Avec les récentes tensions autour du pétrole, la question de l’indépendance énergétique française se pose avec une acuité nouvelle. Aujourd’hui, l’Hexagone produit encore près des trois quarts de son électricité grâce au nucléaire, une technologie propre qui contribue aussi à réduire le déficit commercial français. Explications…
Quel impact ont les hydrocarbures sur la balance commerciale ?
Selon le bilan électrique annuel de RTE pour 2018, la production d’électricité en France métropolitaine a atteint 548,6 TWh. Le nucléaire domine largement avec près de 72 % de la production, suivi de l’hydraulique (12,5 %), de l’éolien (5,1 %), et du photovoltaïque (1,8 %) en ce qui concerne les énergies bas carbone. Le gaz, le charbon et le fioul ne représentent à eux trois que 7,2 % de l’électricité produite en France. Seulement, les hydrocarbures représentent une part bien plus importante du mix énergétique tricolore. En effet, ils sont également très utilisés dans le secteur du transport, du bâtiment ou de l’agriculture.
Aussi, les années se suivent et se ressemblent pour la balance commerciale française. Déficitaire, elle atteste que la France reste dépendante du pétrole et du gaz, tandis que le Haut conseil pour le climat alerte parallèlement sur l’importance des émissions importées. De son côté, la commission européenne classe la France au 9ème rang des pays dépendants de ses importations de pétrole.
Et même si nous restons exportateurs nets d’électricité, le déficit énergétique commercial français est passé de 39,3 milliards d’euros en 2017 à 46 milliards d’euros en 2018. Avec la transition énergétique, l’objectif est justement de se défaire de cette dépendance aux hydrocarbures. Pour cela, la France dispose de nombreux atouts, et notamment son parc électronucléaire.
Le nucléaire, un champion des exportations
En 2018, la France a effectivement vendu 86,3 TWh de son électricité. À raison de 50 euros le MW, cela représente une manne financière appréciable au moment où nos voisins allemands font face à des difficultés pour mener à bien leur transition énergétique sans nucléaire. Qui plus est, comme le souligne la députée Yolaine de Courson à l’occasion d’une rencontre avec Jean-Baptiste Lemoyne à l’entreprise Valinox Nucléaire, le nucléaire contribue au dynamisme de notre industrie. Selon elle, « les entreprises de Bourgogne Franche Comté disposent d’un réel savoir-faire, très recherché à l’export« .
La France vend une partie de sa production et exporte son savoir-faire en matière nucléaire. Un nombre croissant de pays accède au nucléaire civil et la France se classe parmi les premiers exportateurs aux côtés de la Russie et de la Chine. La construction et la mise en service du premier EPR à Taishan (Chine), l’a récemment confirmé. Ainsi, la filière industrielle française comprend 2 500 entreprises et 220 000 emplois salariés souvent très qualifiés. Si la plupart de ces emplois ne sont pas tournés vers les exportations, ils sont autant de postes créés en France au service de l’économie nationale.
L’annonce de la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim en juin 2020 représente un coup dur de ce point de vue. Pour le député de la circonscription, Raphaël Schellenberger, « le nucléaire est une chance pour la France (…) il représente à la fois un avantage compétitif et un avantage écologique« . Aussi, pour tenter de profiter du retour d’expérience de la fermeture de la centrale, qu’il qualifie néanmoins de « gâchis industriel« , il demande à Richard Ferrand et Barbara Pompili la création d’une commission parlementaire de suivi. À cette condition, il estime possible de créer « une filière européenne de la déconstruction du nucléaire » qui permettrait de faire aussi de la France le champion du démantèlement.
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