Ce 23 septembre 2021, EDF et General Electric (GE) ont officiellement confirmé être en négocations pour un rachat d’une partie de l’activité nucléaire du groupe américain (en particulier les turbines Arabelle qui équipent les centrales françaises) par l’énergéticien français. La cession concernerait les anciens actifs nucléaires d’Alstom, passés sous pavillon américain en 2014.
L’ancienne activité nucléaire d’Alstom va-t-elle revenir dans le giron français ?
L’affaire est aussi sensible que cruciale pour l’avenir industriel et énergétique de la France. Voici plusieurs mois que General Electric (GE) a annoncé sa volonté de revendre ses 80% de parts dans la co-entreprise Geast, qui gère les ex-activités nucléaires d’Alstom, en particulier les turbines Arabelle qui équipent les centrales nucléaires françaises (les 20% restant étant toujours détenus par Alstom).
Geast est le fleuron d’Alstom Energy, racheté en 2014 par GE. A l’époque, ce choix de confier à un industriel américain des actifs stratégiques pour la filière nucléaire française avait été beaucoup critiqué. Aujourd’hui, GE, dans une situation financière précaire, veut absolument revendre Geast. L’Etat français a conservé une action préférentielle (golden share) dans le capital de Geast, qui lui donne un droit de veto sur l’identité du repreneur.
Ce 23 septembre, EDF et GE ont confirmé être en négociations pour un rachat par l’énergéticien français des 80% de Geast détenus par GE. Après avoir récupéré Framatome suite au naufrage d’Areva, EDF pourrait bien prendre le contrôle de la fabrication des turbines Arabelle. La solution semblerait logique si la France veut continuer de s’appuyer sur le nucléaire pour sa transition énergétique.
Mais le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, ne semble pas prêt à prendre une telle décision sans de solides garanties de l’Etat français. EDF fait en effet face à une dette de 40 milliards d’euros, et doit investir massivement dans les années à venir.
EDF prêt à prendre le contrôle des turbines Arabelle détenu par GE, mais uniquement si l’Etat passe commande de nouveaux réacteurs nucléaires
L’échec du projet Hercule résume bien les paradoxes dans lequel est pris l’énergéticien, pilier de la sécurité énergétique française et de son électricité historiquement peu chère, mais faisant face à de vrais soucis de rentabilité (entre autre à cause de l’Arenh, qui force EDF à revendre à prix réduit une partie de son électricité nucléaire à ses concurrents fournisseurs d’électricité).
Dès lors, EDF ne rachètera pas Geast si l’Etat français ne passe pas commande de nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Une décision reportée au-delà de la présidentielle de 2022, et qui sera l’un des sujets les plus stratégiques et polémiques à gérer pour la prochaine mandature.
« Sur le plan énergétique, dans le contexte de hausse des prix, assurer la filière nucléaire pour éviter à la France de dépendre de l’éolien et du gaz est un vrai sujet pour le prochain président de la République », estime notamment le directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières, l’économiste Patrice Geoffron. Les syndicats militent pour le maintien des emplois et des compétences, et sont donc plutôt favorable à un rapprochement avec EDF.
Symboliquement, ce week-end a aussi vu se dérouler deux manifestations à Lyon, à propos de la décision de prolonger de dix ans la centrale nucléaire de Bugey. Plusieurs associations et ONG anti-nucléaires ont ainsi réclamé la fermeture de cette centrale, ce 25 septembre 2021. Ce même jour, l’association Les Voix du Nucléaire tenait à Lyon la 5ème édition de Stand Up For Nuclear, qui vise à informer sur les enjeux et problématiques réels de l’énergie nucléaire, notamment dans l’optique d’une transition énergétique.
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