Alors que le prix du baril de Brent a dépassé, pour la première fois depuis plus d’un an, les 63 dollars ce mardi 16 février 2021, les grands groupes pétroliers américains sont à la croisée des chemins. Après avoir subi des pertes record en 2020 et face à un nouveau président, plus engagé du coté des renouvelables que des hydrocarbures, ExxonMobil et Chevron peuvent-elles raisonnablement continuer de viser une stratégie 100% fossile ?
Les cours du pétrole au plus haut depuis janvier 2020
Les cours du pétrole continuent leur remontée spectaculaire. Ce mardi 16 février 2021, le baril de Brent a atteint 63,65 $, son plus haut niveau depuis janvier 2020. Cette remontée des cours est certes provoquée par les efforts de l’OPEP+ pour continuer de limiter sa production, ainsi qu’à des perspectives de reprise économique sur fond de vaccination contre le Covid-19.
Mais ce sursaut est également dû à des épiphénomènes, qui ne devraient pas durer dans le temps, comme les frappes de drones yéménites sur des aéroports saoudiens, vendredi 12 février 2021, ou la vague de froid sans précédent, qui « gèle » actuellement toute l’industrie pétrolière du Texas, plus grand État producteur de brut des États-Unis, plus grand producteur mondial de pétrole raffiné.
Cette remontée des cours ne doit pas pour autant masquer une situation extrêmement complexe pour l’industrie pétrolière, en particulier aux Etats-Unis. Au niveau mondial, les cinq « majors » du secteur (BP, Chevron, ExxonMobil, Shell et Total) ont cumulé près de 80 milliards de dollars de pertes en 2020.
La pandémie de Covid-19 explique en grande partie cet effondrement de la rentabilité de ces groupes, avec une demande en chute libre sur la première moitié de l’année. Mais des tendances structurelles fragilisent également l’avenir de cette activité, notamment les efforts vers la transition énergétique.
La stratégie 100% hydrocarbure d’ExxonMobil et Chevron a-t-elle un avenir ?
Le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, a d’ailleurs marqué une franche rupture avec son prédécesseur, Donald Trump, qui s’était fait le champion des hydrocarbures outre-Atlantique, le pétrole étant l’un des fers de lance de sa volonté de grandeur pour l’Amérique. Joe Biden, à l’inverse, a, dès son intronisation, acté le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris et annulé la construction d’oléoduc Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis.
Il a surtout programmé un plan de transition énergétique de très grande ampleur, avec 2 000 milliards de dollars d’investissements sur 10 ans. Face à cette situation, les deux majors pétrolières américaines, ExxonMobil et Chevron, semble avancer à contre-courant.
Là où les trois européennes (Shell, BP, Total) ont engagé, à divers niveaux, une diversification de leurs activités, en investissant dans les énergies renouvelables, avec une volonté affichée d’atteindre la neutralité carbone en 2050, les deux groupes américains conservent une stratégie 100% hydrocarbures, et attendent avec impatience la relance économique pour redynamiser leur production de pétrole. Signe des temps qui sont en train de changer : S&P Global Ratings vient d’abaisser la notation d’ExxonMobil et de Chevron.
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