Les tarifs de l’électricité constituent l’une des épines qui gène la bonne marche de l’exécutif. En réponse à la crise des gilets jaunes, le Premier ministre avait finalement annoncé en décembre un gel des tarifs du gaz et de l’électricité pour la période hivernale. Une décision non sans risque et qui n’a pas manqué de faire réagir la Commission de régulation de l’énergie. Le 12 février 2019, le gendarme du secteur de l’énergie a confirmé sa proposition d’augmenter de 5,9 % les prix de l’électricité. Un rattrapage qui devrait avoir lieu au printemps voire à l’été prochain, en tout cas « aussi tôt que possible »…
La CRE veut sa hausse de 5,9 %
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) ne lâche pas le gouvernement sur la question sensible des tarifs de l’électricité. Le 29 janvier 2019, la CRE recommandait une augmentation des tarifs de 5,9 % à compter du 1er juin. Une recommandation qui a été renouvelée le 12 février et qui force le gouvernement à se prononcer sur cet avis dans un délai de trois mois. Il ne s’agit en rien d’une surprise dans la mesure où la décision d’augmenter les tarifs est liée à la hausse des prix sur le marché de gros. Pas de tremblement de terre, mais une position difficile pour un gouvernement qui semble souhaiter retarder l’échéance le plus longtemps possible.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire a réagi à l’annonce de la CRE via un communiqué. À l’hôtel de Roquelaure, on déclare que « le gouvernement prend acte de la décision de la CRE », mais que « comme la loi l’y autorise, n’appliquera pas ces hausses tarifaires tant que la période de chauffe hivernale ne sera pas terminée, afin de protéger les foyers français, notamment les plus modestes ». Le message est limpide : la hausse de 5,9 % attendra le plus longtemps possible.
Un jeu de calendrier qui peut cacher une seconde hausse
Le gouvernement rappelle aussi au passage que « la France reste l’un des pays où la hausse est la plus contenue et où l’électricité demeure la moins chère ». Pourtant, cette stratégie a des limites que l’exécutif s’impose à lui-même. En effet, s’il est tenu par la loi de respecter in fine les recommandations de la CRE, il peut jouer sur le niveau de plusieurs taxes afin d’effacer la hausse des tarifs et de ne pas faire payer plus cher le consommateur. Seulement, cette option n’est que difficilement envisageable par un gouvernement aux marges budgétaires déjà extrêmement réduites.
La hausse de 5,9 % devrait donc bien avoir lieu. Reste à savoir si elle interviendra au printemps ou au début de l’été. Le calendrier le plus lointain pourrait être privilégié, car les mesures impopulaires sont toujours moins visibles l’été. Une hausse qui arrivera plus ou moins rapidement et qui pourrait même être suivie d’une seconde très rapprochée. En effet, dans sa délibération, la CRE explique qu’elle calculera « l’écart entre les coûts supportés par les fournisseurs et les tarifs réglementés en vigueur entre le 1er janvier 2019 et la date d’application des tarifs proposés, afin d’intégrer une composante additionnelle visant à rattraper le retard en masse occasionné par ce décalage temporel » pourra être calculé. Autrement dit, le temps gagné par le gouvernement a un coût pour les fournisseurs, lequel sera peut-être supporté par le consommateur.
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