Hasard du calendrier : ce jeudi 14 novembre 2019, trois ONG ont fortement critiqué la finance française pour les limites de son plan de sortie du charbon. Le même jour, la Banque européenne d’investissement (BEI) a confirmé, de son coté, qu’elle cesserait de financer les énergies fossiles dès 2021.
Trois ONG attaquent la finance française sur son plan de sortie du charbon
A deux semaines de l’ouverture de la COP25, en Espagne, la question du financement des énergies fossiles s’invite fortement dans l’actualité. Ce jeudi 14 novembre 2019, trois ONG, Les Amis de la Terre, BankTrack et Unfriend Coal ont adressé un carton jaune à la finance française, via le rapport Sortie du charbon : la finance française en ordre de marche ?.
Le 2 juillet 2019, la place française, par la voix de son association professionnelle Paris Europlace, avait en effet pris l’engagement de présenter mi-2020 un calendrier de sortie du charbon. Ce plan, s’il est respecté, pourrait provoquer « un puissant effet d’entraînement au niveau mondial » selon les trois ONG.
Mais le rapport pointe le caractère non contraignant de ce plan, le fait que, pour certaines banques et assurances, les engagements pris soient insuffisants pour garantir un réchauffement climatique sous les 1,5°C, et des failles dans les processus d’évaluation de ces différents engagements.
Or, plusieurs grands groupes présentent une politique actuelle trop éloignée de ces engagements, au premier chef BNP Paribas, pointé par les ONG comme « le plus gros financeur français des entreprises » développant de nouvelles centrales à charbon, « avec pas moins de 2,2 milliards (d’euros) de financements accordés à ces entreprises rien qu’en 2019 ».
Exclure les 417 entreprises qui développent des nouveaux projets charbon
Le rapport critique aussi fortement AXA, qui continue d’assurer des entreprises développant des projets de charbon. La Société Générale et Natixis sont également rappelées à l’ordre. Même le Crédit Agricole, pourtant publiquement salué par les Amis de la Terre fin juillet 2019 pour sa politique sur le charbon, est appelé à préciser sa stratégie.
[#Climat] L'ONG Les Amis de la Terre salue les engagements pris par le #CréditAgricole concernant le secteur du #charbon https://t.co/Dq9cOytxcm pic.twitter.com/HfDYdCfdOq
— Florian Filet (@FiletFlorian) July 31, 2019
Dès lors, les 3 ONG concernées réclament à la finance française des engagements beaucoup plus forts. Le plus emblématique étant d’annoncer « l‘exclusion immédiate des 417 entreprises qui développent de nouveaux projets charbon et une stratégie permettant au plus tard une sortie du charbon d’ici 2030 dans les pays de l’UE et de l’OCDE et d’ici 2040 ailleurs ».
Pour se défendre, la finance française a mis en avant ses efforts sur la transition énergétique, avec notamment 36 milliards d’euros de financements aux énergies renouvelables en 2019, et 15 milliards d’obligations vertes émises au premier semestre, soit le plus fort total mondial.
La BEI abandonne les énergies fossiles, pour devenir la « Banque du climat »
Le même jour, ce jeudi 14 novembre 2019, la Banque européenne d’investissement officialisait, pour sa part, qu’elle allait cesser de financer les projets d’énergies fossiles dès 2021. Cet engagement est en discussion depuis septembre 2019, mais a été enfin validé par le conseil d’administration de la BEI (qui inclue des représentants de tous les pays de l’Union Européenne).
« Nous allons arrêter de financer les énergies fossiles et nous allons lancer la plus ambitieuse stratégie d’investissements pour le climat de toutes les institutions financières publiques dans le monde« , a ainsi déclaré le président de la BEI Werner Hoyer.
« Cette décision confirme que l’UE se dote de moyens financiers à la hauteur de ses ambitions climatiques et doit créer une dynamique au niveau mondial« , s’est félicité le ministre français de l’économie Bruno Le Maire. Il a salué cette décision « historique », en rappelant que le président français Emmanuel Macron soutient depuis le début cette transformation de la BEI en une « Banque du climat ».
Bruno Le Maire conclue en affirmant que la France était « prête à augmenter sa participation au capital pour servir cette ambition« . Cette décision de la BEI a été, logiquement, saluée par la majeure partie des ONG environnementales, dont les Amis de la Terre.
Fin de règne pour le mythe du gaz comme énergie de transition en Europe ! ✊ Le bras armé financier de l'UE va mettre fin à ses soutiens aux énergies fossiles d'ici fin 2021. #FossilFreeEIB https://t.co/t8T279zAK8
— Les Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) November 14, 2019
Colin Roche, de Friends of the Earth, a déclaré : « La décision d’aujourd’hui est une victoire importante pour le mouvement climatique. Enfin, la plus grande banque publique du monde s’est pliée à la pression du public et a reconnu que le financement de tous les combustibles fossiles doit cesser« .
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