Ce mercredi 3 juillet 2019, Total amorce un nouveau virage pour la transition énergétique. En effet, avec le démarrage de la bioraffinerie de La Mède, le groupe pétrolier mise plus que jamais sur les biocarburants. Si l’entreprise française s’engage à respecter les critères de l’Union Européenne, sa réussite dépend aussi des accords de libre-échange signés avec les principaux pays producteurs, souvent proches de l’équateur terrestre…
Après le pic pétrolier, les biocarburants ?
Au service des pétroliers américains, Marion King Hubbert avait alerté dès la fin du XIXème siècle contre l’épuisement des hydrocarbures. Pourtant, aujourd’hui encore, certains remettent en cause cette théorie. Et avec l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux Etat-Unis, les prévisions des experts doivent effectivement être actualisées.
Néanmoins, Matthieu Auzanneau rappelle dans son livre Or Noir, la grande histoire du pétrole, que les ressources en hydrocarbures ne sont pas intarissables. De son côté, Maxence Cordiez s’interroge sur la construction des grandes infrastructures chinoises, et notamment sur l’aéroport Daxing de Pékin. Ensemble, Matthieu Auzanneau et Maxence Cordiez estiment que « sortir des énergies fossiles est une nécessité vitale ».
En 2019, le mix énergétique mondial est d’ailleurs composé à plus de 80% par des énergies fossiles, non renouvelables. Toutefois, le premier groupe pétrolier français, Total, se tourne désormais vers les biocarburants. Avec un an de retard, la bioraffinerie de La Mède est effectivement entrée en service ce mercredi 3 juillet 2019. Le site qui dispose d’une capacité de production de 500 000 tonnes par an d’HVO (Hydrotreated Vegetable Oil), permettra notamment de produire du biodiesel et du biojet, un carburant pour l’aviation…
Bioraffinerie : la question du libre-échange au cœur de la future politique énergétique ?
Alors qu’Emmanuel Macron souhaite élargir la gouvernance internationale, à l’occasion du G7 et que Jean-Yves Le Drian veut mettre la question environnementale au centre des réflexions, l’enjeu des biocarburants est emblématique. En effet, comme le rappelait récemment la Plateforme Européenne de Technologie et d’Innovation en Bioénergie : « le secteur des biocarburants a le potentiel pour mettre en place la transition énergétique afin d’atteindre dans la prochaine décennie les objectifs pour le climat. Les biocarburants doivent jouer un rôle important dans la décarbonisation des transports européens ».
Au demeurant, pour produire ce nouveau carburant la bioraffinerie aura besoin de matières premières (colza, huile de palme…) souvent situées dans les zones tropicales (Brésil, Côte d’Ivoire, Kenya, Indonésie…). Or, au moment où de plus en plus de voix s’élèvent contre les accords de libre-échange, à l’instar de Nicolas Hulot, l’approvisionnement reste une question sensible. C’est pourquoi, Total se montre rassurant : « Les biocarburants seront fabriqués à partir d’huiles végétales et de déchets. 100 % des huiles seront certifiées durables selon les critères de l’Union Européenne et Total a mis en place un dispositif de contrôle renforcé de la durabilité ».
Et si la réglementation européenne devrait évoluer en 2020, la nouvelle commission, qui sera sans doute dirigée par Ursula von der Leyen, va suivre attentivement ce dossier. Une seule certitude pour le moment, François de Rugy et Pascal Canfin veilleront à ce que les pays exportateurs respectent l’Accord de Paris.
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