achetée à bas prix à EDF grâce à l’Arenh.
Fin août 2022, en pleine flambée des prix de l’électricité, la CRE avait appelé les fournisseurs alternatifs « à adopter un comportement responsable », tout en indiquant qu’elle allait accentuer sa surveillance, consciente que cette hausse pouvait attiser la convoitise et pousser à ne pas respecter les règles.
Ce 9 septembre 2022, Le Parisien a indiqué que la CRE s’apprêtait à épingler un de ces fournisseurs alternatifs, qui aurait revendu sur les marchés de gros (donc très cher) de l’électricité nucléaire acheté à bas prix à EDF, grâce au mécanisme de l’Arenh, dont le volume a été augmenté en début d’année, justement pour limiter la hausse des tarifs de l’électricité des clients.
Selon le journal, le fournisseur visé serait Ohm Energie. Le même jour, la CRE, désormais dirigée par l’ancienne ministre Emmanuelle Wargon, a effectivement indiqué qu’une procédure avait été lancée contre un fournisseur alternatif, « pour abus d’Arenh », mais sans nommer la société incriminée.
Cette revente sur les marchés d’une électricité obtenue pour maintenir les tarifs soutenables serait une fraude grave, et un manque manifeste d’éthique et de solidarité, surtout dans un contexte de risques de pénurie cet hiver.
Fort logiquement, Ohm Energie s’est défendu, indiquant d’abord « n’avoir reçu aucune notification de la CRE concernant le lancement d’une procédure à son encontre », puis précisant, selon les mots de son président François Joubert, un ancien ingénieur d’EDF, n’avoir « jamais revendu le moindre kWh de l’Arenh sur les marchés ».
« Ses tarifs après augmentation restent inférieurs ou équivalents à ceux de ses concurrents et (…) elle compte les maintenir tout l’hiver sans augmentation supplémentaire. On essaie de faire porter le chapeau aux alternatifs, alors que les autorités ont une obligation de neutralité (…) La responsabilité de la crise n’est pas à chercher chez les alternatifs mais plus dans une indisponibilité catastrophique du nucléaire », a complété le dirigeant.
Une défense attendue, mais peu convaincante. Le fait qu’Ohm Energie maintienne des tarifs peu élevés ne l’exempte pas d’avoir revendu de l’électricité sur les marchés. Accuser les autorités de manquer de neutralité quand elles se contentent d’enquêter sur une pratique interdite dans le contexte actuel atteint des sommets de mauvaise foi.
Quant à rejeter la faute sur EDF, c’est, encore une fois, tenter de noyer le poisson en mettant sur le même plan les soucis d’un industriel qui ont provoqué en partie la crise actuelle (et qui en paye d’ailleurs un lourd tribut, notamment via la hausse du volume d’Arenh…) et de potentielle décisions illégales de profiteurs de crise.
COMMENTAIRES
Mais l’AREH a été faite pour tricher…. ou est le problème ?
Il fallait faire croire que l’on suscitait uen concurence à EDF alors on a fait l’ARENH pour protéger EDF de la concurrence !
En effet, pour quoi se casser la tête et investir pour produire de l’électricité si on peut se la procurer à bas coût pour la revendre plus cher ?