Ce vendredi 6 mars 2020, lors de la réunion de crise de l’OPEP+, la Russie et l’Arabie Saoudite n’ont pas réussi à s’entendre sur une réduction de la production de pétrole. En conséquence, ce lundi 9 mars, les cours se sont effondré de 25%, à 33,90 dollars le baril de brent, proche du niveau plancher de 2016. Un effet direct d’un jeu géopolitique entre Arabie Saoudite, Russie et Etats-Unis.
OPEP+ : fin de l’alliance Russie-Arabie Saoudite pour maintenir les cours du pétrole
Le vendredi 6 mars 2020 restera comme une date-clé dans l’histoire de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Réunis à Vienne, à l’initiative de l’Arabie Saoudite, en présence de la Russie (OPEP+), les pays pétroliers devaient trouver une réponse à la baisse des cours du pétrole provoquée par le coronavirus et ses effets sur l’économie mondiale. La Chine, avec 14 millions de baril par jour, représente en effet 14% de la demande mondiale de pétrole.
Depuis 2016, et le dernier effondrement des prix du baril de brut, l’Arabie Saoudite et la Russie s’étaient entendues pour limiter leur production pétrolière, afin de maintenir un niveau correct de prix. Ryad souhaitait négocier une nouvelle réduction de production, pour faire face à la crise, de 1 millions de barils par jour pour l’Arabie Saoudite, de 500 000 barils par jour pour la Russie. Le ministre russe de l’énergie, Alexander Novak, a refusé. L’alliance Russie-Arabie Saoudite a vécu.
Dès lors, Ryad décide de changer de stratégie, et annonce une augmentation de sa production. Les effets sont immédiats. Le prix du baril chute de 10% le jour-même. Mais ce n’était qu’un avant-goût de l’effondrement de ce lundi 9 mars 2020. Le prix du baril de brent de la mer du Nord a notamment baissé de 25%, à 33,90 dollars (30 euros) sur les bourses asiatiques. Contre 50 euros début mars, et 70 euros début janvier.
Les économistes estiment d’ailleurs que le prix historiquement bas de 2016 (30 dollars) pourrait être prochainement atteint. Dans le sillage du pétrole, les bourses asiatiques et européennes ont également plongé.
La manœuvre russe vise directement les Etats-Unis
Cette réunion a mis à jour une nouvelle donne géopolitique autour de la question énergétique. La stratégie de la Russie semble être de faire baisser les cours du pétrole pour que les gisements de schiste américains ne soient plus rentables – une réponse directe aux sanctions américaines contre le gazoduc Nord Stream 2.
« Le Kremlin a décidé de sacrifier l’alliance OPEP + pour arrêter les producteurs américains de pétrole de schiste et pour punir les Etats-Unis qui souhaitent sanctionner le gazoduc Nord Stream 2. Poutine mise sur la fragilité financière des pétroliers américains. Le pétrole de schiste demande en permanence de réinvestir des capitaux – il faut forer beaucoup plus souvent que dans le conventionnel – et les entreprises sont sous forte pression financière », détaille la spécialiste de géopolitique Alexandra Allio De Corato.
Historiquement, le cartel de l’OPEP, mené par l’Arabie saoudite, menait le jeu au niveau mondial. Mais depuis 2015, l’échiquier mondial de l’or noir a été transformé, avec le pétrole de schiste aux Etats-Unis, et en particulier dans la région texane du Bassin Permien
— Alexandra Allio De Corato (@Allio_De_Corato) March 9, 2020
Elle prévoit par ailleurs des conséquences dramatiques pour les pays dont l’économie repose sur leur production de pétrole et qui ne disposent pas d’importantes réserves de liquidités, comme l’Algérie, l’Irak, le Nigéria, le Venezuela ou l’Iran.
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