Ce lundi 9 août 2021, le Giec a publié la première partie de son nouveau rapport sur le changement climatique. Le constat est aussi accablant qu’inquiétant : il pointe l’ampleur des changements en cours et, surtout, se montre beaucoup plus précis sur les risques encourus. Il alerte surtout sur la nécessité absolue de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre dès la prochaine décennie. Une façon de mettre la pression sur le politique, à quelques semaines de la prochaine COP.
Le sixième rapport du Giec pointe l’étendue du changement climatique et de l’avenir sombre qui attend la planète
A trois mois de la COP 26, qui se tiendra début novembre 2021 à Glasgow, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a présenté, ce 9 août 2021, la première partie de son sixième rapport d’évaluation, 7 ans après le cinquième, publié en 2014. C’est sans doute celui dont l’importance est la plus cruciale car il est possible, en cas d’inaction politique, qu’il soit déjà trop tard pour agir à la publication du septième rapport.
Cette première partie se concentre sur les constats (implacables) de la réalité du changement climatique, sur les risques d’événements climatiques extrêmes à court terme, et, surtout, sur la nécessité d’agir rapidement pour éviter le pire.
Le rapport commence par évacuer toute ambigüité : oui, les activités humaines sont à l’origine des changements observés, avec certitude, et notamment de la forte concentration de CO2 dans l’atmosphère, à son plus haut niveau depuis 2 millions d’années. Plus inquiétant : le rythme d’émissions des gaz à effet de serre reste soutenu.
« Nous ajoutons environ 40 milliards de tonnes métriques de pollution au CO2 dans l’atmosphère par an (43 milliards en 2019). C’est une montagne de carbone que nous extrayons de la Terre, brûlons et rejetons. Si nous voulons éviter un changement climatique catastrophique, la priorité absolue doit être de réduire la pollution par le CO2 à zéro le plus tôt possible », expose dans le rapport Pieter Tans, chercheur à l’observatoire de la surveillance mondiale de dioxyde de carbone.
Une lueur d’espoir en cas d’action climatique prompte et mondiale
Le réchauffement climatique continue ainsi d’approcher du seuil fatidique des 1,5 °C par rapport au début de l’ère industrielle : « En 2011-2020, la température à la surface du globe était supérieure de 1,09 °C [avec une marge de 0,95 à 1,20] à celle du début de l’ère industrielle (1850-1900) », expose le rapport. A noter : la température sont plus élevées sur les terres que dans les océans, et augmente même deux fois plus vite dans l’Arctique.
Les conséquences de cette hausse des températures sont malheureusement connues : fonte des glaciers provoquant une hausse du niveau des eaux, évènements climatiques extrêmes, vagues de chaleur meurtrières, pour l’homme, la biodiversité et l’agriculture… « Des événements extrêmes […] qui se produisaient auparavant une fois tous les 100 ans pourraient se produire chaque année d’ici la fin de ce siècle », s’alarme le rapport.
Le Giec présente aussi le détail du plan de bataille pour éviter la catastrophe. Là encore, le ton s’est durci, et le rapport pointe la nécessité d’agir à court terme. « Ce qui est clair dans ce rapport, c’est que sans une réduction immédiate, rapide et à large échelle des émissions de gaz à effet de serre, limiter le réchauffement à 1,5 degré sera hors d’atteinte », résume Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue française et présidente du premier groupe du GIEC depuis 2015.
Le contenu alarmiste du rapport du Giec ne surprend pas Emilie Gaillard, spécialiste du climat. "Cela fait 30 ans que ces signaux alarmistes et alarmants sont donnés", souligne la chercheuse. pic.twitter.com/4DbPcOKxpB
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) August 9, 2021
Donc non seulement l’humanité doit conserver l’objectif de neutralité carbone pour 2050 (de nombreux pays se sont déjà engagé sur cet objectif), mais les émissions doivent impérativement commencer à baisser dès la prochaine décennie. Un rythme d’émissions trop soutenu à court terme pourrait en effet rendre certains phénomènes irréversibles, et lancer le grand emballement. Les politiques actuelles vont malheureusement dans ce sens. Une action rapide, en revanche, pourrait permettre de limiter le réchauffement climatique sous les 1,5°C.
Ce rapport tombe au meilleur moment, pour mettre une pression maximale sur les décideurs politiques, afin que les décisions de la COP 26 relèvent, enfin, les ambitions climatiques des Etats du monde. Le prochain trimestre pourrait bien, de ce point de vue, être décisif pour l’avenir de l’humanité.
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