Quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en France. C’est le sujet de la dernière étude publiée par l’ADEME sur la transition énergétique. Le 30 novembre dernier, l’Agence exposait les grandes lignes de ses travaux. Le 27 janvier dernier, elle a publié le détail des résultats de ses recherches. Il a fallu deux années de travail et une centaine d’experts de l’ADEME pour définir quatre “chemins types”.
D’après l’ADEME, chacun des scénarios permet d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et le rapport le précise d’emblée : ses travaux portent sur une évolution climatique de +2,1°C en 2100. Mais s’ils visent tous la neutralité carbone de la France, ils “empruntent des voies distinctes”. Pour réussir notre transition énergétique, l’ADEME propose donc quatre scénarios qui correspondent aux choix stratégiques qui se posent actuellement. Il faudra donc se mettre d’accord sur des choix de société, notamment en matière de consommation.
La promesse du scénario Génération frugale est claire : une division par deux de la demande énergétique globale. Dans le détail, cela implique que l’usage du pétrole ne soit limité qu’à quelques usages spécifiques “difficilement substituables” selon l’ADEME. L’agence estime que le gaz devra suivre “la même trajectoire de réduction” de la consommation. Et son origine devra être “presque intégralement renouvelable”. Enfin, l’hydrogène sera principalement utilisé comme levier de décarbonation du gaz de réseau.
La particularité de ce scénario ? Il repose principalement sur les changements d’habitudes de consommation. Il envisage une production industrielle contractée et un marché réorienté sur le made in France. Relocalisation de la production, diminution de la demande de produits et de services, généralisation du recyclage…
Il table aussi sur une mobilité en retrait : -26% de kilomètres parcourus par an et par habitant. Une baisse rendue possible par le retrait de la voiture et de l’avion au profit des mobilités durables : la marche, le vélo, le covoiturage en zones rurales…
Pour l’habitat, le scénario de l’ADEME concrétise la transition énergétique par une division par 3 de la consommation électrique des ménages. Et pour donner un coup de pouce à cette baisse, le rapport préconise une réduction de 30% de la surface moyenne des maisons individuelles neuves. Il propose aussi une “réduction drastique du nombre de constructions neuves”, avec dans le même temps une hausse des rénovations énergétiques “d’une ampleur inégalée”.
Faire travailler main dans la main secteur privé et société civile, avec les institutions publiques et les ONG. C’est le projet de transition énergétique que propose l’ADEME dans ce scénario. D’après le rapport des experts, il permettrait d’atteindre un mix énergétique dominé par la biomasse, une électricité essentiellement verte et le recours au gaz décarboné. Le scénario prévoit aussi une panoplie d’usages pour l’hydrogène. Cette redistribution des sources d’énergie devrait permettre de stabiliser la production d’électricité pour assurer la souveraineté énergétique de la France.
Pour ce scénario de transition énergétique, l’ADEME envisage “une évolution progressive mais à un rythme soutenu du système économique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité”. Le rapport précise : “La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise”. Concrètement, le plan repose sur le partage des bâtiments, l’accélération de la rénovation énergétique, mais aussi sur l’accélération de la rénovation du parc de logements existants.
La mobilité doit s’orienter vers plus de proximité. Le rapport envisage une baisse de 17% de kilomètres parcourus par personne (aérien international inclus). Et le scénario exige le développement des biocarburants. Ce plan se veut plus contraignant pour l’industrie. Il vise une baisse de 47% de la consommation énergétique dans l’industrie et le développement du recyclage. Enfin, il évoque la nécessité d’une “planification publique [qui] accompagne et finance une politique industrielle bas carbone”.
Avec ce 3e scénario de transition énergétique, l’ADEME propose de s’en remettre au développement technologique plutôt qu’aux changements d’usages. Dans un tel scénario, la fourniture d’énergie doit notamment répondre à la demande de biens et de services, en particulier les outils numériques très énergivores. Le scénario repose sur une “consommation massive d’hydrogène” pour tous les usages. L’ADEME précise d’ailleurs qui faudra certainement avoir recours aux importations pour couvrir les besoins nationaux. En complément, la biomasse s’impose, en particulier via la méthanisation et l’usage du bois pour la production d’énergie. Et les énergies fossiles ? Elles ne disparaissent pas, mais leur usage est réservé aux transports, et dans une limite de 10%.
Plus concrètement, ce scénario envisage de poursuivre sur les tendances actuelles de consommation. Mais il intègre la décarbonation du mix énergétique tricolore. Une stratégie qui implique l’électrification des véhicules (particuliers et transports en commun), le recours à l’hydrogène pour décarboner l’industrie et une concentration des échanges commerciaux dans la zone Europe.
Pour l’habitat, le scénario recommande un “nouveau cycle de déconstruction/reconstruction haussmannien de logements neufs et performants”. Ils favoriseront une consommation massive de ressources naturelles, pour intégrer par exemple la biomasse.
Le dernier scénario envisagé est, de l’aveu même du rapport de l’ADEME, le plus risqué. En effet, il propose de s’appuyer sur les nouvelles technologies, dont certaines ne sont pas encore matures, pour sauvegarder au maximum les modes de vie actuels. Un équilibre délicat, d’autant que “le foisonnement de biens consomme beaucoup d’énergies et de matières”. Alors comment réussir le pari ?
Le rapport imagine une société française 2050 où l’efficacité énergétique et l’innovation technique priment. Les grandes villes se développent, ainsi que l’artificialisation des sols. On améliore le rendement des équipements grâce à l’apparition de nouvelles technologies très efficaces mais non définies pour l’instant. Ce qui se traduit par une optimisation de l’agriculture et des industries agroalimentaires, mais aussi la généralisation du recours à la biomasse. La clé du succès ? Le numérique, qui joue un rôle prépondérant dans le pilotage de la consommation énergétique, en particulier dans la mobilité durable.
La décarbonation de l’industrie est focalisée sur le captage et le stockage géologique de CO2. Dans le même temps, le recyclage est poussé à son maximum “grâce à des technologies de pointe” encore à définir. Et l’industrie s’engage à baisser sa consommation d’énergie de 19%. Seule ombre au tableau : dans un tel scénario, la demande en énergie reste très élevée.
COMMENTAIRES
Comment dire, la cohérence n’est pas le fort de l’ADEME qui souhaite fabriquer plus en France avec moins d’énergie ou généraliser l’hydrogène comme si il était produit sans énergie. Sans comprendre que les biocarburants ”crament” des milliers d’ha pour mettre de l’essence dans le véhicules thermiques. L’avantage est qu’en proposant tout et n’importe quoi il y aura bien un truc qui va se vérifier. Si comme disait Einstein ”Dieu ne joue pas aux dés” l’ADEME oui
Je souscris totalement… c’est n’importe quoi sauf cohérent.
J’ai l’impression qu’ils livrent un produit à contre coeur, qu’il leur a été arraché ! Que ça n’a rien à voir avec ce qu’ils avaient envie de dire mais qu’ils n’avaient pas le droit de dire. RTE ayant pondu un rapport, lequel ne pouvait pas ne pas avoir de volet 100% renouvealble puisque tous nos voisins ont précisément choisi ce modèle, mais il fallait dire très fort que c’était le plus couteux, le plus risqué, le plus tout ce qui laisser suggerer que le nucléaire était la solution, alors il en fallait un de l’ADEME qui ne dise surtout pas le contraire, quitte à ne rien dire finalement ! Voilà, c’est fait !