Les conclusions du World Energy Outlook 2019, rendu public par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ce mercredi 13 novembre 2019, sont les mêmes que les années précédentes. La poursuite des politiques énergétiques actuelles conduirait à une forte hausse des émissions de CO2 au niveau mondial, avec des conséquences climatiques désastreuses. Le document propose également une ligne de conduite volontariste et ambitieuse, confirmant que la transition énergétique est un objectif réaliste.
Les politiques actuelles conduisent à une hausse des émissions de CO2
Tous les ans, le bilan mondial de l’AIE vient tirer le même signal d’alarme sur les politiques énergétiques et la nécessité d’en changer promptement pour éviter une catastrophe climatique. Mais, l’urgence devenant chaque année plus grande, le document a eu, ce 13 novembre 2019, une résonance bien plus forte.
Ce World Energy Outlook 2019 présente une nouvelle fois trois scénarios possibles. Le premier, qui correspond à une poursuite des politiques en place, mène la planète droit dans le mur. Selon l’AIE, la demande en énergie augmenterait alors de 1,3% par an d’ici 2040, sans être suffisamment décarbonée. Ce qui provoquera de fortes tensions mondiales sur les marchés de l’énergie et une hausse spectaculaire des émissions de CO2.
Le second scénario est à peine plus optimiste. Il s’appuie sur les déclarations des différents gouvernements et entreprises, et suppose que ces politiques visées seront suivies, sans plus d’ambition. Dans ce cas, la demande en énergie augmenterait tout de même de 1% d’ici 2040. Cette hausse serait comblée à 50% par une production d’énergie renouvelable (solaire en tête), à 30% par le gaz et à 20% par le charbon et le pétrole (dont la demande se stabiliserait dans les années 2030). Avec à la clé, logiquement, une hausse des émissions de CO2, et donc de « graves conséquences » climatiques.
« Des changements rapides et généralisés dans tout le système énergétique »
Le troisième scénario est celui de la raison. Il permettrait de tenir les objectifs de l’Accord de Paris, et de maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. La bonne nouvelle est qu’il est toujours, dans l’état actuel des technologies et de leurs maturités, réaliste. En revanche, il impose « des changements rapides et généralisés dans tout le système énergétique », selon le rapport.
Si le texte évoque une convergence de plusieurs solutions et sources d’énergie, les grandes lignes de ce scénario vertueux sont limpides, et portées par trois mesures fortes. La première est le développement des sources d’énergie renouvelable, centrales électriques solaires et éoliennes en tête : l’électricité serait, selon ce scénario, la seule énergie dont la demande augmenterait.
La seconde est de limiter les émissions des infrastructures énergétiques récemment mises en service, à commencer par la multitude de centrales au charbon construites en Asie ces dernières années. Soit en les dotant de systèmes de captation de carbone. Soit en les fermant plus vite que prévu.
L’efficacité énergétique en priorité absolue
Mais l’urgence absolue, pour l’AIE, est d’améliorer l’efficacité énergétique, et ainsi faire reculer la demande en énergie au niveau mondial. L’AIE a déjà publié, le 4 novembre 2019, un rapport soulignant que la hausse de cette efficacité énergétique était bien trop faible (1,2% en 2018), et que 3% de hausse annuelle était indispensable pour réussir une indispensable transition énergétique.
Pour tenir ces objectifs, le directeur de l’AIE, Fatih Birol, appelle à la création « d’une grande coalition réunissant les gouvernements, les investisseurs, les entreprises, et toute personne désireuse de lutter contre le changement climatique ».
Réagissant à cette publication, Richard Loyen, délégué général d’ENERPLAN, syndicat des professionnels de l’énergie solaire, a rappelé que l’AIE n’était pas un lobby écologiste. Selon ses mots, l’agence « nous alerte sur les risques du bouleversement climatique et nous invite à accélérer la transition énergétique dans le monde en mobilisant efficacité énergétique, énergies renouvelables, vecteur électrique, hydrogène… ».
L'Agence Internationale de l'Énergie n'est pas une officine verte. Elle nous alerte sur les risques du bouleversement climatique et nous invite à accélérer la transition énergétique dans le monde en mobilisant efficacité, EnR, vecteur ⚡️, H2… https://t.co/3TmT715HIy
— Richard Loyen (@Richard_Loyen) November 13, 2019
Laisser un commentaire