L’une des premières mesures environnementales de Joe Biden, après son intronisation comme président des Etats-Unis, devrait être d’annuler la construction de l’oléoduc Keystone XL (déjà mis en sommeil par Barack Obama), destiné à acheminer au Texas du pétrole issu des provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan (Canada). De nombreux médias canadiens l’affirment, ces 18 et 19 janvier 2021. De quoi provoquer de vives tensions avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau.
Joe Biden devrait annuler la construction de l’oléoduc Keystone XL
Ce mercredi 20 janvier 2021, Joe Biden va officiellement prendre ses fonctions de président des Etats-Unis. Plus tôt cette semaine, les 18 et 19 janvier 2021, de nombreux médias canadiens ont révélé que le président élu envisage sérieusement de mettre fin au projet d’oléoduc Keystone XL, pour des raisons environnementales.
Ce projet, mené par le groupe canadien TC Energy, vise à acheminer, dès 2023, 800 000 barils de pétrole par jour entre la province canadienne d’Alberta et les raffineries américaines du Golfe du Mexique. Kestone XL a été lancé en 2008 et doté d’un budget de 8 milliards de dollars US (6,6 milliards d’euros). Il a déjà été annulé par Barack Obama, puis relancé par Donald Trump, pour des raisons économiques.
Le Canada dispose des troisièmes réserves mondiales du monde en pétrole, qui est le principal produit d’exportation du pays. Mais ces réserves sont essentiellement situées dans les sables bitumeux de l’Ouest du pays, en particulier en Alberta. L’exploitation du pétrole dans ces sols a un impact environnemental particulièrement fort, ce qui explique en partie l’opposition de l’équipe de Joe Biden à ce projet.
Une annulation de Keystone XL aurait d’importantes conséquences économiques pour le Canada, en particulier sur les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan (centre), déjà touchées par la chute des cours du pétrole.
Des conséquences économiques, écologiques et géopolitiques majeures pour le Canada
Le chef de l’opposition au Canada, le conservateur Erin O’Toole a ainsi estimé que cette annulation risquait de « dévaster des milliers de familles canadiennes déjà durement touchées par la crise économique », et a appelé le premier ministre canadien Justin Trudeau à « communiquer immédiatement avec la nouvelle administration américaine pour empêcher que cela se produise ».
Justin Trudeau entretient d’excellentes relations avec l’équipe de Joe Biden. Mais l’oléoduc Keystone XL pourrait les dégrader, dès le début du mandat du nouveau président. « Ce n’est pas la meilleure façon de commencer une relation. Dans la mesure où le gouvernement canadien a dit qu’il soutiendrait fortement le pipeline Keystone XL, avoir une administration américaine qui laisse entendre qu’il va être abandonné n’aide pas », estime l’analyste Tim Powers.
Jason Kenney, premier ministre de la province d’Alberta, a déclaré que l’annulation de Keystone XL détruirait des emplois des deux côtés de la frontière, affaiblirait les relations entre les deux pays, et rendrait les Etats-Unis plus dépendants de la production de l’OPEP.
En revanche, les partis écologistes canadiens soutiennent l’abandon de ce projet. La cheffe des Verts y voit notamment « la chance d’une vie » pour mener des actions communes avec M. Biden, qui a dit « très clairement que le climat sera au sommet de son agenda ».
L’analyste Michel Morin présente une vision originale de la situation, centrée sur le long terme. Il estime ainsi que l’abandon de ce projet garantirait au Canada de répondre à sa propre demande en pétrole sans avoir besoin de programmer de nouvelles infrastructures ou forer de nouveaux puits de pétrole. Et ce jusqu’en 2035.
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