Le nucléaire est une des solutions pour la croissance des pays émergents

Le nucléaire est une des solutions pour la croissance des pays émergents

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Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le nucléaire est une source d’énergie bas-carbone indispensable pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Pourtant, le nucléaire ne représente qu’une petite part du mix énergétique mondial. Mais les chiffres ne rendent pas bien compte d’une réalité cruciale : désormais, les pays émergents se tournent de plus en plus vers l’atome. Le marché mondial du nucléaire s’est déplacé vers l’Asie, et même vers l’Afrique. Dans ce contexte, la France a présenté le 17 septembre 2019 un Small Modular Reactor (SMR) : le réacteur NUWARD.

Le nucléaire change d’horizon

Au niveau mondial, la cartographie du nucléaire a déjà commencé à basculer. En effet, le Journal du CNRS indiquait en 2015 que “80 % de la production [nucléaire] est le fait de pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)“, avant de préciser, “qu’actuellement, 65 réacteurs représentant une puissance cumulée de 68 GW sont en construction dans le monde, dont les trois quarts dans des pays hors OCDE“. Ainsi, dans son rapport intitulé Les réacteurs nucléaires à travers le monde 2019, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) indique qu’avec 55 réacteurs en construction, l’écrasante majorité des chantiers se situent dans des pays émergents : 11 en Chine, 7 en Inde, 6 en Russie, 5 en Corée du Sud et 4 aux Emirats Arabes Unis.

Et d’autres pays projettent déjà de se doter d’un parc nucléaire dans un avenir proche. Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite  va accélérer son programme nucléaire. Le royaume compte enrichir son propre uranium afin d’exploiter plusieurs réacteurs à l’horizon 2040. De plus en plus de pays se tournent donc vers le nucléaire pour répondre aux besoins des populations, tout en respectant l’Accord de Paris. La Russie qui a récemment rappelé son engagement contre le réchauffement climatique, exporte d’ailleurs ses technologies un peu partout dans le monde. Elle va par exemple construire quatre réacteurs nucléaires d’Egypte. Rosatom prévoit effectivement d’installer des réacteurs de troisième génération VVER 1200 d’ici 2028/2029. Parallèlement, l’entreprise développe aussi ses activités en Inde, en Iran ou encore en Turquie.

Un potentiel gigantesque en Afrique

Sur le continent africain, le potentiel d’une filière nucléaire apparaît considérable, notamment en raison des réserves d’uranium disponibles dans certains pays. Le Niger et la Namibie se trouvent déjà parmi les cinq premiers pays producteurs d’uranium dans le monde, avec le Kazakhstan, le Canada et l’Australie. Une situation paradoxale pour le Niger, où on estime que seulement 20% de la population dispose d’un accès à l’électricité. Finalement, cette situation représente assez bien les enjeux pour l’ensemble du continent : pour l’instant, le potentiel des ressources naturelles n’est pas encore pleinement exploité, faute de capitaux pour investir.

Sur le continent africain, l’Afrique du Sud est le seul pays actuellement doté de réacteurs nucléaires. Plusieurs pays dont le Maroc ou l’Algérie disposent de réacteurs de recherche, mais aucun n’a encore développé de filière nucléaire civile. Et il y a tout juste un an, dix pays d’Afrique ont fait part de leur volonté de se doter de centrales nucléaires. D’après Mikhail Chudakov, le directeur général adjoint de l’AIEA : “l”Afrique a soif d’énergie et l’énergie nucléaire pourrait faire partie de la solution pour un nombre croissant de pays“.

Nuward, une technologie nucléaire adaptée aux pays émergents

Reste à savoir comment cet essor nucléaire va se concrétiser. Jusqu’à présent, les pays émergents qui ont fait le choix d’investir dans le nucléaire ont démontré qu’ils étaient souples en matière de technologie. Ils ne privilégient pas un modèle standard de centrale, mais s’intéressent au contraire à différentes options technologiques.

La Chine et la Russie investissent notamment dans le développement d’un parc nucléaire flottant. Avec l’Akademik Lomonosov, la Russie et les deux réacteurs nucléaires KLT 40C (35MW de puissance) ont pris une longueur d’avance sur leur rival asiatique. En effet, à Pékin, tandis que China General Nuclear travaille sur un réacteur ACPR 50S, d’une puissance de 100 MW, la China Nuclear Corporation prépare un réacteur nucléaire ACP 100S, d’une puissance de 450 MW.

En France aussi, on parie sur les réacteurs SMR. Le 17 septembre 2019, le CEA, EDF, Naval Group et TechnicAtome ont officiellement présenté leur projet de réacteur NUWARD. Ce petit réacteur de 300 à 400 MW vient compléter l’offre française. Comme l’explique Xavier Ursat en charge du nouveau nucléaire chez EDF : “le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est s’intéressent de près à ces SMR, qui offrent un facteur supplémentaire de stabilité du réseau électrique permettant ainsi le déploiement des énergies renouvelables dans le mix électrique et la flexibilité qu’elles peuvent demander“. Pour Xavier Sticker, qui représente la France auprès des Nations unies à Vienne, cette technologie intéresse particulièrement les pays qui se préoccupent de décarboner leur économie.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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