Les hausses du prix de l’électricité ne passent jamais inaperçues auprès des consommateurs. La prochaine augmentation, qui devrait prendre effet début juin, est ainsi sous le feu des critiques depuis son annonce par le gouvernement français. D’autant que celle-ci intervient en pleine crise des Gilets jaunes. Pourtant, si le prix de l’électricité française est en passe d’augmenter de 5,9%, celle-ci reste l’une des moins chères d’Europe…
Un gel des tarifs réglementés très momentané
En réponse à la grogne sociale, le gouvernement d’Edouard Philippe avait décidé, en décembre 2018, de geler les tarifs réglementés de l’électricité. Une décision jugée, à l’époque, nécessaire, mais qui devrait prendre fin à l’été 2019. En effet, sous la pression de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), le gouvernement français est dans l’obligation de relever les tarifs réglementés de l’électricité de l’ordre de 5,9 %. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, tente ainsi depuis plusieurs jours de préparer les esprits des foyers français, mais lorsqu’il s’agit d’annoncer une hausse des prix, le courant ne passe plus.
A tel point que l’association de défense des consommateurs CLCV, présidée par Jean-Yves Mano, a promis, mardi 2 avril, d’attaquer la prochaine hausse devant le Conseil d’Etat, si d’aventure elle venait à faire augmenter les prix de l’électricité de plus de 50 % sur la dernière décennie. Les esprits s’échauffent et le CLCV, dans la lignée d’une proposition des Gilets jaunes, milite pour une baisse de la TVA sur l’électricité – de 20 à 10% – afin de rendre la facture des Français moins onéreuse. Une option que ne semble pas vouloir retenir le gouvernement, d’autant que la France est l’un des pays d’Europe où l’électricité est la moins chère.
Une électricité française qui reste peu chère
Malgré les hausses – perçues comme trop fortes et trop nombreuses – l’électricité française est peu chère en comparaison à celle des autres pays européens. Selon Eurostat, le kilowattheure en France est de 0,1754 euro quand la moyenne européenne est de 0,2049 euro. Des pays souvent pris en exemple, comme le Danemark et l’Allemagne, pour la place des énergies renouvelables dans leur mix énergétique, ne font pas figure de modèle dès lors qu’il s’agit du coût de l’électricité. Les citoyens allemands payent ainsi le kilowattheure 0,2950 euro tandis que les Danois doivent débourser pas moins de 0,3126 euro. Le consommateur français s’en sort donc plutôt bien, d’autant qu’il bénéficie d’un réseau extrêmement performant qui fait de plus en plus appel aux énergies renouvelables.
Rares sont les pays comparables à la France dans lesquels le coût de l’électricité est inférieur. Seule la Pologne fait mieux avec un kWh de 0,141 euro. Problème : le mix énergétique polonais repose essentiellement sur le charbon, une énergie peu chère, mais extrêmement polluante. Le réseau français n’a donc pas à rougir de ses performances, et ce même si une hausse est toujours problématique d’un point de vue politique et financier pour les ménages les plus modestes. La polémique ne devrait pas s’estomper de si tôt, car si François de Rugy rappelle que le gouvernement est quelque peu contraint par la CRE, l’Autorité de la concurrence a de son côté déconseillé « d’augmenter les tarifs réglementés de vente sans clarifier au préalable les objectifs qu’ils doivent poursuivre ». De quoi donner du grain à moudre aux associations qui entendent faire pression contre la hausse des prix de l’électricité.
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