Au terme d’une élection à suspens, Joe Biden a été déclaré, ce samedi 7 novembre 2020, 46ème président des Etats-Unis. Au niveau énergétique, la politique de Joe Biden devrait trancher avec celle de son prédécesseur, Donald Trump, notamment via un plan climat de 2 000 milliards de dollars, une modernisation des réseaux, un retour dans l’accord de Paris et un soutien fédéral aux renouvelable.
Les Etats-Unis vers un ambitieux plan-climat de 2 000 milliards de dollars sur quatre ans
Certes, il ne s’agit pas du Green New Deal défendu par l’aile gauche du parti démocrate. Mais avec l’élection, ce 7 novembre 2020, de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, aprés une élection marquée jusqu’au bout par une profonde incertitude, les Etats-Unis devraient massivement rénover leur politique énergétique.
Cela ne devrait pas bouleverser du jour au lendemain les mix énergétiques du pays, car le mandat de Donald Trump n’avait pas infléchi les tendances lourdes de l’évolution du secteur énergétique (recours réduit au charbon, augmentation de la part de gaz et de renouvelables). Mais le nouveau président démocrate entend accentuer ce mouvement de fond, plutôt que de le freiner.
Ainsi, Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont promis d’investir 2 000 milliards de dollars sur quatre ans dans un ambition plan climat. Les Etats-Unis devraient revenir dans l’accord de Paris trente jours après l’investiture du nouveau président, le délai minimum prévu par le texte. La nouvelle administration vise un secteur électrique sans émissions dès 2030 et la neutralité carbone à horizon 2050.
Pour autant, malgré l’insistance de la gauche « radicale » américaine, Joe Biden ne va pas tourner le dos à l’industrie du gaz de schiste, bien au contraire. A court terme, cela permettra de continuer de fermer les centrales à charbon sur le territoire américain (leur nombre a baissé de 20% en dix ans), et ainsi limiter les émissions de gaz à effet de serre du pays. A moyen terme, ces centrales au gaz devront laisser leur place à un mix 100% renouvelables, associé à des technologies de pilotage des réseaux et de stockage d’électricité, dans lesquels les Etats-Unis devraient recommencer à investir massivement.
Joe Biden veut soutenir la modernisation des réseaux, les transports en commun et l’électro-mobilité
Plus globalement, le plan climat de Joe Biden prévoit d’investir « dans les infrastructures intelligentes pour reconstruire la nation et pour garantir que nos bâtiments, nos infrastructures d’eau, de transport et d’énergie puissent résister aux impacts du changement climatique ». Le plan prévoit également de financer « 1,5 million de nouveaux logements plus durables et éco-énergétiques ».
C’est d’ailleurs dans ce soutien aux infrastructures et au secteur du transport que la rupture avec l’administration Trump devraient être la plus brutale. Joe Biden et son équipe veulent redonner ses lettres de noblesse aux transports en commun. Le transport ferroviaire inter-Etats devrait profiter d’une modernisation d’un réseau vétuste et de l’ouverture de nouvelles lignes à grande vitesse.
Le secteur automobile n’est pas en reste : le président élu veut réorganiser cette industrie majeure des Etats-Unis vers les voitures hybrides et électriques – un domaine dans lequel les constructeurs américains accusent un retard déjà conséquent avec les firmes européennes et japonaises. L’Etat fédéral devrait programmer notamment l’installation de 500 000 bornes de recharge publiques sur le territoire et instaurer une prime à la conversion.
Reste à savoir la marge de manœuvre dont disposera le nouveau président. Les élections de la semaine passée ont confirmé que le Parlement demeurerait à majorité démocrate. Du coté du Sénat, les élections partielles ont renforcé l’incertitude. En toute logique, le rapport de force devrait s’établir à 50 sénateurs favorables aux Républicains, 48 favorables aux démocrates, et 2 sièges restant à pourvoir durant un second tour, en janvier 2021, en Géorgie. Dans les deux cas, les candidats républicains sont en ballotage favorable.
Si les deux sièges basculent du coté des démocrates, en cas d’égalité, la voix de la vice-présidente, la démocrate Kamala Harris, sera déterminante. Avec un Congrès totalement acquis à sa cause, Joe Biden aura alors les coudées franches pour appliquer son programme. Si un seul de ces deux seconds tours bascule du coté républicain, les blocages seront beaucoup plus nombreux.
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