Avec la transition énergétique, les Etats veulent produire de l’électricité propre. Pourtant, le développement des énergies renouvelables s’accompagne parfois d’une baisse de la part du nucléaire, comme en Allemagne. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la stratégie de la première puissance industrielle européenne est dangereuse. Face à l’urgence climatique, elle y voit un risque d’augmentation des émissions de CO2. Dans un rapport publié ce 28 mai 2019, elle sonne l’alarme.
Le nucléaire, un pilier de la transition énergétique
Ces dernières années, le mix électrique évolue avec l’essor des énergies renouvelables. Comme Brice Lalonde, de nombreux gouvernants sont désormais persuadés que « l’électricité est le vecteur idéal pour décarboner notre économie« . Interrogé sur Radio classique le 28 mai 2019, François de Rugy a confirmé son intention de mener la bataille de la qualité de l’air, celle de « l’écologie scientifique« . Pour cela, il a rappelé sa volonté de sortir de la guerre de religion sur le nucléaire. Toutefois, sa position est loin de faire consensus de l’autre côté du Rhin.
Une situation qui inquiète notamment l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans le rapport publié ce mardi 28 mai 2019, les experts de l’OCDE estiment que « le nucléaire est une source d’électricité bas carbone stratégique« . En effet, ils rappellent que « le développement de l’énergie électrique propre doit être trois fois plus rapide qu’il ne l’est aujourd’hui si l’on veut avoir une trajectoire conforme aux objectifs de développement durable« .
En Allemagne, avec l’Energiewende, la sortie envisagée du nucléaire illustre parfaitement ce paradoxe. Aussi, le directeur exécutif de l’agence, Fatih Birol, résume : « si les gouvernements ne modifient pas leurs politiques actuelles, les économies avancées seront en chemin pour perdre les deux tiers de leur flotte nucléaire, risquant une énorme augmentation des émissions de CO2« .
L’allongement de la vie des centrales préconisé
Le nucléaire représente aujourd’hui 10% de l’électricité produite dans le monde. Mais cette part pourrait se réduire dans les prochaines années. Pour éviter cela, l’AIE préconise l’allongement de la durée de vie des centrales, dans la mesure où le coût de cette opération est finalement moins cher que la construction d’une nouvelle unité. Comme le précise Fatih Birol dans une interview au Figaro, « même en prenant en compte les coûts de remise à niveau de la sûreté, l’extension de la durée opérationnelle d’une centrale reste la solution la plus compétitive. Comparé au coût des nouvelles centrales nucléaires, du solaire, de l’éolien, du gaz ou des nouvelles centrales à gaz, rallonger la durée de vie d’une centrale revient moins cher. » Ce conseil vaut surtout pour des pays comme la France et l’Allemagne, où la durée de vie des centrales arrive bientôt à échéance.
En France, le grand carénage lancé par EDF, qui prépare l’allongement de la durée de vie de nos infrastructures, démontrent que le nucléaire « reste en général compétitive par rapport aux autres technologies« . Pour faire simple, « sans investissements dans le nucléaire, il serait beaucoup plus difficile d’atteindre un système énergétique durable » prévient l’organisation internationale. Un message qui est également partagé par le ministre canadien des ressources naturelles, Ammarjeet Sohi, qui organise jusqu’au 29 mai 2019 une rencontre internationale pour l’énergie propre, à Vancouver.
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