Face à la nécessité de contrôler l’ensemble du parc nucléaire suite à un problème de corrosion (qui a déjà mis cinq réacteurs à l’arrêt, certains pour toute l’année), EDF vient de revoir à la baisse, ce 8 février 2022, son prévisionnel de production nucléaire pour cette année, pour la seconde fois depuis le 1er janvier.
Face aux arrêts de réacteurs provoqués par un problème de corrosion, EDF baisse encore son prévisionnel de production nucléaire pour 2022
A l’origine, la production électrique nucléaire pour l’année 2022 était estimée par EDF entre 330 à 360 TWh. Face à la vague de fermetures de réacteur pour un problème de corrosion, l’énergéticien a baissé cette prévision, courant janvier 2022, entre 300 à 330 TWh. Ce 8 février 2022, EDF a encore réduit ce prévisionnel, le portant à une fourchette comprise entre 295 et 315 TWh.
Soit, au mieux, la production de 1991 (315 TWh), un seuil qu’EDF avait toujours dépassé depuis cette date. « Nous avons poursuivi les investigations sur les réacteurs », précise EDF, concluant que « cela nous amène à anticiper certains arrêts et à en poursuivre d’autres », sans préciser ni les réacteurs concernés, ni les durées d’arrêt.
Ce problème de corrosion identifié ou soupçonné sur un circuit de sécurité a déjà provoqué la fermeture de 5 réacteurs, Chooz 1 et 2, Civaux 1 et 2, et Penly 1, sur les 56 du parc français – sans compter, bien entendu, les arrêts programmés pour les visites de sécurité ou le grand carénage.
L’étendu du soucis a contraint EDF à réexaminer les contrôles effectués dans le passé sur l’ensemble du parc, une opération qui pourrait déboucher sur des contrôles physiques sur certains réacteurs, et même des réparations. Ces dernières pourraient imposer de mettre à l’arrêt certains réacteurs. Le risque est crédible, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ayant reconnu que ce problème de corrosion était potentiellement « générique ».
Danger sur les prix de l’électricité, sur l’approvisionnement électrique de cet hiver, et sur les annonces de relance de la filière nucléaire
EDF est également en train d’envisager les conséquences de ce soucis sur l’année prochaine : « L’estimation de production nucléaire pour 2023, actuellement de 340-370 TWh, sera ajustée dès que possible », précise le groupe.
Cette baisse de production est problématique à plusieurs niveaux. Elle pourrait tirer les prix de l’électricité en Europe vers le haut, alors qu’ils baissaient régulièrement depuis le pic de décembre 2021.
Le manque de production nucléaire pourrait également mettre en péril l’approvisionnement électrique en France pour cet hiver, malgré le rehaussement de la production des centrales au charbon confirmée ce week-end. Ce 4 février, RTE avait indiqué maintenir sa « vigilance sur la fin de l’hiver », même si « les prévisions météorologiques sur la période sont favorables ».
Cette annonce tombe également mal, dans une semaine décisive pour l’avenir de la filière nucléaire française. EDF devrait confirmer sous peu le rachat de l’activité nucléaire de General Electric (ex-Alsthom) en France, notamment la fabrication des turbines Arabelle, et le président de la République Emmanuel Macron pourrait dévoiler dans la foulée, ce 10 février 2022, la nouvelle feuille de route du nucléaire en France, notamment la construction de plusieurs EPR 2.
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