Alors que la construction de nouveaux réacteurs EPR est envisagée, EDF entame la deuxième étape de son plan Excell. Ce 15 octobre 2020, Jean Bernard Lévy a présenté 25 nouveaux engagements pour être au rendez-vous des grands projets énergétiques de demain.
Le nucléaire représente aujourd’hui la troisième filière industrielle française, soit 220 000 emplois, et bénéficiera à ce titre du plan France Relance, à hauteur de 472 millions d’euros. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) soulignait récemment que cette technologie était indispensable à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Le champion de l’électricité décarboné entend faire valoir son expertise en la matière, alors que le gouvernement français attend de la part d’EDF, dès 2021, un dossier complet pour étudier l’opportunité de lancer la construction de 6 nouveaux EPR. Dans ce contexte, l’électricien a mis sur pied le plan Excell afin de renforcer la compétitivité de la filière et de dé-risquer les projets, notamment en sécurisant les coûts et les délais des chantiers.
Le plan Excell entre dans sa seconde phase
Dans le but de piloter cet ambitieux programme, Alain Tranzer a été nommé Délégué Général à la Qualité Industrielle et aux Compétences Nucléaires en avril dernier. Ce plan élaboré par 146 contributeurs opérationnels, associe l’ensemble des acteurs de la filière regroupés au sein du GIFEN. Il se structure par ailleurs autour de 5 axes de travail : gouvernance, compétence, fabrication, supply chain et standardisation, pour répondre aux demandes de Bercy contenues dans le rapport de Jean-Martin Folz. Après une première phase de diagnostic débutée en décembre 2019, l’énergéticien entame donc aujourd’hui sa deuxième phase : l’exécution, qui devra déboucher mi-2021 sur la remise de l’offre EPR2. Alain Tranzer a souligné que des transformations ont déjà été initiées, ce qui a entre autres permis au réacteur de Dampierre 3 de battre le record vitesse pour un arrêt de tranche (ASR), et au chantier d’Hinkley Point de diviser par 2 le nombre de reprises par rapport à l’EPR de Flamanville au même stade.
Renforcement des compétences
Les objectifs du plan Excell sont encore beaucoup plus ambitieux. Une fois son exécution totalement achevée, EDF estime qu’il sera en mesure de « diviser par 10 a minima les reprises études et fabrications de la première paire d’EPR2 » par rapport à Flamanville 3. Pour répondre à ses nouvelles exigences, le groupe souhaite organiser la montée en compétences de la filière. Alors que l’entreprise a déjà réalisé plus de 21 000 embauches au cours des 3 dernières années, participant ainsi à l’Engagement de Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC) de la filière électrique, elle souhaite parallèlement renforcer le knowledge management en capitalisant sur les compétences de ses agents, notamment ceux qui occupent des métiers en tension : des ingénieurs, tels que les concepteurs en CAO ou les managers de projet, ou encore des ouvriers techniciens tels que les chaudronniers ou les soudeurs.
Renforcement de la sûreté des installations
Avec le plan Excell, EDF veut également déployer des plans « 0 défaut » dans chaque usine de la filière. Pour y parvenir, l’énergéticien va d’une part développer une relation partenariale avec ses fournisseurs, orientée résultats avec des incitations à la surperformance, et d’autres part ouvrir des centres de formation pour les soudeurs, notamment à Cherbourg. Parallèlement, le plan Excell prévoit d’améliorer la qualité et la sûreté des installations en renforçant la standardisation et la réplication. Concrètement, les catalogues produits comporteront moins de références ; par exemple, alors que l’on compte plus de 13000 références pour les robinets de l’EPR de Flamanville, l’EPR nouveau modèle ne devrait en comporter que quelques centaines. On comprend l’intérêt d’une telle démarche lorsqu’on sait qu’actuellement les robinets représentent 40% des reprises sur Flamanville, hors soudures. Autant d’éléments qui permettent au directeur du nouveau nucléaire, Xavier Ursat, d’envisager une baisse des coûts de l’ordre de 30% par rapport aux modèles têtes de série.
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