L’effondrement des cours des hydrocarbures vient de faire sa première victime de poids. L’américain Chesapeake Energy, une des premières entreprises à s’être lancée dans l’extraction du pétrole de schiste, a annoncé, ce lundi 29 juin 2020, sa mise en faillite. Comme un premier coup de semonce pour un secteur miné par les dettes et fragilisé par la crise pétrolière en cours.
Industrie du schiste : pour qui sonne le glas ?
Le glas va-t-il sonner pour le pétrole et le gaz de schiste américains ? Les cours du brut ont en effet connu un effondrement historique durant ce premier semestre 2020. Début mars 2020, au tout début de la crise du Covid-19, les pays de l’OPEP+, Russie en tête, n’étaient pas parvenus à s’entendre pour limiter la production de pétrole.
La pandémie qui a suivi a provoqué un effondrement de la demande. Les producteurs de pétrole ont alors décidé de réduire leur production, mais avec un effet retard. En conséquence, les cours ont plongé, pour descendre, au plus fort de la crise, aux alentours de 20 dollars le baril. Ils sont depuis remonté vers les 40 dollars. Très loin des 70 dollars de début janvier.
Certains analystes estimaient que la manœuvre de la Russie, début mars, visait à affaiblir l’industrie du schiste américain. En effet, cette technique d’extraction du pétrole et du gaz nécessite de lourds investissements, continus, avec de nouveaux forages réguliers, car la durée de vie d’un puits ne dépasse pas les 3 ans, avec une baisse souvent spectaculaire de la production dès la fin de la première année. Pour être rentable, le pétrole de schiste a donc un besoin absolu d’un cours du pétrole élevé.
Chesapeake Energy, plombée par les dettes et l’effondrement des cours, se met en faillite
L’effondrement des cours vient ainsi de faire sa première victime d’importance. Ce lundi 29 juin 2020, Chesapeake Energy, pionnier du pétrole de schiste aux Etats-Unis, s’est mise sous la protection du régime des faillites. L’entreprise, créée en 1989 à Oklahoma City, fait face à une dette colossale de 7 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros). Depuis le début de l’année, le cours de son action a chuté de 95%.
Début 2016, durant la précédente crise pétrolière, l’entreprise avait déjà failli succomber, plombée par une dette de 9,8 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros). La relance des cours avait sauvé l’entreprise de la faillite.
Mais cette année, la reprise des prix du pétrole est trop timide. Chesapeake Energy n’a donc pas eu d’autre choix que de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis, afin de pouvoir négocier avec ses créanciers. Le PDG de Chesapeake, Doug Lawler, a ainsi obtenu qu’une partie de ces créanciers souscrivent une émission de 600 millions de dollars de titres de dette, « en plus d’assurer le financement de nos opérations en cours et faciliter notre sortie de ce processus » de faillite.
Reste que cette première mise en faillite d’un géant des hydrocarbures pourrait être le point de départ de l’effondrement de l’industrie du schiste aux Etats-Unis et au Canada. L’ensemble de la dette du secteur se monte à 86 milliards de dollars à échéance 2020-2024. Dans le contexte actuel, des heures sombres attendent probablement cette industrie : le journaliste Sylveste Huet estime ainsi que « les faillites vont tomber ».
#pétrole Les entreprises du pétrole de shiste aux USA sont juchées sur une montagne de dette (86 milliards de dollars à rembourser en 4 ans. Et les faillites vont tomber, comme pour Chesapeake Energy https://t.co/3eoThUeohI
— Huet Sylvestre (@HuetSylvestre) June 29, 2020
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