L’Insee analyse les prix de l'électricité : une politique énergétique dispendieuse ?

L’Insee analyse les prix de l’électricité : une politique énergétique dispendieuse ?

La prochaine augmentation des prix de l’électricité fait beaucoup réagir. Alors que Jean-Pierre Elkabbach évoquait le 26 avril 2019 une hausse de 7,4% face à François de Rugy, le ministre a indiqué qu’une révision de la méthode de calcul serait proposée en 2020. En attendant, les gilets jaunes redoutent que ce produit de première nécessité devienne inabordable… Vigilant sur l’évolution des prix de l’électricité, l’Institut nationale de la statistique et des études économiques (Insee) a publié, le 4 avril 2019, une étude retraçant cette évolution en France depuis les années 1960. Dans ce document, on apprend ainsi qu’ils demeurent inférieurs de 20 % à la moyenne européenne…

L’électricité va augmenter 

Lorsque l’on demande aux Français leur sentiment sur l’évolution des prix de l’électricité, la réponse est invariablement la même : ils augmentent. Et en effet, la facture énergétique des ménages augmente, comme en atteste le développement du phénomène de précarité énergétique. À cet égard, la hausse de 5,9 % attendue le 1er juin prochain est redoutée par les ménages les plus modestes, malgré la revalorisation du chèque énergie.

Néanmoins, comme le signale la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les tarifs de l’électricité sont calculés selon “la méthode par empilement“, comme le prévoit l’article L.337-6 du code de l’énergie. Ainsi, les tarifs réglementés sont fixés suivant “une construction par empilement du prix de l’ARENH, du complément à la fourniture d’électricité qui inclut la garantie de capacité, des coûts d’acheminement de l’électricité et des coûts de commercialisation, ainsi que d’une rémunération normale“. C’est pourquoi, le médiateur de l’énergie, Jean Gaubert, explique : “aussi inacceptable soit-il pour de nombreux ménages, la CRE ne pouvait pas faire autrement !

Une électricité toujours plus chère ? 

Mais revenons un peu en arrière. Avec le travail de la division Synthèses des biens et services de l’Insee, il apparaît que les prix de l’électricité connaissent des phases différentes entre hausse soutenue et stagnation. Lorsque l’Insee commence à s’intéresser au prix de l’électricité dans les années 1960, le contexte est très différent. La France connaît les 30 Glorieuses, les biens de consommation (gourmands en énergie) commencent à envahir les maisons et l’énergie reste peu chère car essentiellement basée sur des cours du pétrole alors très attractifs. Les prix augmentent de manière mesurée et bien plus faiblement que la consommation d’électricité des ménages. Entre 1960 et 1973, cette dernière augmente de 11,7 % par an.

L’année 1973 constitue un changement d’époque avec le premier choc pétrolier. Les prix s’envolent, deviennent plus volatiles, mais le porte-monnaie des Français va être finalement épargné grâce à la mise en route de nombreuses centrales nucléaires. L’électricité ne varie plus en fonction des imprévisibles cours du pétrole, et l’évolution haussière du prix nominal de l’électricité est extrêmement raisonnable puisqu’elle est de 2,6 % entre 1986 et 2007. Il est à noter qu’en 1986, les prix ont même baissé, conséquence d’un contre-choc. Ainsi, si sur le long terme, les prix ont eu tendance à augmenter, la hausse a été mesurée alors qu’une nouvelle France de l’énergie voyait le jour grâce au nucléaire…

Un changement de modèle énergétique dispendieux ?

Pour les auteurs, Antonin Briand et Sébastien Oparowski, 2007 marque donc un tournant dans l’évolution des prix de l’électricité. Le Grenelle de l’Environnement de Nicolas Hulot débouche sur peu de choses dans le domaine de l’énergie, si ce n’est la promesse d’une taxe climat-énergie dont le montant serait compensé par une baisse du coût du travail. Et le résultat est sans appel, en l’espace de dix ans, les différentes taxes qui composent la facture d’électricité ont explosé. A elle seule, la Contribution au service public de l’électricité (CSPE) a été multipliée par 7 entre 2009 et 2016. Au point que le coût de production d’un kilowattheure ne représente plus que 25% de la facture.

L’Insee résume ainsi : “la part des taxes et prélèvements dans le prix total de l’électricité en France atteint 35 % en 2016, contre 26 % en 2010“. Toutefois, de ce point de vue, la France est désormais dans la norme européenne : 36% de taxes sur la facture d’électricité. En revanche, la France fait beaucoup mieux si l’on regarde le prix de l’électricité ! En effet, l’électricité consommée en France reste environ 20 % moins chère que la moyenne européenne. Une situation qui permet à Nicolas Goldberg de conclure : “le prix de l’électricité payé par les consommateurs ne portent que sur les actifs amortis“…

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Et si on commençait par supprimer l’ARENH, un poids non négligeable, fruit, un de plus des idioties (mais celle là, c’est sans doute le pompon) de la très libérale UE, créé pour détruire les services publics à la Française. Si les Français en connaissait tous les détails, je pense que Bruxelles serait sans doute pris d’assaut. Aujourd’hui nous sommes civilisés, nous allons le faire par les urnes. Souhaitons que cela ne se termine pas comme en 1938 ! Mais à terme, ça fait tres peur !

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  • @choppin
    Quel rapport entre l’ARENH et l’U..E. ? Et savez-vous ce qu’est l’ARENH pour le vilipender ainsi ? Pourquoi aussi agiter ces fantasmes de peur ?

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